je me réveille en hurlant. Une large main chaude se pose sur mon front. Je m'en empare, encore embrumée, prise au piège de mon cauchemar. Sans ouvrir les yeux, je murmure en pressant les doigts étranger contre ma joue, le coeur brisé.
Jack, c'est affreux, j'ai encore rêvé que tu mourrais
chut, ma belle, chut.Repose toi
Enfin, deux bras musclés m’enserrent et ses mains m’agrippent, une par la cuisse, une par la nuque et me tirent de toute leur force vers l’air. Je suis littéralement arrachée hors de l’eau et je me retrouve confortablement installée dans les bras d’Adam. Nos peaux glissent l’une contre l’autre délicieusement. Son visage est penché au-dessus du mien et son expression torturée témoigne de son inquiétude.
Je venais d’avoir dix-huit ans lorsque son ex-femme est décédée en lui laissant la direction de l’entreprise qu’elle-même avait héritée de sa famille : une décision douloureuse et inattendue. Et comme maman venait de nous quitter… une nouvelle fois… papa a démissionné de son poste au ministère de la Défense et a bouclé nos bagages.
Puis il redevient mutique, fixe les flammes et ne m’accorde plus la moindre attention. Je ne peux que le regarder, avec sa légère barbe claire qui a encore poussée, ses lèvres pleines que j’aimerais tellement embrasser, son front large sur le relief duquel j’aimerais passer mes doigts.
je dois éviter ça coûte que coûte. J'ai contemplé son visage. Il m' a expliqué à quel point il tenait à son anonymat, même envers moi. Il serait capable de s'éloigner pour longtemps.
Il ricane légèrement et soulève d’un geste bref la visière. Un instant, mon cœur arrête de battre. Dans la très faible lueur de l’unique lampadaire de l’impasse, luisent deux prunelles d’un bleu gris magique. Mon cœur manque un battement. Une réaction épidermique, particulièrement ridicule dans de telles circonstances, me donne chaud.
Un pincement au cœur me force à regarder les choses en face. J'aurais aimé qu'il me coure après, qu'il cherche à me retenir. Qu'il s'excuse même pour son comportement blessant. Noah Wilde, s'excuser ? Non. C'est trop lui demander.
je n'ai pas envie de me lever. Tant que je suis ici, il me semble que je peux conserver intacte l'illusion que tout va bien, que je n'ai pas couché avec cet homme qui met en danger la société de mon père.