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Critiques de Eric Le Bot (2)
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Le cousin de Bruegel

Cette fois-ci n'est pas coutume, je cède ma place et mon blog, le temps d'une chronique à Raphaël, un ami lecteur et peintre, deux qualités qui donnent à penser qu'il y a forcément du bon en lui. Que ce prêt ne mette pas dans la tête de certains l'idée de venir scouatter mon blog, non mais... je ne suis pas prêteur, là c'est juste parce que c'est lui, parce que c'est moi...



La Flandre au 16ème siècle porte en son sein, l’illustre flamand "maitre BRUEGEL". Sous forme de lettres (sans réponse) le messager cupide à l’humour corrosif, Linus MÜND doit enquêter comme faux apprenti pour le compte de l’archevêque de Gravelle commanditaire de son propre portrait et soucieux de connaitre la probité du peintre.

Le choix d’un roman épistolaire est osé, surprenant mais pas anodin. Chaque rapport de lettre est numéroté car la chronologie sera déréglée comme l’état d’esprit du serviteur dévoué. Le fil du livre se joue d’une chronologie en apparence historique mais nanti d’une touche fantastique en fin d’ouvrage.

L’écriture parait compliquée par exemple lorsque E. LEBOT évoque "...l’église qui brûle sans distinction les pauvres, les pesteux, les sorcières…" (p.32). On obtient ainsi pas moins de douze lignes pour cette phrase. Cette surabondance de détails n’est pas sans rappeler la peinture détaillée, chimérique de Bruegel (comme un contrepoint). Certains passages évocateurs valent le détour. Le roman de cent soixante dix pages pourrait refroidir plus d’un lecteur opiniâtre mais en quête de références artistiques. Que l’on se rassure, si l’on veut accepter le style "épais" mais visuel, on obtient assez rapidement un plaisir de lecture qui s’accentue dans la deuxième partie du livre, une fois décrit l’univers historique. Vous apprécierez les remarques pertinentes (de peintre… je crois) comme "trop de Bosch pas assez de Bruegel" (p. 58) L’auteur donne de l’appétit pour l’art qu’il distille au cours des pages avec ces odeurs de térébenthine, les couleurs pers, le vélin, le bleu d’Alexandrie, cette couleur égyptienne symbole d’immortalité.

Nous traversons la vie de gueux parfois austère grise et humide comme l’indique l’un des chefs d’œuvre du Maître, "le triomphe de la mort", reproduit sur la couverture. Un peuple "halluciné a surgi des contours et de la grisaille."(p.57) En opposition, les fêtes paillardes, les fameuses "bamboches" nous plongent avec force et détails : "…des trognes pivoines, carcasses rongées par les cristaux de sel et le feu des lampes tempêtes, âmes décomposées par le ressac de la houle". Les sobriquets sont pittoresques ; "Courtes–pattes, Bats les œufs, la Grenouille, Petits-pieds" (p.73)

Un défaut du livre est d’avoir inclus un commanditaire ainsi que d’autres personnages si obscurs qu’on peine parfois à suivre une histoire au sens traditionnel du terme. Mieux réussies sont les évocations des peintres Patinir ou Bosch.

Au dénouement, l’auteur nous introduit dans un tableau illustrant une débauche de mœurs décousues, ou le dessus et l’envers peuvent se superposer. Là ou la beuverie et la débauche s’encouragent par le fantastique. La charnière décisive selon moi entre une évocation romanesque du peintre et la portée fantastique du livre prend corps à partir de la page 153. Un décrochage narratif s’opère au niveau de l’histoire. La peinture flamande dans son exubérance consent à la magie… entre l’ombre et le feu, peut être …?

Raphaël
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Le cousin de Bruegel

J’ai assisté le 27 février au Parvis à la présentation du roman que vient de publier Eric Le Bot sous le titre Le cousin de Bruegel aux Editions In8 (http://www.editionsin8.com/). Il m’était difficile de manquer cette présentation puisque Eric Le Bot est un de mes confrères et qu’il a même fait un court passage à mon cabinet. Je savais de lui qu’il aimait le théâtre et j’ai encore le souvenir de l’Antigone qu’il avait monté il y a quelques années. Je ne lui connaissais pas , par contre, son goût de l’écriture.

Marc Belit a fait une présentation passionnante et il a montré son enthousiasme pour ce premier roman, il en a fait une lecture qui met en avant l’évocation de thèmes quasiment métaphysiques : la mort, la création artistique, le pacte faustien entre l’artiste et le diable et il a, ce faisant, donné à l’auditoire l’envie de se plonger dans le livre ce que j’ai fait aussitôt de retour chez moi.

Autant dire tout de suite que je ne connaissais Bruegel que de nom et que son œuvre m’était étrangère. Tant mieux, dans le fond, puisque je suis entré vierge, si je puis dire, dans ce roman.

Une seule chose m’est venue à l’esprit avant de le lire, le souvenir de ce que un de mes écrivains préférés, Marguerite Yourcenar aimait beaucoup la peinture flamande et notamment l’œuvre de Bosch et de Bruegel. Une exposition en 2013 a mis en évidence les rapports de l’œuvre de cet écrivain avec la peinture flamande. Voir ce lien :

http://alambretcommunication.pagesperso-orange.fr/pagenouveautes/CP%20et%20DP/DP-MYourcenar-PeintFlamande.pdf



http://www.amazon.fr/Marguerite-Yourcenar-peinture-flamande-Sandrine/dp/9461610513

Mais venons-en au roman. Et d’abord le style car c’est la qu’est l’écrivain. Ce livre se lit bien et la réussite est d’abord dans le fait que l’auteur sait nous rendre la vie de cette époque, une vie qui nous paraîtrai aujourd’hui pas très propre, avec ses maladies, une sorte d’humidité ambiante. On a guère de mal a imaginer cette Flandre et son climat, souvent difficile (il y a de très beau passage sur ces temps de pluie et de boue), et l’atelier de l’artiste finit, à la lecture, par nous devenir familier. Ne serait-ce que pour cela le roman serait réussi.

On se laisse prendre au récit de « l’espion » et on lit ses rapports à son maître avec intérêt en attendant la suite, il y a presque du suspens et c’est l’ensemble des informations qu’il donne qui restitue, par petites touches, à la manière d’un peintre, et l’époque et l’atmosphère de l’atelier.

Sur le fond le livre pose plus de questions qu’il n’en résout où, plutôt, conduit le lecteur à se poser mille questions sur l’art, la création, cette sorte d’esclavage dans lequel se trouve tout artiste taraudé par une volonté de dire et de trouver. Il y a dans ce roman l’apparition de personnage énigmatique dont on ne sait pas qui ils sont : le diable, la mort…..Et la fin ajoute encore au questionnement. Je n’en dirai rien pour laisser au lecteur la découverte seulement ceci : tout artiste n’est il pas un fou qui veut se confronter avec le sens de la vie, l’horreur du temps qui passe et la mort ?

Et puisque j’évoquais, en commençant, Marguerite Yourcenar je dois dire que l’un de ses grands héros, Zenon est poursuivi par les même obsessions que le Bruegel de ce roman.

Roman réussi donc et dont je conseille la lecture ainsi que le découverte ou la redécouverte de Peter Bruegel.

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