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Citations de Emmanuelle Han (49)


Souvenez-vous, la force se montre dans la prunelle des yeux, pas dans les muscles !
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Le trou de Madame Dou est un espace unique. J'imagine qu'ils sont tous sur le même modèle. Une seule pièce, on y mange, on y cuisine, on y dort aussi Et c'est autour du kang que tout s'organise. Le kang, c'est le lit. Impossible pour le moment de s'y glisser. Je suis assise sur le bord, à peine posée. De temps en temps, je passe une main sous les multiples couches de couvertures. Au bout de quelques secondes, ça brûle. C'est que sous le lit, très haut, en pierre, il y a un âtre, comme une petite cheminée, où Madame Dou vient de faire du feu. Dans quelques heures, quandje reviendrai me coucher, le feu se sera consumé, il n'y aura plus que de la braise, et cette braise incandescente réchauffera le lit toute la nuit...
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"_Je dois me mettre en marche, en vrai, avec mes jambes, mes bras et tout le reste ! Je dois voyager. Pour de vrai !
_Tu vas retourner en ville ?
_Je dois aller à la Porte/
La Porte ? La Porte est un danger public. Elle fonctionne une fois sur dix, tu le sais. Et les dieux même ignorent où elle mène quand on l'a passée. C'est une idée exécrable."
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"_La terre est la terre. Sans Mal ou avec, c'est notre raison de vivre. Ou nous la trouverons, ou nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver celle-ci. Et nous mourrons avec elle, si elle ne doit pas survivre."
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"C'était peut-être ça, toute la vertu et la raison d'être de l'illusion. Permettre aux innocents de fermer les yeux sereinement."
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C'était tellement anecdotique, désincarné, que pour moi ça n'avait jamais eu d'importance, ni même de véracité, comme un élément de fiction dans une biographie hautement romancée.
_ Xiao Feng.
Bingo.
_ Petit phœnix.
Je sais bien que c'est "mon" nom, mais à l'entendre une fois de plus, je ne me sens du tout concernée.
_ Ton grand-père était un lettré, il n'a pas choisi ton nom au hasard, il a longuement réfléchi, afin d'en trouver un qui soit en accord avec ce que tu es, occidentale est chinoise. Il connaissait très bien l'histoire de ce symbole, originaire de la Grèce antique. La Chine n'a pas inventé le phœnix. Elle l'a adopté. Et adoré.
Lhamo s'est levée et a fait quelques pas vers la fenêtre.
_ Sans doute ton grand-père a-t-il aussi établi un parallèle avec le prénom français qui avait été donné à ton père, le jour de son baptême. René. Re-né.
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La jeune fille déplorait amèrement ce mépris général à l'égard des sagesses ancestrales, mais elle avait bien conscience qu'il était vain de tenter de les prévenir, pour les étoiles ou pour toute autre chose. Cela faisait bien longtemps que plus personne n'écoutait les mises en garde de qui que ce soit. Et puis, qui se protégerait de quelque chose qui n'existait pas ? Il y avait déjà bien assez de dangers, réels, à affronter. Le voyage, les voleurs, les Passeurs, la faim, la soif, la peur et le désespoir.
Ceux qui, superstitieux ou sages, accordaient encore un peu de croyance et de crédit aux légendes des temps anciens étaient forcément des fous ou des écervelés. Seuls comptaient désormais la fuite, le salut, les secousses pénibles du véhicule, les mille kilomètres d'asphalte troué qui filaient vers le nord, depuis le fleuve Niger jusqu'à la frontière du Sahara, jusqu'à la Porte, la poussière et la sueur, l'odeur brûlée du métal.
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Dès le lever du jour, Deben était retourné à la maison bleue. Traverser la cité sainte devenait de plus en plus périlleux. Les habitants avaient décidé de contenir le flot des Affamés en dehors du centre et, pendant la nuit, un peu partout ils avaient érigé des barricades. Jusqu'à présent, les Affamés n'avaient pas tenté de forcer le passage, mais ils s'approchaient inexorablement du barrage, l'air de rien, avec une lenteur épouvantable. Plus d'une fois sur son chemin, Deben vit émerger ces silhouettes terrifiantes du brouillard.

De l'autre côté des barrières, la chasse aux fantômes avait été officiellement ouverte. Des citadins volontaires s'étaient organisés pour faire des rondes. Ils avaient des batons, des fourches, des pierres, parfois même des poêles. Partout dans les ruelles, on ne parlait que des Affamés et du meilleur moyen de s'en débarrasser. Ce qui s'était passé cette nuit, Deben l’ignorait encore. Mais quelque chose en tout cas s'était produit, quelque chose qui avait précipité les tensions anticipées depuis longtemps déjà. Il pressa le pas. Jusqu'au bord du Gange, il ne croisa que des hommes. Les femmes et les enfants avaient été mis à l'écart.

p 283
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Quand je suis née, la première fois que ma mère a découvert mon visage, elle a vu celui du "grand-père chinois", dans une sorte de fondu enchaîné. Ça a été fugace, et puis ça a disparu. Elle était toute troublée, mais comme le médecin lui a dit que ça arrivait souvent, que l'empreinte d'un ancêtre s'imprime une fraction de seconde sur le visage d'un nouveau-né, elle a été rassurée. Elle a même trouvé ça très joli visiblement puisque, souvent, elle me l'a raconté.
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L'aube se lève sur les routes enneigées.
Hier soir, les premiers flocons sont tombés, juste au moment où les moines disparaissaient.

Instant magique, devant cette porte de bois rouge toute décorée.
Les flocons de neige qui donnent corps à la lumière, le silence qui commence à envelopper doucement l'atmosphère.
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Au loin, on entendait des gens qui couraient, des voix.
_ Le village a la réputation d'être hanté. Ce n'est pas la première fois qu'on a ce genre de problème. Ne t'inquiète pas.
Je n'étais inquiète de rien, j'ai trouvé cette précision bizarre.
_ Tu crois aux fantômes ?
_ Toute la Chine croit aux fantômes.
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_ I'm the oracle for the sky Burial.
Hein ? L'oracle pour les funérailles célestes ? Je n'ai pas eu le temps de penser, dans la seconde suivante, elle a poursuivi avec une phrase plus sidérante encore.
_ mais ce n'est pas pour ça que je suis venue ici ce soir. C'est ton grand-père qui m'envoie.
Ma mâchoire a dû tomber d'un cran supplèmentaire, elle a ajouté :
_Assieds-toi.
Je me suis écrasée sur la chaise pliante, Ta a déposé un thermos de tisane sur la table, et puis il est allé rejoindre Li un peu plus loin pour une partie de cartes. Lhamo m'a laissé un temps supplémentaire pour digérer l'introduction. Quand elle a compris qu'il me faudrait un temps indéfini, voire infini, et que trois ou cinq minutes de plus ne changeraient rien, elle a repris d'un ton très clair, très calme. Très cash.
_ Ton grand-père essaye de communiquer avec toi. Depuis un bout de temps. Mais tu es bouchée, tu n'entends pas.
Mini-pause. Espace de digestion. Qui ne sert toujours à rien.

_ Il a finalement décidé d'avoir recours à un interprète. L'interprète c'est moi.
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Jusqu'à ce jour, les Étincelants avaient répertorié trois Portes. Hormis celle d'Agadez, qu'ils ne connaissaient que trop bien, deux autres avaient été découvertes, l'une en Amérique du Sud, quelque part entre l'Argentine, le Brésil et le Paraguay, et une autre sur le continent indien, près d'une ville nommée Varanasi. Une bonne partie des comptes rendus du Rassemblement avait été consacrée à ce sujet. Même si, pour le moment, aucun Étincelant n'était parvenu à les franchir, les Portes n'en demeuraient pas moins cruciales à leurs yeux. C'était aux environs des Portes que tramaient les Guetteurs, les Passeurs et les Affamés.

p 275
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17 février 2011, Fès, 23h38

Belle conversation avec Adil aujourd'hui.
Nous avons attendu un train presque deux heures, ça laisse le temps de causer.
C'est le "Printemps arabe"; ce que j'ai ressenti dans ce café de la gare de Fès est infiniment plus précieux que le bombardement d'informations que je tente méticuleusement d'éviter à Paris.

S'extraire de l'actualité pour mieux sentir, capter, adopter l'autre et sa réalité.
Se protéger, autant que faire se peut, de la retransmission continuelle et fallacieuse du monde.
Préserver un terrain vierge, un angle de naïveté.

Quelle ironie. Partout sur la planète, la globalité a ouvert des fenêtres sur la liberté, mais les instigateurs, eux, s'y sont emprisonnés.
Plus que jamais nous croyons tout savoir, parce que les images donnent tout à voir et que nous sommes tout le temps au courant de tout.

Mais au courant de quoi exactement, si ce n'est de notre propre difficulté à passer de l'autre côté du miroir?
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Les hommes avancent masqués dans le froid; partout, c'est comme si on leur barrait le passage.
Je les sens groupés, compacts, sourdement fiers et inébranlables.
Comme si toute trace de fragilité était enfouie à dix mille pieds sous les gravats.
La fragilité de l'âme, cachée, repoussée, retranchée à coups de pelleteuse, de caterpillar, de ponts et de barrages.

Partout la terre est éventrée, et de chacune de ces déchirures a déserté l'âme.
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Dans ces espaces à la fois si pleins et transitoires,
je ne sais plus qui je suis,
il m'arrive même de ne plus croire en rien.

Seule l'émotion pourrait m'indiquer un chemin,
mais ces sas font office d'analgésique et je ne peux me soustraire à leur fonction:
je fondrais en larmes.
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Ready, taxi driver ? exulta Rick en réajustant son bandana. Pose tes papattes sur le volant et prépare-toi à appuyer sur le champignon.

Freddie s'exécuta. Il passa la première et maintint le pied gauche sur l'embrayage. Le pied droit se déplaça lentement du frein à l'accélérateur. Ses mains, tremblantes et moites, s'agrippèrent au volant. Alors, dans l'attente du signal, depuis les rétroviseurs, il vit déferler le saccage. Des troupes de militaires s'étaient déployées un peu partout. Ils se jetaient dans la mêlée, indifférents au danger, poussant des cris de rage. Ils avaient des armes à feu, mais aussi des couteaux, des machettes, des fils en métal, des lames de rasoir.

Ils massacraient tout sur leur passage, tandis que les hommes de Rick, sur les côtés, mitraillaient à tout va, les côtes secouées par l'hilarité et les détonations.

En quelques minutes, le carnage se propagea. Les corps s'affaissaient autour du camion, tombant les uns après les autres, dans un véritable bain de sang.

—Ah, j'aime quand les choses sont bien faites, dit Rick, d'humeur philosophe, en allumant une cigarette

p 238
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C'est que le roi ne régnait en réalité que sur une chose : le Feu sacré. Caché sous un auvent de fortune dans les ruelles du marché funéraire qui s'étendait derrière les quais dédiés aux crémations, le Feu sacré brûlait et était surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
C'était à sa flamme, exclusivement, qu'on allumait les bûchers des défunts. Quiconque voulait offrir un rite digne à ses morts devait demander, et acheter, la Flamme au roi.
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Ca fait combien de temps que je suis partie? Six jours? Sept? Huit? Dix? C'est vrai que le temps est relatif, et qu'il se dilate quand on est en mouvement dans l'espace.

p.62
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En ces temps incertains, un contact humain était un joyau inestimable, qui méritait d'être gardé.
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