A vingt-neuf ans, cela fait trois ans que je pratique la non-conformité corporelle avec assiduité. J'aime toujours m'habiller classe, mais bien souvent, mes tenues jouent sur les codes de genre. [...] Je suis évidemment une bestiole féministe poilue, [...] je ne porte pas de maquillage la plupart du temps, mais le rituel des yeux charbonneux me plaît toujours autant quand je décide d'en porter, [...] je suis heureuse en femme; je suis heureuse en "butch" [...] mais, en résumé, je suis heureuse, un point c'est tout.
C'est à nous qu'il incombe de réfléchir aux symboles féminins, de choisir ceux dont nous souhaitons reprendre possession et ceux que nous souhaitons réinventer et saluer, et de décider lesquels nous préférons bazarder dans la benne à ordures du sexisme.
En fin de compte, je pense qu'il est important d'être le genre de femme qui s'aime suffisamment, et qui aime suffisamment les autres femmes, pour exiger d'être traitée à chaque instant comme une égale.
Plus tard dans ma vie, à la lecture des théories féministes, j'apprendrai que je ne suis pas la première à m'interroger sur cette habitude étrange que nous avons, à considérer que le sexe biologique est la différence maîtresse pour classifier les corps humains, alors qu'en regardant l'humanité d'à peine plus près, on constate une variété incroyable parmi les hommes et les femmes.
Se conformer à ce qui est identifié socialement comme "féminin" n'est pas, en soi, une démarche positive. Si les femmes du passé s'étaient évertuées à adhérer aux comportements dits "féminins", alors nous n'aurions ni le droit de voter, ni le droit de faire carrière, ni le droit de posséder des biens immobiliers.
Qu'est-ce que j'étais censée faire, moi, dans tout ça ? Si j'arrêtais de participer aux tâches ménagères, c'est ma mère qui se retrouvait avec la totalité de cette charge de travail. Si je continuais de le faire, j'encourageais ce système inégalitaire.
Aussi triste que ce soit, il faut bien admettre que le fait de sortir des carcans du genre peut amener les personnes à qui profite le patriarcat, autant que celles qui le servent, à vous aimer moins.
Le cadeau de base pour fille est rose, et en rapport aux tâches ménagères ou à la beauté. Le cadeau de base pour garçon est bleu, et en rapport avec les véhicules motorisés ou la violence gratuite.