Emmanuel Moy

L'HINDU KUSH était la voie par laquelle les esclavagistes passés par l'Afghanistan ramenaient vers le couchant les malheureux fraîchement capturés en Inde, pour les vendre sur les marchés d'Asie centrale. Une proportion incroyable de la marchandise mourrait pendant le voyage, en raison de la rigueur du climat et de la topographie.
HINDU KUSH signifie : "ce qui tue les Hindus".

Pourtant de nos jours :" Le survol de l'Hindu Kush est un spectacle dont on ne se lasse jamais".
Le soleil est aveuglant , mais le chaos de l'Hindu Kush, recouvert de glace du nord au sud , s'est transformé en palais des mille et une nuits. Les vallées se sont faites lacs blancs. Les pics, tours et minarets. Les canyons sont des fleuves sombres qui semblent pourtant scintiller comme le mica. Car les photons peignent sur tout cela une couche éblouissante, mouvante , qui soulignent les rares bruns et floutent l'horizon faisant paraître infini ce petit bout d'Himalaya."

Le présent ouvrage a été écrit par l'un de ces acteurs humanitaires, sans parti pris, plutôt comme le journal de bord d'un observateur attentif, bienveillant et ... lucide. L'action humanitaire n'est pas dénuée de risques, le lecteur le découvrira dans ses pages.
Pays qualifié par Olivier ROY de "pays de l'éternité en guerre"...
D'où des accompagnateurs chevronnés : " Nous sommes partis d'extrémités diamétralement opposées du spectre des opinions. Nous avons parcouru des chemins professionnels sans carrefours communs, jusqu'à l'humanitaire. Et, presque quadras, nous nous retrouvons sur un terrain idéologique commun étonnamment solide."
Si "Les vieux ne mentent plus", les quadras afghans ont l'air vieux. Rien d'étonnant à cela : leur monde à disparu".

Les saisons se passent le bonjour sans chichi, dans ce pays. Nous sommes loin des manifestations de politesse des mois de mars de nos contrées. "Vous reprendrez bien une petite giboulée, M. le Printemps ? - Ne me tentez pas, vous savez bien qu'il faut que je bourgeonne !". Le climat local est à l'image des visages afghans : tout en angle, en brusquerie, taillés à la serpe. Il reflète également l'âme de ce pays : passionnée, sans transition, colérique et belle, douce et violente : MASSOUD n'était-il pas lui aussi un soldat poète ? Ces gens sont décidément à l'image de leur pays : bruts, mortels et splendides.

'C'est un prodigieux terreau de désespoir et de colère qui est en train de naître en Afghanistan. Que feront les jeunes nés dans ces bidonvilles? Quelles perspectives auront-ils? Comment réagiront-ils lorsqu'ils entendront, et cela viendra, de nouveaux prêches passionnés les incitant à la haine et à la lutte armée? Et comment cela s'imbriquera-t-il avec une criminalité née de la position de premier producteur mondial d'opium du pays?'

C'est bien simple, revenir quelque part en Afghanistan, être accueilli par un Afghan, c'est plonger dans un film où vous avez sauvé sa plus jeune fille des griffes d'un proxénète apostat et probablement britannique.