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4.22/5 (sur 18 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Maisons-Alfort , le 27/03/1969
Biographie :

Après deux premiers textes parus aux éditions Al Dante de Laurent Cauwet, Le monde Jou est publié en 2005 par Bernard Wallet aux éditions Verticales. François Cusset, dans Beaux-Arts Magazine, en dit alors : "Avec la pensée "Jou", Éric Arlix propose de piéger le capitalisme avec ses propres mots. Bréviaire de compétitivité, lexique du management : une parodie explosive."

Le groupe Merci (compagnie de théâtre basée à Toulouse) adapte en partie Le Monde Jou sous le nom de Colère puis d'autres textes de l'auteur (Désobéissance, Programme, Une supérette), avec plus de 200 représentations depuis 2006.

En 2010, une résidence d'auteur à l'espace Khiasma, aux Lilas, en compagnie de Jean-Charles Massera, conduit à l'écriture puis à la publication du Guide du démocrate. D'après Jean-Marie Durand dans Les Inrocks, "cet essai aux fulgurances drolatiques met à plat les pratiques sociales contemporaines, contaminées par l'imaginaire marchand", tandis que Cyril de Graeve, dans Chronic'Art, parle de "succulent essai", dans lequel "les auteurs engagent la critique du démocrate contemporain en utilisant par ailleurs la langue dont il fait usage".

À propos de Golden Hello (2017) et de Terreur, saison 1 (2018), l'écrivain Xavier Boissel écrira ses Notes sur la zombification des masses, où l'on peut lire en introduction : "Avec ses deux derniers livres, Éric Arlix pousse l’art de la satire – mais nous aurions pu tout aussi bien dire l’art de la guerre -, à son paroxysme pour en faire une arme de destruction massive, celle d’un monde capitaliste qui a verrouillé toutes les issues."

En 2022, il publie chez JOU une curieuse variation romanesque sur les évolutions de l'intelligence artificielle et de la robotique, dont Bertrand Leclair dira dans Le Monde que "dystopique ou non, Réel est redoutable d'efficacité".

En 2022 également, il publie chez IMHO un documentaire-fiction sur la perruche à collier comme témoin et marqueur de bouleversements climatiques désormais flagrants. Frédérique Roussel le décrit dans Libération comme "un récit informé, pointilliste, amusé et fictif d'une colonisation".

En tant qu'éditeur, aux éditions è®e ou aux éditions JOU, il a notamment publié Ludovic Bernhardt, Hakim Bey, Patrick Bouvet, Chloé Delaume, Stewart Home, Hélène Ling, Frédéric Neyrat, Vanessa Place, Kenneth Pomeranz ou Phyllis Yordan.

Depuis 2017, il participe au projet musical Hypogé avec Serge Teyssot-Gay et Christian Vialard.
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Rencontre avec Eric Arlix.


Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
À la descente du bus, Alex se retrouve face à cinq agents de sécurité qui inspectent les badges et les autorisations de mobilité, ce n’est pas un check-point mais un contrôle aléatoire comme il en existe plus souvent désormais, un drone filme la scène. Alex subit un scan rétinien puis lève les bras, l’agent face à lui n’émet aucun signe particulier, froid et concentré, il s’assure qu’Alex n’est pas un potentiel terroriste ou encore pire un journaliste sans accréditation. Habitué aux usages des zones franches, Alex n’est pas dupe de ce caractère « aléatoire » des contrôles, il sait que s’il était descendu du bus en chemin, dans le quartier géré par Bayer, dans celui géré par Typco, dans celui concédé à telle autre corporation partenaire d’UToPIE par un gouvernement exsangue, il aurait très certainement été plus ou moins discrètement contrôlé. Tacitement, il faut être une personne ayant une raison d’être là, une fonction, une utilité, faire partie du paysage, ce qui n’est pas encore son cas.
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Moi, nom prénom, exerçant la profession de, atteste sur l’honneur que Chloé Delaume est bien un personnage de fiction et peut de fait revendiquer, bénéficier et jouir de tous les avantages liés à sa condition.
Pour ceux qui en douterait encore, je conseille de vous remémorer les moments passés avec moi : vous verrez qu’ils n’existent pas.
Si vous ne répondez pas à ma demande, je crains qu’ils ne m’achèvent comme un chien, et que la honte doive me survivre.
Bien à vous.
Chloé
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Au commencement étaient les corps. En plein petit-déjeuner, Alex les voit, pathétiques, dérivant dans l’immensité noire de l’espace, vomis en grappes par les flancs de vaisseaux éventrés. D’une obscurité glacée l’autre, les mots ont muté depuis les temps lointains où Athéniens et Spartiates s’affrontèrent sur les flots rougis de la mer Égée. Difficile pour Alex de penser au mot « vaisseau » sans entendre résonner dans sa tête « J’ai vu des choses que vous autres ne croiriez pas. Des vaisseaux en flammes sur le baudrier d’Orion. J’ai vu des rayons cosmiques scintiller près de la Porte de Tannhäuser. Tous ces instants seront perdus… dans le temps… comme les larmes… dans la pluie. » Pourtant, Eon l’a dit, pourquoi se gargariser d’immensités intergalactiques quand ces mêmes profondeurs liquides dont les trières de l’Antiquité égratignaient juste la surface sont là, riches de possibilités renouvelées, à portée de main ? Alors qu’un nuage gigantesque de pollution englobe déjà la mégapole, Alex contemple ce spectacle sur sa terrasse, comme l’on admire une carte postale aux couleurs saturées par le temps, son lait de soja survitaminé en main, les yeux fixés sur ce nuage qu’il se plaît à considérer à ce moment précis comme une entité extraterrestre infligeant à ses prisonniers une torture douce et lente depuis des décennies. L’hélicoptère qui le transportera d’ici quelques heures devra s’extraire de ce nuage. Alex voit les visages, ou plutôt le visage, il distingue parfaitement le scintillement des globes oculaires figés à la surface d’une mer qui n’est pas d’huile, les bouches de cette unique face blême semblable au ventre mou d’un poulpe, yeux préhensiles et bouches-ventouses confondus. C’est le visage du peuple lorsqu’il crie vengeance qu’Alex perçoit. Il ne peut faire refluer ces images, ces corps, ces visages. La bataille des Arginuses fut l’un des plus éclatants succès militaires de l’histoire d’Athènes, épisode d’une guerre qui depuis plus d’un quart de siècle opposait la cité qui inventa la démocratie à Sparte et ses alliés. Pour toute récompense, les généraux commandant la flotte athénienne lors de cette victoire se voient limogés, au motif d’avoir manqué à leurs devoirs envers le peuple. Alex se l’est si souvent répétée, si souvent représentée, toujours à peu près de la même manière, cette histoire croisée par hasard et devenue sienne tant elle paraît cristalliser son engagement, son dégoût de la démagogie, de la vulgarité, des turpitudes de la politique. Mais jamais auparavant ne lui est venu à l’esprit qu’à force d’être ressassée, jour après jour racontée à qui veut l’entendre, une telle histoire pourrait insidieusement acquérir un sens différent, se trouver retournée comme un gant, contre lui, à la façon d’un chien fidèle qui un jour, sans avertissement, sans raison apparente, va mordre la main de son maître.
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Les éclaireuses
Mai 1974, aéroport d’Orly, Val-de-Marne, France.
Dans l’aéroport de Paris-Orly des conteneurs d’oiseaux exotiques transitent de temps à autre, convoyés par des zoos ou des importateurs. Le marché est relativement faible, les normes de sécurité aussi à cette époque, trop insuffisantes pour des oiseaux parmi les plus intelligents au monde. Une cinquantaine de perruches à collier profitent alors de leur transit dans la zone aéroportuaire pour se jouer facilement du système de sécurité peu évolué, d’absence de grillage résistant à leur bec acéré. La perruche à collier (Psittacula krameri) appartient à la famille des Psittacidae et à l’ordre des Psittaciformes, ce dernier regroupe les oiseaux tropicaux appelés communément perroquets, aras, cacatoès, loris et perruches.
Après des heures passées dans le noir de leur conteneur, dans le bruit stressant du voyage, avec comme compagnons les plus proches deux moteurs CF6-80 de General Electric crachant leurs centaines de milliers de litres de carburant, dans l’un des premiers Airbus A300, et comme moments totalement inédits et terrorisants du voyage le décollage et l’atterrissage de l’oiseau de fer, les perruches à collier sont alors attentives à la moindre opportunité pour mettre un terme à ce cauchemar.
Dans la cage où elles attendent un nouveau transfert, le mince grillage cède sous les coups répétés des becs acérés, presque aussi facile à ouvrir qu’une simple noix de pécan. Ça y est la voie est libre. Leurs premiers battements d’ailes leur font découvrir qu’elles sont en plein milieu d’un complexe de nids d’oiseaux de fer où ils n’ont de cesse de décoller et d’atterrir à grand bruit. Elles filent droit vers le nord, elles fendent l’air comme jamais, volant à basse altitude, entre quinze et vingt mètres du sol, parfois moins, évitant les bâtiments, les pylônes et les échangeurs autoroutiers, leurs cris perçants sont autant d’échanges d’informations sur les décisions qu’elles doivent prendre en plein vol, en pleine fuite. Les zones pavillonnaires à l’architecture vernaculaire qu’elles traversent abritent de nombreux jardins, des arbres, quelques parcs aussi, elles ne s’arrêtent toujours pas, remontant obstinément vers le nord, au moins jusqu’au cimetière parisien de Thiais qui semble offrir suffisamment de calme et de végétation par rapport à l’environnement traversé précédemment. Elles s’arrêtent pour observer si les oiseaux de fer les poursuivent, si l’environnement est hostile, si des prédateurs sont présents, elles se comptent aussi. Dans l’effervescence chaotique de la fuite, certaines perruches ont pris une autre direction, nord-ouest, en ligne de mire inconnue le parc de Sceaux, futur emplacement d’une colonie importante.
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Je vous écris dans une confidentialité absolue, à partir de ma base temporaire à Abidjan, sous le conseil de ma mère. Premièrement, pour demander votre permission, assistance et coopération de transférer mes atouts cash de U$5 millions déposés sous la garde d’une compagnie de sécurité ici à Abidjan dans votre compte bancaire privé jusqu’à ce que ma famille arrive dans votre pays. Mon papa était responsable de la compagnie minière « Diamond Mining Company » (DDMC) de l’ex-Zaïre jusqu’à ce que la junte militaire de Kabila prenne le pouvoir à partir d’un coup d’état dans mon pays, résultant en conflit armé entre les forces gouvernementales et les combattants rebelles.
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Ces managers, bercés depuis des années par des habitudes, des droits, des séances de culbute avec leur secrétaire et des techniques de management de plus en plus insoutenables et sans destination précise, firent au cours de cette période de chacune de leurs interactions un moment simple, précieux, sans excès, leurs smartphones à 600 euros dans une poubelle d’une station-service dès le premier jour. Ils étaient vraiment bien, là. Manager un jour, manager toujours pensaient-ils à tort puisqu’au volant de leurs bolides ils ne souhaitaient vraiment plus culbuter, entourlouper, diriger, consommer, trahir, y croire, s’la péter. Ils étaient vraiment vraiment bien, là. Au cours des semaines suivantes le phénomène intéressa les médias, il fallait se mobiliser, se lever du canapé, du net, prendre sa Citroën C1, sa Volkswagen Golf, sa Porsche 911 Carrera 4 et filer, pour un sujet sur lequel le pétage de plombs n’était pas en soi une explication satisfaisante. D’autres managers en Europe, pendant cette période, aperçurent des collaborateurs dans les rubriques « Faits divers » des médias, sans plus d’explication, le pétage de plombs n’étant pas en soi un sujet sur lequel beaucoup de forces intellectuelles avaient jamais été mobilisées. Quelques mois plus tard, d’autres managers optèrent quant à eux pour d’autres formules, motivés, ils commencèrent à ne plus avoir envie de leur petite agonie éphémère et tuméfiée par une vie moderne sans forces intellectuelles et sans plus d’explications. Ils achetèrent de fausses identités sur le net, ils partirent de chez eux en skate, en buggy, à la recherche d’endroits cool et isolés. Ils récupérèrent de vieux canapés tuméfiés par des Nolife et posèrent les bases de leur nouvelle vie de dude.
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Alex fixe la boîte de bêtabloquants qu’il va peut-être utiliser avant de partir de chez lui, sa bataille du jour, ce rendez-vous qu’il attend depuis des semaines pour finaliser la présentation et la vente de son algorithme révolutionnaire, c’est maintenant. Le mur du salon-cuisine s’illumine et soudain il est là : l’homme qu’il va rencontrer dans trois bonnes heures, le Sphinx désormais bienveillant posté au seuil du futur d’Alex. Il s’agit de l’un de ces talk-shows pour lêve-tôt. Affable, ignorant les attaques fielleuses de ces derniers mois, Eon Hayek-Coriolan, le CEO libertarien de la multinationaleUToPIE, s’exprime en toute simplicité :
– Je suis en train de construire une maison… J’étais seul quand j’en ai esquissé les plans… Aujourd’hui nous allons modifier la maison. Elle va recevoir une famille. Comme tous ceux qui font construire une maison, je veux que la mienne soit en harmonie avec son environnement et ceux qui l’habiteront.
– Une maison d’une certaine taille tout de même, ironise sans méchanceté la journaliste star qui semble sous le charme, consciente du caractère sincère et sans détour de son interlocuteur, puisque votre île artificielle, portant le même nom que votre entreprise, UToPIE, va accueillir d’ici quelques semaines plusieurs centaines de vos employés, certains accompagnés de leurs familles. Pouvez-vous nous réexpliquer pourquoi, d’après vous, UToPIE constituerait le futur de notre civilisation ?
Il le peut, naturellement.
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Au début des années 2000, marchant dans une petite rue calme de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), j’aperçois filer au-dessus de moi trois oiseaux vert émeraude poussant de longs cris aigus répétitifs. N’étant pas spécialiste des oiseaux je n’identifie pas l’espèce observée, simplement leur « exotisme » apparent, vert émeraude ce n’est pas habituel. Je crois alors avoir vu trois oiseaux exotiques fraîchement échappées d’une volière d’un particulier ou relâchés dans un moment d’extrême empathie animale. De retour à mon domicile et quelques minutes après les premières recherches sur Internet, je visualise alors l’espèce entrevue : la perruche à collier (Psittacula krameri). Première rencontre.
Au début des années 2010, dans la proche banlieue de Toulouse, dînant dans le jardin d’ami.e.s, j’aperçois un groupe de cinq ou six perruches à collier passer au-dessus de nous en poussant leurs cris si distinctifs, j’interroge immédiatement mes amis, iels me répondent « oui bien sûr ce sont des perruches, nous en voyons quasiment tous les jours passer au-dessus de chez nous ». Deuxième rencontre, je ne suis plus seul.
Quelques années plus tard au Parc Floral de Paris je remarque cinq perruches à collier poursuivre un écureuil, lui assénant des coups de bec, l’écureuil file, prend tous les risques pour passer de branche en branche malgré les coups reçus. La poursuite continue au-delà de mon champ de vision, je commence alors à me demander plus sérieusement pourquoi ces oiseaux exotiques m’intriguent. J’aime les histoires bien sûr je suis écrivain de fiction, mais je ne fais alors aucun lien particulier avec une thématique d’écriture, les perruches à collier sont toujours, à ce moment-là pour moi, une espèce inconnue, jamais observée.
Cette scène déclenche alors chez moi non pas un vif intérêt mais une simple prise de conscience, un nouvel animal à observer, une nouvelle voisine. Je constate que les perruches à collier passent quotidiennement devant chez moi, qu’elles occupent des arbres des jardins environnants et s’y nourrissent. Quel que soit l’endroit où je me trouve, en France, à l’étranger, je ne peux pas passer devant un platane sans penser à elles, sans me dire que je vais en voir et c’est très souvent le cas.
Toutes mes observations de perruches à collier se sont déroulées à partir de mon domicile (5e étage donnant des deux côtés sur une zone pavillonnaire du nord de la ville d’Alfortville dans le Val-de-Marne), dans les villes proches (Maisons-Alfort, Charenton, Saint-Maurice, Saint-Mandé, Vincennes) et principalement dans le bois de Vincennes où j’ai réalisé mes observations les plus longues. J’ai voulu dans ce documentaire-fiction retracer mon expérience de rencontre avec la perruche à collier à travers une enquête-fiction mêlant témoignages, recherches, récits fictionnels, projections et anticipations.
Les perruches à collier sont mes nouvelles voisines, depuis quelques années, une espèce-voisine, une espèce sauvage, exotique, qui s’est installée dans son nouveau biotope : l’Europe.
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Des individus se levèrent de leur canapé Ora-ito série spéciale Conforama à 534 euros, de leur clic-clac Hagalund de chez Ikea à 399 euros, de leur canapé Swan d’Arne Jacobsen à 9 934 euros et lâchèrent au sol ce qu’ils tenaient en main. Ils sortirent rapidement de chez eux pour crever les pneus de leurs voitures, des voitures de leurs voisins, d’autres voitures un peu au hasard, et partirent en chantant sans vraiment savoir où se rendre, sans objectif. Ils n’étaient que quelques centaines en Europe, ce jour-là, de Braunau à Dovia di Predappio et de Francfort à Castres, ils n’étaient pas remarquables, certains passèrent néanmoins dans les rubriques « Faits divers » des médias, sans plus d’explications, le pétage de plomb n’étant pas en soi un sujet sur lequel beaucoup de forces intellectuelles avaient jamais été mobilisées. Des individus descendirent de leur Citroën C1, de leur Volkswagen Golf, de leur Porsche 911 Carrera 4 et se mirent à tabasser des gens avec leurs tout petits poings fragiles et jamais habitués à tuméfier, pilonner la chair d’un inconnu. Ils furent maîtrisés, incarcérés, sans plus d’explications, sans forces intellectuelles mobilisées. Quelques jours plus tard, des individus par centaines manquèrent leur train du soir, ne rentrèrent pas chez eux, furent recherchés, certains retrouvés, incarcérés sans plus d’explications, tuméfiés par la vie, par ce qu’ils ont vécu. Dans les jours qui suivirent de jeunes individus achetèrent en masse de fausses identités sur le net, vautrés dans des canapés en chantant et sans objectif. Des individus empathiques jusqu’au bout de la nuit devinrent ces jours-là subitement infâmes, insultants et totalement arrivistes, ils rigolaient à tue-tête, sans plus d’explication, certains passèrent dans les rubriques « Faits divers » des médias sans forces intellectuelles. Des individus célibataires totalement isolés en rase campagne se levèrent au milieu de la nuit pour se rassembler sur des places de petits villages voisins et entamèrent des discussions avec objectifs et visées, ils ne rentrèrent pas chez eux, le phénomène intéressait les médias, il fallait se mobiliser, se lever du canapé, du net, prendre sa voiture et filer, pour couvrir un sujet sur lequel le pétage de plomb n’était pas en soi une explication satisfaisante.
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Migrations quotidiennes :
entre choix de vie et grosses galères
On peut être très stressé et avoir la tête sur les épaules, aimer la clim de son monospace et avoir conscience qu’en transpirant dans les transports en commun non climatisés on pollue moins, aimer arriver au bureau frais comme si on sortait de la douche, mais aussi vouloir être à l’heure pour le premier rendez-vous de la journée. Alors pourquoi ne pas se laisser tenter par le covoiturage avec des personnes sympas qui roulent dans des modèles récents ? Certes, ça peut être dur, surtout si vous écoutez habituellement BBC World Service, Nostalgie ou NRJ et que votre covoitureur est un accro de Rire & Chansons, mais être démocrate, c’est aussi savoir être souple, s’adapter facilement, tolérer chez les autres ce qu’on ne supporterait ni chez soi ni parmi ses proches et surtout savoir redéfinir en permanence ses critères d’évaluation de l’Autre.
Mais la solution séduisante du partage des frais et de la réduction de la production de CO2 demeure relativement expérimentale [Attends, la boîte nous a pas encore tous parqués dans l’même bled, alors le covoiturage excuse-moi, mais… !]. Du coup, pour se rendre au travail, le démocrate est souvent obligé de passer plusieurs heures par jour dans les transports massifiés [Et l’9 h 12 qui est encore en retard… Font chier !]. Face au taux de pénibilité imposé par des sociétés de transport de moins en moins adaptées aux besoins des zones d’activité économique à forte concentration de population, le démocrate a le choix entre trois grandes familles d’activités : jouer / réfléchir (Sudoku), lire (gros pavés vus à la télé), écouter ses MP3. En s’arrachant les cheveux sur une grille de Sudoku (à peu près 6 milliards de grilles possibles), le démocrate échappe temporairement à sa condition de transporté pour devenir un as de la logique sans conséquence, en lisant son gros pavé vu à la télé le démocrate configure sa sensibilité tout en renforçant la position des géants de la culture industrielle sur le marché de l’imaginaire, en écoutant ses MP3 il se coupe de toute possibilité de construction d’un « en-commun » et transforme passagers, banquettes, stations et autres éléments de son environnement en simple fond visuel.
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