Enfin, il est important de considérer qu'une seule expérience traumatique précoce n'affecte pas durablement et de façon irréversible le développement de la psyché : c'est la répétition, dans la durée, d'expériences continuellement toxiques et traumatiques, vécus dans la solitude, qui produit cette affection, car elle mobilise l'ensemble de l'énergie psychique au services de mécanismes de défense de survie, au détriment du développement de l'appareil psychique. Ce sont ces mécanismes qui finissent pas mutiler le moi.
Freud a également montré que ce qui a été vécu par le sujet à un stade de son développement où le verbe n'est pas encore l'organisateur de la subjectivation des événements, va avoir tendance à s'exprimer sous la forme du langage archaïque qui avait cours à l'époque du vécu de l'expérience.
Autrement dit, le langage de l'infans, un langage du corps et de l'acte.
La recherche actuelle en neurobiologie fournit des éléments très intéressants à propos de l'incidence dommageable des traumatismes relarionnels précoces sur le développement de certaines zones et fonctions cérébrales. (...) la confrontation précoce prolongée à un environnement gravement désacordé produit une atteinte neurologique considérable et durable. Ils étayent leurs hypothèses sur l'analyse d'IRM de cerveaux d'enfants précocement négligés comparés à celle d'enfants non précocement négligés.
Il n'y a pas de possibilités de reprise psychique si l'enfant doit continuer à consacrer toute son énergie à sa survie actuelle, c'est à dire s'il continue à vivre des expériences traumatiques.
Ce livre contient des apports essentiels dans un domaine que peu de cliniciens et de théoriciens explorent, celui de la vie psychique des enfants quI ont subi des négligences et maltraitances pendant les premières années de leur vie.