---Le Bouc---
Une mauvaise étymologie voudrait que - bouquin- descendît de -bouc- une histoire de cuir qui sentirait plus fort l'âge venant. Un bouquin pue. Cela raccourcit toute investigation philologique. Neufs, le plus souvent, les livres sentent bon. Sujet oiseux ! A la question "Qu'attendez-vous d'un livre ?" , est répondu "qu'il m'instruise, qu'il me touche". Je ne veux pas jouer sur les mots, mais si un livre nous "touche", c'est qu'il est vivant, et tout ce qui vit sent, transitivement et intransitivement. Je fais partie de ceux qui plongent leur nez dans tout livre juste acheté...L'odeur franchit les barrières. (p. 23)
L'odeur des vieux livres fait penser à certains parfums délicats plus très à la mode. Une douceur en accord avec le velouté d'un papier gardé toujours dans la tiédeur d'une bibliothèque. (p. 25)
Dans les textes qui suivent, on ne trouvera pas de dévotion aux livres. Saisissant un livre, je n'ai pas le sentiment d'entrer un monde séparé. Je lis dans les lieux publics, sur des tables de cuisine. En lisant, me parviennent des bruits, la fraîcheur du jour par la fenêtre, des paroles d'amis lointains. (p.7-8)
Les Faux-Amis
Dans le mot -commerce-, se trouvent cependant des petits coins obscurs, comme une vague fierté d'acheter une pile d'ouvrages et de confondre l'argent dont on dispose avec l'importance de son esprit. (p. 61)
Le Fonds non classé
Ce rêve désuet d'un enfer dans l'arrière-boutique d'une librairie est le sujet d'un roman de Gérard Bessette. L'auteur situe l'action dans l'étouffement puritain du Québec d'avant 1960. Le libraire chez qui le narrateur travaille fait beaucoup de mystère de ce placard aux livres interdits, les livres "qui cognent"... (p. 99)
---Ex-Libris---
Chaque livre est un degré de son progrès intérieur, un moment précieux. (p. 31)