La navette stellaire fonçait à vive allure dans la nuit sidérale et à cet instant, la rentrée dans l’atmosphère terrestre fut imminente. Malgré la vitesse, les sarcophages de voyages vibraient à peine dans un calme presque douteux. Bientôt, ce fut le choc atmosphérique, Très soudain et violent, il provoqua une pluie drue d’étincelles venant magnifiquement recouvrir la tête du vaisseau qui résistait tant bien que mal à l’attraction planétaire. Du sol, on pouvait presque penser qu’une comète filait plein gaz. C’était le cas d’une certaine manière, la navette baptisée CSL ¹² (Comet-Star-Liner12) filait si vite que l’on pouvait à peine s’imaginer la voir atterrir en douceur et même arriver en un seul morceau sur Terre.
Ektor avait ajusté ses lunettes de mouches solaires afin de mieux voir le trafic, le paysage et ses habitants… Il commenta.
– Vous pouvez observer ici et là quelques spécimens de drones masculins ! fit-il avec un demi-sourire désinvolte. Ils étaient habillés très précieusement et avaient la charge de porter les paquets des demoiselles qu’ils escortaient. Certains portaient des tenues roses et d’autres étaient vêtus assez court, d’un short moulant ainsi qu’un T-shirt du même style recouvrant des muscles synthétiques.
– C’est vraiment une ville rose ici ? N’est-ce pas Pilgrimm ? Pilgrimm sourit enfin.
Le temps était à la blague pour se détendre, car ils allaient bientôt entrer dans le vif du sujet.
Indra et ses sylphides se rapprochèrent d’eux, formant un groupe homogène face au vent. Lentement et sous leurs yeux plein de stupéfaction, elles commencèrent à se déplacer comme par magie. C’était vraiment sublime à regarder, ces femmes avançaient là, doucement et surfant sur le sable chaud. Cheveux mis à l’équerre par les vents, c’est-à-dire que les cheveux en masse se levèrent à l’identique et au même niveau. Surfant sur le sable comme sur un tapis volant, des centaines de milliers de messages émanaient d’elles à cet instant.
Le colonel portait un uniforme kaki et une large casquette mal enfoncée, mi- rouge mi- kaki, qui faisait ressortir ses gros sourcils biens noirs. Il affichait une multitude de décorations à sa veste et était également de type asiatique. Il ressemblait étrangement au colonel Wuk, lire « La mangrove les colonies ». Les deux hommes finirent leurs besoins, puis échangèrent un sourire de connivence réflexe en rangeant, tour à tour, l’artillerie.
Ektor traînait dans son bar attitré, le “Pixellion”. C’était un endroit convivial et feutré où l’on trouvait, somme toute, de la bière pression de bonne qualité. Malgré un taux résiduel de radiation au-dessus de la normale, ce breuvage restait une bière de bonne facture. Il remarqua dans l’arrière salle une dronette (une femme mécanisée et fabriquée certainement sur Kepler 452b, voir Frousse sidérale sur Kepler 452b).
Vélor reprit.
– Tu ne veux pas plutôt un dronant ? Ektor fit non de la tête. Tu ne changeras donc pas, toujours hétéro ce vieil Ektor ? Même avec les drones ?
– Oui toujours, personne n’est parfait, je suis incurable, tu vois bien ! Laisse tomber Vélor.
– Et ta copine Jezabelle ⁷ ? Toujours dans ses effluves de parfums ou de ce qu’il en reste ? Fit le manchot.
Il commanda de sa montre une sorte de repas rapide, puis il entra son code consommateur sur l’un des drone-fooder (une sorte de robot de cinquante centimètres de haut environ) qui pullulait dans l’astroport. Le drone vint à sa rencontre et avec son bras télescopique lui proposa un plateau plastifié dans lequel se trouvait une brique d’eau et une brique de bœuf-patate.
La conception de ces escaliers était très différente des bâtiments terriens, tout était cubique ici, ledit « colimaçon » n’existait manifestement pas sur Zanasse. Les gardes casqués affolés, défilaient en courant dans les couloirs. Ektor, haletant, descendit en trombe les marches d’escaliers deux par deux, puis il attrapa une porte qui donnait face à un ascenseur.
Audrey et Ektor savaient. Ils se recueillirent un instant auprès de la stèle, en prenant des clichés à l’aide de leurs montres caméra d’une manière très discrète. Les sylphides, qui avaient lu à nouveau la plaque en même temps que l’équipage, déplacèrent leur corps d’une marche lente vers un endroit confiné et plus propice au recueillement.
Des effets de boléos argentins avants et arrières, sortes de passes dansées bien connues des aficionados furent prodigués. Ektor était ravi, il adorait le tango, il le comparait souvent à une tragédie mi- sensuelle mi- tragique, il trouvait cela très improbable comme toute première rencontre ici sur cette planète.