Au temps des Khmers Rouges, souffrir de myopie, risquait de vous envoyer au peloton d'exécution. Porter des lunettes pouvait représenter un grand danger: peut-être parce que c'était le signe d'une déficience physique, ou au contraire parce que ça donnait l'air d'un intellectuel! Aucune logique à cela, mais dans les deux cas, avec ce régime en place, on était dangereux pour la communauté.
Pas de barrière de couleur, de religion ou de culture pour la lâcheté des hommes, juste une jambe de chromosome en moins.
"Le y, c'est un x à qui il manque du courage".
Quand j'ai demandé à Sophie où était Papa, elle a pleuré et je me suis dit que j'avais encore dit une connerie. J'avais oublié qu'il était mort. Ca me sort de la tête ces trucs-là, surtout si c'est important. (p.83)
"Il n'a rien d'autre à faire que twitter, celui-là ? Ah ça, il encourage les jeunes à twitter ! Au moins, pas besoin de capotes pour ça ! Et les pauvres qui ne peuvent pas twitter parce qu'ils n'ont pas d'ordinateur ! Du coup, ils sont désœuvrés ! Du coup, ils couchent sans capotes sur les recommandations du très Saint-Père ! Du coup, ils chopent ou le sida ou un polichinelle dans le tiroir, voire les deux, et ils s'enfoncent encore plus dans la misère ! Mais le pape les bénit en twittant, alors tout va bien ! (p.116)
Du reste de ma vie? Un mauvais roman, une croûte quelconque, un vin médiocre, un fatras de choses entassées et poussiéreuses qu’on appelle existence, sans le moindre espoir, sans la moindre vibration.
Une autre sirène de police lacéra la nuit. C'était peut-être un accident de la route. On en parlerait dans le journal régional le lendemain. Ou, si c'était vraiment grave, dans le national. Plus il y a de sang, plus on monte en grade dans les médias.
Dès que je pense à lui, je vois tout en blanc, je me sens plongée dans de la ouate, je me sens dans un cocon, dans des bulles de savon, je sais qu’il ne me fera jamais de mal.