Cette brève période d'Auvers-sur-Oise, deux mois entre le 20 mai et le 29 juillet 1890, est comme hantée par sa fin. On s'étonne qu'un homme qui va se suicider quelques semaines plus tard peigne des fleurs en bouquets, des portraits d'enfants tout en rondeurs, des maisons tranquilles, des champs ouverts. On sait que ses paysages vallonnés, couverts de blés et de couleurs, ses bâtisses qui dansent avec leurs droites ondulantes, ont pour arrière-pays, pour envers, un écroulement (Albert Aurier- critique d'art) . On est intrigué, on a envie de comprendre cet écart entre ce que livre la peinture et ce que dit la vie, on voudrait voir ce que ces tableaux d'Auvers montrent vraiment.
(Cette citation me rappelle Romain Gary - Les cerfs-volants, roman écrit très peu de temps avant son suicide. Dans ma lecture, rien ne transparaissait du drame à venir)