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Citation de Lilou08


Les baïonnettes déchiraient les bras, ripaient sur les crânes. On braillait des ordres impossibles à entendre. Les canons tiraient sur les tentes, au hasard. Les châlits s’écroulaient, carbonisés. On courait de toutes parts. Des chariots s’effondraient sous le poids des corps. Puis les canons se mirent à tirer en direction de la plaine afin d’atteindre les fuyards.
Soudain, il n’y eut plus un bruit. Ça faisait comme un drap dans le vent. Les soldats baissèrent leurs fusils. Que se passait-il ? Le silence avait quelque chose d’effarant. Les soldats se regardaient, interdits.
En contrebas, les Indiens étaient presque tous morts. Une fois réarmés les canons, il y eut encore deux, trois déflagrations. Puis des cris ; certains soldats suppliaient qu’on arrête. Il y eut même un hurlement, on ne sait pas de qui.
Ce fut tout.
Et il se leva une violente tempête. La neige tomba du ciel comme une injonction de Dieu. Les flocons tourbillonnaient autour des morts, légers, sereins. Ils se posaient sur les cheveux, sur les lèvres. Les paupières étaient toutes constellées de givre. Que c’est délicat un flocon ! On dirait un petit secret fatigué, une douceur perdue, inconsolable.
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