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Critiques de Esad Ribic (35)
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Loki

J'avais déjà grandement apprécié le travail graphique d'Esa Rebic sur Silver Surfer Requiem. Récidive avec ce Loki qui tutoie les anges...



Loki est heu-reux. Après 10 siècles de fourberies en tout genre, Scapin peut aller se rhabiller, le voici enfin maître d'Asgard.

Ses principaux rivaux relégués aux oubliettes, il peut désormais savourer son nouveau statut de roi tout en se remémorant ces années maudites passées au royaume d'Odin.



Plus introspectif que guerrier, ce graphic novel fait la part belle à son anti-héros.

Paradoxalement, ce nouveau maître d'Asgard apparaît comme faillible, friable, à mille lieues de la belle assurance qu'affichait régulièrement son demi-frère honni, Thor, qui pourrit désormais dans les geôles de ce royaume céleste en attendant d'être fixé sur un sort que l'on imagine peu enviable.

Tourmenté à l'extrême, ce vil fripon, qui ne devrait suciter que dégoût, parvient cependant à s'offrir une jolie part d'humanité. On en redemande à l'excès.



Asgard est tombé. Le Roi Odin est mort. Vive le Roi Loki !



Plaisir des yeux :

http://esadribic.tumblr.com
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Avengers Marvel now, tome 5

Cela fait plus de trois ans que j’ai laissé en plan les équipes d’Avengers version 2013 scénarisées par Jonathan Hickman. Je ne parviens pas à me souvenir pourquoi. Pourtant les scénarii sont d’une excellente qualité et touche au… multiversel.

La difficulté tient au fait que tout est imbriqué. Hickman a visiblement un plan de grande ampleur qui prend du temps à déployer. Du coup ça va être coton de résumer.



Le fond : c’est une catastrophe multiverselle. Les Terres d’univers parallèles entrent en collision deux à deux. Soit elles sont toutes deux détruites, soit l’une détruit l’autre, et les univers suivent.

Sur la Terre Marvel que nous connaissons, seuls un groupe de « sages » héros, les Illuminati, est au courant et lutte pour empêcher les incursions. Mais quand elles se produisent quand même, il leur faut envisager de détruire l’autre Terre, un acte qui met à mal leur morale et leur éthique jusqu’à la limite. Jusqu’ici cependant ils ont pu éviter d’en arriver là, mais surtout par chance.

Captain America faisait partie des Illuminati mais refusait résolument de franchir ce pas. On ne tue pas autrui. Noble, mais suicidaire pour leur univers entier. Les autres Illuminati, Tony Stark et Docteur Strange en tête, lui effacèrent la mémoire et le placèrent à la tête d’une équipe d’Avengers chargé de résoudre les « petits conflits ».



Petits conflits : éliminer une race extraterrestre se posant comme créatrice des races pensantes et décidées à détruire tous ses enfants ; abattre Thanos et ses forces qui envahissent la Terre. Des broutilles quoi. Tout ça a été raconté précédemment.



Dans ce tome 5, la liste de ménage de printemps continue : une planète vagabonde fonce vers la Terre, mais un Iron Man venu du futur va aider les Avengers de Captain America à exploiter « l’incident » à leur profit. Puis une autre équipe d’Avengers qui ressemble à l’équipe des origines fait son apparition, sauf qu’il s’agit clairement de vilains assoiffés de pouvoir qui trouve intéressant de se tailler un nouveau royaume (si vous avez suivi : Terres parallèles, équipe d’Avengers venus d’ailleurs, ça devrait faire tilt).

Ce tome est en fait plutôt marrant. Hickman décrit avec beaucoup d’humour les scientifiques de l’AIM qui ne sont pas pour rien dans l’intrusion de ces méchants Avengers. Et dans un épisode magistral, il met Bruce Banner qui a fini par faire ses maths et a compris que les Illuminati étaient de retour face à Tony Stark qui joue les innocents jusqu’à ce qu’il soit acculé. Durant l’entretien, Banner n’arrête pas de s’inoculer des tranquillisants pour éviter que Hulk ne sorte et ne décapite le play-boy milliardaire. Cela aussi est plutôt drôle.



Bref, face aux enjeux d’un niveau rarement atteint – à part peut-être dans Crisis on Infinite Earths chez DC – Jonathan Hickman parvient à maintenir de l’humour et à s’accrocher à la sensibilité humaine de ses héros.

Une sacrée réussite.

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Loki

Loki est le nouveau roi et maître d'Asgard, il a détrôné et fait prisonnier Odin ainsi que tous les autres dieux du panthéon nordique… dont son demi-frère Thor. C'est une très grande victoire pour le dieu du mensonge, une revanche sur tous ceux l'ayant méprisé toute sa vie. Mais son destin est-il de gouverner ? Seul ?



S'il s'agit bien d'un comics Marvel, ne vous attendez pas à une histoire de super-héros. Il s'agit bien d'un récit mythologique nous plongeant dans les intrigues entre divinités où la jalousie est l'un des principaux maux. Loki est le personnage central de cette saga et la narration nous permet de mieux les comprendre, lui et ses ambitions, mais aussi ses souffrances et contradictions.



Cet album est visuellement somptueux grâce à l'utilisation de la peinture acrylique qui nous donne la sensation de contempler des tableaux à l'ambiance crépusculaire. Si les couleurs sont volontairement ternes, voilées même, cela ne fait que renforcer l'effet d'une brume mystique semblant flotter sur Asgard.



Véritable récit introspectif d'un esprit tourmenté, cette histoire en un tome est une grande réussite rendant un bel hommage aux grandes sagas mythologiques.
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Namor : Voyage au fond des mers

Suite à la disparition d'une équipe scientifique partie à la recherche de l'Atlantide, un autre équipage est envoyé à leur secours. Pour certains, le responsable n'est autre que le légendaire et monstrueux Namor, créature des profondeurs défendant son territoire et les mystères des abysses.



Le Professeur Randolph Stein, démystificateur émérite et sceptique professionnel, mènera l'expédition de sauvetage dont le voyage sera une plongée dans l'angoisse et le mènera aux portes de la folie !



Dans la mythologie des super-héros américains, le méconnu Namor est en quelque sorte le Aquaman de chez Marvel, un atlante protecteur des océans. Ici pourtant, point de costume kitch et de super pouvoirs. Cette histoire est une réécriture transformant le Prince des Mers en un être de légende terrifiant les marins. le récit est un véritable thriller claustrophobique et paranoïaque où les marins vont devoir lutter contre une menace qu'ils ne peuvent pas voir. Servit par un dessin sublime qui nous « plonge » dans une ambiance angoissante plus proche d'un récit de Lovecraft que d'une aventure de super-héros. Voilà donc un polar horrifique et sous-marins des plus réussis.
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Loki

Cette édition contient les 4 épisodes de la minisérie "Loki" parue en 2004, scénario de Robert Rodi, illustrations et couleurs d'Esad Ribic.



Loki Laufeyson est installé sur le trône d'Asgard, Thor enchaîné est à ses pieds, Odin est confiné dans ses quartiers, Balder est emprisonné, Sif également. Sa victoire est complète et totale. Il ne lui reste plus qu'à contenter les alliés qui lui ont permis cette victoire, décider du sort des vaincus, à commencer par celui de Thor, et s'installer à la tête d'Asgard.



Pour l'accroche de cette série, Marvel avait choisi de mettre en avant qu'il était temps pour le lecteur de découvrir le point de vue de Loki, sur ses relations conflictuelles avec son frère. Robert Rodi a l'idée intéressante de placer Loki dans une situation où il a gagné et obtenu tout ce qu'il souhaite. Le lecteur le découvre en train de mettre son frère plus bas que terre, en train de se vanter auprès de son père adoptif, en train de tenir la dragée haute à Hela, etc. Il lui reste à réinventer sa place à Asgard dans ce nouvel ordre des choses. Au fil de ses péroraisons, Loki se remémore quelques moments de sa vie et la manière dont les autres asgardiens l'ont traité, ce qui ont façonné son approche de la vie.



Le premier plaisir immédiat de cette lecture se trouve dans les illustrations peintes d'Isad Ribic. Il emploie des couleurs délavées qui confère une ambiance intemporelle au récit. Ribic dépeint Asgard sous la forme d'un immense château, tout en blocs de taille énormes et massifs. De temps à autres, une poutre, elle aussi massive, renforce la structure. Au fil des pages, l'architecture d'Asgard évoque le haut moyen-âge, mais aussi les constructions plus anciennes de la Grèce antique. Ce décor souligne le fait que les personnages ne sont pas des mortels, mais des dieux évoluant dans un temps qui ne connaît pas le changement, dans des structures qui ne subissent pas l'érosion du temps. Les lieux deviennent immanents et permanents. Cette approche trouve sa limite quand Ribic se hasarde à montrer les constructions entourant le château principal d'Asgard. Lors de ces rares occurrences, il développe une société moyenâgeuse qui rompt le charme de l'immersion car elle ramène ces individus plus grands que nature à de simples seigneurs féodaux.



Ribic a également l'art et la manière de dramatiser les scènes sans les rendre artificiellement théâtrale. La première image montre Thor à genoux sur un dallage de pierre, la tête baissée sous le poids d'un joug. Il est à la fois musculeux, et complètement soumis. L'image est saisissante tellement elle est éloquente. Tout au long des 4 épisodes, Ribic conjure d'étonnants visuels qui restent dans la mémoire, qu'il s'agisse de Thor enchaîné, de Sif dans sa cellule, Karnilla en pleine incantation, d'autres versions de Thor et Loki, etc. Ribic sait capturer la majesté de ces personnages, leur port altier et leur dimension shakespearienne. Il n'y a que les costumes de Hela et Sif (2 personnages féminins) qui semblent mal accordés à cette vision régalienne des personnages. Ribic a choisi de donner un corps d'athlète à Loki, et de l'affubler d'une dentition irrégulière avec des dents manquantes, comme s'il voulait combiner la divinité de Loki avec le coté pernicieux de sa malignité.



Ce dernier point physique rejoint le parti pris de Rodi qui est de montrer Loki avec ses faiblesses. Alors qu'il se trouve sur le trône, Loki refuse de prendre les responsabilités de régent du royaume ; il remet au lendemain toutes les décisions relatives à la gestion des conflits et aux doléances des représentants de ses sujets. C'est comme si Rodi voulait attirer l'attention du lecteur sur le fait que Loki est d'essence mauvaise ; il n'est pas le héros du récit, mais simplement le personnage principal. Cette composante diminue un peu l'impact de la narration car elle insiste sur un clivage Bien / Mal. Rodi n'ose pas aller au bout de son idée et faire de Loki un héros incompris par le reste de ses pairs, le dieu de la malignité assurant son office de manière légitime.



Mis à part ce manque d'audace, Robert Rodi réussit son pari de faire parler Loki tout au long du récit, sans tomber dans un soliloque trop artificiel, et de montrer son point de vue. Il embrasse complètement la mythologie nordique adaptée à la sauce Marvel et développée par Stan Lee et Jack Kirby (Balder, Heimdall, Sif, Karnilla), tout en réservant quelques surprises piochées dans le canon de cette mythologie. Mais le tour de force accompli par Rodi est de ne pas se laisser emprisonner par l'une ou l'autre des continuités (Marvel, ou mythologie nordique). Dans un moment exceptionnel, il embrasse les contradictions des différentes versions, tout en augmentant encore la dimension dramatique du personnage. Rodi réussit à convaincre le lecteur de l'évolution de Loki, de son revirement et de sa possible rédemption. Il bâtit avec aisance un portrait psychologique crédible de Loki qui justifie ses motivations et ses actes.



Le scénariste et l'illustrateur se sont emparé du supercriminel Marvel pour lui redonner toute sa dimension mythologique et en faire un personnage repoussant pour lequel le lecteur ressent une forte empathie et finit par espérer une issue heureuse. Rodi et Ribic proposent une vision très personnelle d'Asgard, entièrement mythique, siège de drames shakespeariens, et totalement envoûtante. 5 étoiles. Robert Rodi a écrit 3 autres histoires pour Thor : Au nom d'Asgard, Les retrouvailles et La saga des Déviants.
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VS, tome 1 : Ligne de front

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5 de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Ivan Brandon, dessinés et encré par Esad Ribić, avec une mise en couleurs réalisée par Nic Klein. Il comprend également les couvertures alternatives réalisées par Dan Panosian et Jae Lee.



Des dizaines d'années dans le futur, sur une planète avec un anneau, sous la supervision et la surveillance de gouvernants ayant élu domicile dans des satellites spatiaux, une bataille va commencer. Les soldats d'une faction sont campés sur leur position, ayant du mal à supporter le silence de l'attente. Non loin de là, le commando ennemi vient d'arriver. Il se compose de 6 soldats, avec pour chef un vétéran nommé Satta Flynn équipé d'un exosquelette dorsal avec 4 bras supplémentaires. Il donne l'ordre à 2 soldats de se déployer sur les flancs, et aux 3 autres de le suivre. À quelques mères en hauteur, de nombreuses caméras filment tout. Le soldat parti en vol autonome se fait descendre dès la première minute. Un autre reçoit en projectile en pleine poitrine. L'une des caméras annonce une pause pour les écrans publicitaires. En fait il s'agit d'une rediffusion que Satta Flynn regarde depuis son lit d'hôpital car il a été grièvement blessé pendant cette campagne. 86 jours après sa blessure, il peut enfin sortir de l'hôpital, avec une nouvelle jambe cybernétique à la place de celle qui a été amputée. Il sort en fauteuil roulant, mais se met debout malgré la douleur, pour le bénéfice des journalistes présents à l'entrée. Il est rapidement pris en charge par le représentant de l'entreprise qui l'emploie, et par Xem, une jeune femme qui lui est attachée.



Quelques jours plus tard, Satta Flynn est de retour sur le champ de bataille. Il court pour éviter les tirs de l'ennemi, tout en progressant de l'avant. Il finit par débusquer le chef de peloton ennemi en le surprenant. Il s'engage dans un combat acharné au corps à corps. L'autre réussit à lui trancher une artère du cou. Flynn ne se rend pas pour autant, et enfonce sa propre lame dans le cou de son adversaire, le tuant. Mais il se fait lui-même poignarder dans le dos par un autre ennemi à l'agonie sur le terrain. Il se retourne dans un sursaut pour le tuer également, et s'effondre sur son cadavre. La bataille est parvenue à son terme, et les services médicaux et autres pénètrent sur le terrain pour s'occuper des blessés et enlever les cadavres. Satta Flynn n'est pas mort, mais il a échoué. La sanction est double : son entreprise n'a pas gagné la partie et va perdre des territoires de vente. Lui-même va perdre des sponsors et donc des revenus financiers. Par contre, ça ouvre la porte à de nouveaux soldats pour prendre sa place, des plus jeunes.



A priori, le lecteur est attiré vers ce comics, à la fois par le dessinateur, à la fois par le scénariste. Esad Ribić s'est fait connaître par ses pages s'apparentant à des illustrations pour des projets comme Loki (2004, scénario de Robert Rodi), Silver Surfer: Requiem) (2007, scénario de Joe Michael Straczynski), Sub-Mariner: The Depths (2009, scénario de Peter Milligan), Secret Wars (2016, scénario de Jonathan Hickman). Le lecteur note toutefois que l'artiste n'a pas réalisé lui-même sa mise en couleurs. Elle a été réalisée par Nic Klein qui a déjà travaillé avec Ivan Brandon, en particulier pour la série de science-fiction Drifter. S'il l'a lue, le lecteur garde en souvenir des visuels envoûtant et une structure narrative déroutante, exigeant un bon degré d'investissement pour rassembler les pièces du puzzle du scénario, dispersées aux quatre vents des épisodes. Du coup, il peut éprouver un peu d'appréhension à se plonger dans ce nouveau récit de Brandon. D'un autre côté, il s'agit d'un récit complet en 5 épisodes, donc nécessitant moins d'effort que pour les 19 épisodes de Drifter. En outre les premières pages donnent l'impression qu'Esad Ribić a réalisé ses planches tout seul, tellement Nic Klein a calqué sa mise en couleurs sur la méthode de Ribić. Enfin les 12 premières pages narrent une opération militaire de terrain, tout en action.



Ivan Brandon n'a quand même pas abandonné complètement sa manière de raconter une histoire, et ce n'est que progressivement que le lecteur découvre les raisons et les enjeux de ces affrontements entre professionnels. Cependant, il n'est pas compliqué de comprendre ce qui est en train de se jouer. Le récit se concentre essentiellement sur Satta Flynn, ce combattant vétéran émérite, tout entier focalisé sur son métier. La jeune Xem n'apparaît que le temps d'une page et n'est même pas une récompense pour Flynn, selon toute vraisemblance encore moins une compagne. Les seuls femmes à jouer un rôle de premier plan sont 2 combattantes comme Flynn, Mama Martine et Major Devi, cette dernière étant plus jeune et plus compétente que lui. Satta Flynn embrasse donc complètement sa condition de combattant célèbre et redoutable, sans état d'âme, sans autre motivation que celle de sortir vainqueur. Sa blessure grave ne remet pas en question sa motivation. Il n'éprouve pas de peur particulière face à la mort. Seule la supériorité de Major Devi le déroute, impliquant la fin de sa supériorité, une déchéance vraisemblable à court terme. Du coup Satta Flynn n'est pas un héros parce qu'il est difficile de l'admirer du fait de son absence de questionnement, mais il n'est pas complètement antipathique parce que le lecteur ressent de l'empathie pour son obsolescence proche.



Les premières pages impressionnent le lecteur commençant par 2 dessins en pleine page, puis 3 pages avec 3 ou 4 cases, comme une sorte de travelling avant vers le champ de bataille, en partant depuis l'espace. Le lecteur retrouve les formes tracées à grand trait d'Esad Ribić, noyées dans des camaïeux de couleurs pastel, des brumes mangeant les détails. Il lui faut donc un peu de temps pour se rappeler que la mise en couleurs a été faite par Nic Klein et pas Ribić. Cela devient un peu plus apparent par la suite car les formes deviennent détourées par des traits encrés, attestant que le dessinateur a un peu changé de mode de représentation. Cela l'incite d'ailleurs à représenter plus de détails, à se montrer plus concret. Cela constitue un plus pour le récit, car du coup les éléments de science-fiction sont plus palpables, plus tangibles. Le lecteur peut voir la technologie futuriste, les quelques vaisseaux, les tenues d'anticipation, les armes du futur. Les représentations ne s'inscrivent pas dans une démarche prospective d'anticipation à partir de la science d'aujourd'hui, mais elles permettent au lecteur de s'immerger dans un monde cohérent, différent du présent. L'observation des dessins lui permet de se faire une représentation des constructions de cette planète, de son degré d'avancée sur l'échelle de la civilisation, de son urbanisme, même si le scénario ne s'appesantit pas sur la vie quotidienne.



Nic Klein effectue un remarquable travail de mise en couleurs, avec des teintes assez pâles, un peu blafardes. Il les utilise pour accentuer le relief des formes, et apporter des informations sur les sources d'éclairage. Il établit une teinte dominante par séquence pour lui conférer une ambiance particulière. Il nourrit les fonds de case lors des affrontements car les champs de bataille se trouvent en zones sauvages, ou dans des zones dévastées. Le lecteur pourrait craindre que ces choix graphiques rendent la lecture un peu difficile, mais en fait Esad Ribić conçoit des personnages et des tenues avec des spécificités assez fortes pour que le lecteur sache tout de suite qui il est en train de regarder attaquer, ou où se situe l'action. Le choix de couleurs délavées peut donner l'impression que le récit manque d'éclat, mais le lecteur constate rapidement que les combats sont spectaculaires, avec des déroulements inventifs, et que certains lieux en imposent soit par des constructions gigantesques, soit par la beauté de la nature. La narration graphique emmène donc le lecteur sur une autre planète peuplée d'humanoïde, dans un futur lointain, au milieu de combats menés par des professionnels jusqu'à la mort.



Ainsi immergé, le lecteur se laisse prendre par la fureur des combats, par la détermination professionnelle de Satta Flynn. Comme lui, il absorbe les informations quand il en a le temps, pour comprendre quels sont les enjeux réels de ces affrontements. Ivan Brandon ne s'est pas contenté de concevoir une intrigue, il a également travaillé sur la forme, avec l'insertion de pages de publicité, comme dans la retransmission des combats, aidé par Tom Muller, un designer. Il s'agit de produits inventés pour l'histoire, mais fonctionnant comme des échos de produits existants, telle une célèbre marque de soda. L'effet produit est de faire remarquer au lecteur que ces combats s'inscrivent dans une forme de gouvernement, un système fonctionnant sur le principe du capitalisme, où le terme guerre économique peut être pris au pied de la lettre. En soi, le propos ne s'avère pas original, mais sa mise en forme (récit de SF, dessins à la forte personnalité) en fait une fable pour adultes, débarrassée de toute naïveté. Le scénariste utilise le genre SF pour mieux faire ressortir les principes sous-jacents qui conduisent les personnages à se comporter ainsi. Il a réussi à trouver le juste équilibre entre récit au premier degré et critique du système.



Au vu des créateurs de cette histoire, le lecteur peut se retrouver tiraillé entre 2 a priori conflictuels, entre curiosité pour un scénario ambitieux et des dessins personnels, et appréhension pour une structure de récit trop alambiquée, et des dessins trop fades. Il se trouve qu'Ivan Brandon, Nic Klein et Esad Ribić ont combiné le meilleur de leurs particularités, pour un récit de science-fiction basé sur l'action, avec une dimension réflexive, et des dessins riches à la mise en couleurs personnelle.
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Namor : Voyage au fond des mers

Il y a deux idées très intéressantes dans ce récit d'aventure. Il est question d'un scientifique cartésien qui a l'habitude de démystifier les contes et les légendes à travers le monde. Il a par exemple prouvé à la communauté scientifique que le Yéti n'existe pas. Le voilà désormais embarqué dans une mission scientifique afin de prouver que l'Atlantide est également une bonne vieille légende fantastique. On aurait pu craindre légitimement le pire avec un tel postulat de départ. Cependant, la suite sera traitée avec une grande dose d'intelligence. Le scénario est en effet parfaitement maîtrisé.



La seconde observation concerne le fameux gardien de l'Atlantide à savoir Namor qui donne le titre à cette oeuvre présenté par Stan Lee. On s'apercevra que celui-ci fera très peu d'apparitions. Il est presque fantomatique comme pour faire douter de son existence. Son ombre plâne sur cette histoire.



En effet, cette nouvelle sera surtout axée sur le mal des profondeurs que l'on peut éprouver à bord d'un sous-marin avec une ambiance tout à fait claustrophobique. Il faut dire que ce n'est pas moins que la fosse des Mariannes qui est explorée, à près de 10000 mètres de profondeur dans un noir absolu.



Un album très réussi avec un final qui étonnera. Plongez-vous dans le monde de Namor !
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Namor : Voyage au fond des mers

« Namor », est une variation assez classique du huis-clos horrifique en sous-marin. Le découpage et la mise en scène sont plus qu’essentiels puisque de décors il n’y a presque pas! Tout est dans les visages (mêmes gros plans torturés et ravageurs que dans Loki ou même Thor du même illustrateur Magnifique, Esad Ribic) et les cadrages sens dessus dessous qui créent une véritable atmosphère paranoïaque et inquiétante. Namor devient une créature démoniaque et invincible (on est proche du Ghor du « massacreur de dieux« ) avec un traitement hyper-réaliste qu’utilise par exemple au cinéma M. Night Shyamalan sur Incassable. « Namor » (titré « the depth » en VO) est l’histoire d’un scientifique en quête de gloire qui souhaite prouver au monde que le mythe d’Atlantide n’existe pas. La descente en sous-marin dans la fosse des Marianne va confronter l’équipage à ses peurs et le scientifique à son cartésianisme (grosso modo le même sujet – en moins fantastique – que le très bon « Sanctuaire« de Bec et Dorison). Le scénario est un voyage en tension vers la folie et l’irrationnel. Le dessin est un exercice de style de mise en ombres et en contrastes des visages de cet équipage. Tantôt dans le noir absolu, tantôt dans la lumière blafarde des lampes, Ribic travaille ici la lumière puisque son histoire n’est qu’ombre et lumière (les monstres tapis dans la première face à la lumière de l’esprit rationnel). Si l’on peut tiquer sur un usage immodéré des « gros yeux » et une difficulté à distinguer ses personnages par moment, Esad Ribic livre néanmoins ici une partition impressionnante que l’on n’a pas l’habitude de trouver dans la production BD américaine.
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Namor : Voyage au fond des mers

En 1939, un aventurier du nom de Marlowe monte une expédition à bord d'un sous-marin pour retrouver la cité d'Atlantis. Toute l'expédition est perdue corps et âme. Quelques années plus tard, une nouvelle expédition est financée pour retrouver la précédente. Quelques industriels ou une agence gouvernementale chargent Randolph Stein de partir sur ses traces. Stein est un sceptique professionnel ; il parcourt le monde pour exposer la réalité derrière les mythes. Son dernier exploit est d'avoir capturer un spécimen de singe qui avait donné naissance à la légende de l'abominable homme des neiges. Le lecteur est amené à suivre Randolph Stein à bord du submersible Plato. L'histoire est narrée essentiellement du point de vue de Stein avec quelques extraits de son journal intime. Toutes les figures imposées du genre sont au rendez-vous : scientifique en but aux croyances des marins, mutinerie, étrange créature évoluant autour du sous-marin sans laisser de trace matérielle, ténèbres des abysses, huis clos étouffant, angoisses, accès de démence, etc.



L'histoire d'un équipage de sous-marin en plongée prolongée est un genre en soi. Peter Milligan et Esad Ribic nous livrent leur version, et le résultat est plutôt réussi. Il faut dire que les illustrations tirent à elle seule ce récit dans un monde à part. Ribic avait déjà illustré 2 récits particuliers : Loki & Requiem : Kyrie, Sanctus, Benedictus, Agnus Dei. Il utilise la peinture pour mettre en images le récit de Milligan. Il affectionne des teintes pastel douces et presque fades. Ces couleurs délavées contrastent fortement avec la noirceur des abîmes des profondeurs. Il a également recours à des formes simplifiées (aucun encrage) qui donnent une impression de dessins parfois enfantins. Mais il maîtrise parfaitement la composition et les détails choisis qu'il met en valeur par une simple touche de couleur. Ce mélange d'objets familiers aisément reconnaissables et d'individus aux contours simplifiés provoquent une forte empathie chez le lecteur. Il ose également une interprétation de Namor très personnelle qui met en valeur son étrangeté et son appartenance au monde des poissons.



Peter Milligan a choisi de faire de Namor un élément secondaire de l'intrigue. Il est une présence invisible aux abords de du sous-marin. Il rôde sans se montrer et au final il n'aura que 2 interactions avec l'équipage du Plato. Le coeur du récit est donc un mélange de Stein poursuivant Namor pour mieux démontrer son inexistence (tel Achab obnubilé par Moby Dick pour d'autres raisons) et de raison pourfendant les superstitions. Il fait de Randolph Stein un homme obsédé par sa mission, prêt à tout sacrifier. Cette histoire a été éditée sous le label "Marvel Knights" qui est destiné à une tranche d'âge de lecteurs compris entre la ligne Marvel de base et ceux visé par la ligne "Max".



Cette variation sur l'ivresse des profondeurs dans un monde exclusivement masculin m'a bien plu. Milligan sait rendre intéressant son personnage principal sans qu'il soit simpliste ou fanatique au premier degré. Les illustrations d'Esad Ribic sont originales et plongent le lecteur dans une atmosphère suffocante. Et ils disposent l'un comme l'autre d'assez d'originalité pour que l'on n'ait pas l'impression de lire une plongée qu'on a déjà vue en film : la claustrophobie n'est pas le seul ressort de l'intrigue.
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Thor Loki

Cette édition contient les 4 épisodes de la minisérie "Loki" parue en 2004, scénario de Robert Rodi, illustrations et couleurs d'Esad Ribic.



Loki Laufeyson est installé sur le trône d'Asgard, Thor enchaîné est à ses pieds, Odin est confiné dans ses quartiers, Balder est emprisonné, Sif également. Sa victoire est complète et totale. Il ne lui reste plus qu'à contenter les alliés qui lui ont permis cette victoire, décider du sort des vaincus, à commencer par celui de Thor, et s'installer à la tête d'Asgard.



Pour l'accroche de cette série, Marvel avait choisi de mettre en avant qu'il était temps pour le lecteur de découvrir le point de vue de Loki, sur ses relations conflictuelles avec son frère. Robert Rodi a l'idée intéressante de placer Loki dans une situation où il a gagné et obtenu tout ce qu'il souhaite. Le lecteur le découvre en train de mettre son frère plus bas que terre, en train de se vanter auprès de son père adoptif, en train de tenir la dragée haute à Hela, etc. Il lui reste à réinventer sa place à Asgard dans ce nouvel ordre des choses. Au fil de ses péroraisons, Loki se remémore quelques moments de sa vie et la manière dont les autres asgardiens l'ont traité, ce qui ont façonné son approche de la vie.



Le premier plaisir immédiat de cette lecture se trouve dans les illustrations peintes d'Isad Ribic. Il emploie des couleurs délavées qui confère une ambiance intemporelle au récit. Ribic dépeint Asgard sous la forme d'un immense château, tout en blocs de taille énormes et massifs. De temps à autres, une poutre, elle aussi massive, renforce la structure. Au fil des pages, l'architecture d'Asgard évoque le haut moyen-âge, mais aussi les constructions plus anciennes de la Grèce antique. Ce décor souligne le fait que les personnages ne sont pas des mortels, mais des dieux évoluant dans un temps qui ne connaît pas le changement, dans des structures qui ne subissent pas l'érosion du temps. Les lieux deviennent immanents et permanents. Cette approche trouve sa limite quand Ribic se hasarde à montrer les constructions entourant le château principal d'Asgard. Lors de ces rares occurrences, il développe une société moyenâgeuse qui rompt le charme de l'immersion car elle ramène ces individus plus grands que nature à de simples seigneurs féodaux.



Ribic a également l'art et la manière de dramatiser les scènes sans les rendre artificiellement théâtrale. La première image montre Thor à genoux sur un dallage de pierre, la tête baissée sous le poids d'un joug. Il est à la fois musculeux, et complètement soumis. L'image est saisissante tellement elle est éloquente. Tout au long des 4 épisodes, Ribic conjure d'étonnants visuels qui restent dans la mémoire, qu'il s'agisse de Thor enchaîné, de Sif dans sa cellule, Karnilla en pleine incantation, d'autres versions de Thor et Loki, etc. Ribic sait capturer la majesté de ces personnages, leur port altier et leur dimension shakespearienne. Il n'y a que les costumes de Hela et Sif (2 personnages féminins) qui semblent mal accordés à cette vision régalienne des personnages. Ribic a choisi de donner un corps d'athlète à Loki, et de l'affubler d'une dentition irrégulière avec des dents manquantes, comme s'il voulait combiner la divinité de Loki avec le coté pernicieux de sa malignité.



Ce dernier point physique rejoint le parti pris de Rodi qui est de montrer Loki avec ses faiblesses. Alors qu'il se trouve sur le trône, Loki refuse de prendre les responsabilités de régent du royaume ; il remet au lendemain toutes les décisions relatives à la gestion des conflits et aux doléances des représentants de ses sujets. C'est comme si Rodi voulait attirer l'attention du lecteur sur le fait que Loki est d'essence mauvaise ; il n'est pas le héros du récit, mais simplement le personnage principal. Cette composante diminue un peu l'impact de la narration car elle insiste sur un clivage Bien / Mal. Rodi n'ose pas aller au bout de son idée et faire de Loki un héros incompris par le reste de ses pairs, le dieu de la malignité assurant son office de manière légitime.



Mis à part ce manque d'audace, Robert Rodi réussit son pari de faire parler Loki tout au long du récit, sans tomber dans un soliloque trop artificiel, et de montrer son point de vue. Il embrasse complètement la mythologie nordique adaptée à la sauce Marvel et développée par Stan Lee et Jack Kirby (Balder, Heimdall, Sif, Karnilla), tout en réservant quelques surprises piochées dans le canon de cette mythologie. Mais le tour de force accompli par Rodi est de ne pas se laisser emprisonner par l'une ou l'autre des continuités (Marvel, ou mythologie nordique). Dans un moment exceptionnel, il embrasse les contradictions des différentes versions, tout en augmentant encore la dimension dramatique du personnage. Rodi réussit à convaincre le lecteur de l'évolution de Loki, de son revirement et de sa possible rédemption. Il bâtit avec aisance un portrait psychologique crédible de Loki qui justifie ses motivations et ses actes.



Le scénariste et l'illustrateur se sont emparé du supercriminel Marvel pour lui redonner toute sa dimension mythologique et en faire un personnage repoussant pour lequel le lecteur ressent une forte empathie et finit par espérer une issue heureuse. Rodi et Ribic proposent une vision très personnelle d'Asgard, entièrement mythique, siège de drames shakespeariens, et totalement envoûtante. 5 étoiles. Robert Rodi a écrit 3 autres histoires pour Thor : Au nom d'Asgard, Les retrouvailles et La saga des Déviants.
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Namor : Voyage au fond des mers

Le plus étonnant dans cet album c'est que Namor on le voit quasiment peu. Il est l'étincelle d'un scénario très bien maitrisé du début jusqu'à la fin.

Un professeur, très cartésien, va rechercher une expédition perdue à la recherche de l'atlantide. Une nouvelle expédition se forme pour aller dans les profondeurs marines.

La description des personnages est parfaitement traduite. L'atmosphère des profondeurs est aussi bien rendue, on ressent bien l'univers d'oppression dans un sous-marin. Le noir profond pèse sur ce petit monde terrien.

Quant au dessin c'est grandiose. De la peinture, oui de la vraie peinture d'aquarelliste. C'est beau, doux, magnifique... Les visages des personnages sont expressifs. Un grand plaisir pour nos petits yeux de lecteur. Une ambiance magnifiée par cette peinture. Il fallait le faire et Ribic Esad l'a fait avec talent.

Namor est impressionnant, inquiétant. Il fait peur. Personne ne l'avait dessiné comme cela. La petite scène de son apparition à travers le hublot est belle, elle traduit bien l'atmosphère de cette bd. Il est magnifique dans ce rôle de mythe.



Tu veux plonger au plus profond des mystères aquatiques alors n'hésite pas. Vas rechercher Namor en compagnie du professeur Stein.



Une bédé très belle et bien scénarisée.

Etonnant.
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Thor - Marvel Now, tome 2 : Le Massacreur d..

Ce tome fait suite à THOR MARVEL NOW T01 (épisodes 1 à 5) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il contient les épisodes 6 à 11, initialement parus en 2013, écrits par Jason Aaron, et mis en couleurs par Ive Svorcina. L'épisode 6 a été dessiné par Jackson Guice, et encré par Tom Palmer. Les épisodes 7 à 11 ont été dessinés et encrés par Esad Ribic. Ce tome comprend également la couverture alternative réalisée par Gabriel Dell'Otto.



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- Épisode 6 - Il y a 3.000 ans sur une planète sans nom, Gorr se déplace avec sa mère dans une zone désertique rocheuse. Elle lui enjoint de prier régulièrement les dieux pour qu'ils lui accordent leurs biens faits, tels qu'un peu de nourriture, un abri le protégeant des bêtes sauvages. Mais elle meurt assaillie par lesdites bêtes, sous les yeux de son fils. Plus tard, Gorr est devenu un adulte, et même un père, toujours sur cette planète si inhospitalière. Il perd sa femme et son enfant dans un éboulement. Il n'en peut plus de rendre grâce à ces dieux qui lui offrent un quotidien si cruel.



Il était effectivement nécessaire que Jason Aaron donne un peu d'épaisseur à Gorr, l'opposant de Thor apparu pour la première fois dans le tome précédent. Le lecteur sait déjà que cet antagoniste hait les dieux et a juré de tous les détruire, il ne reste plus qu'à découvrir la raison d'une telle haine. Le scénariste utilise une trame simple : un individu sur une planète désolée, accablé par les coups du sort, qui en vient à blâmer les dieux quel que soit le panthéon considéré. Il finit par trouver une source de pouvoir qui lui permet d'assouvir sa vengeance dans les grandes largeurs. C'est très basique, et plutôt dépourvu de surprise ou de nuances.



Pour cet épisode, Esad Ribic laisse la place à une autre équipe artistique afin de disposer du temps nécessaire pour dessiner les épisodes suivants en respectant la cadence de parution mensuelle. Jackson Guice respecte à la lettre les indications du scénariste, sans grande inspiration. En fonction des exigences de la scène, le désert est vaguement sablonneux, ou plus rocailleux. Les personnages sont tous vêtus du même pagne. Les expressions de désespoir et de rage sont dramatisées jusqu'à l'exagération, et encore appuyées par l'encrage très professionnel de Tom Palmer. Le lecteur éprouve la sensation de repasser sans cesse par le même endroit, sans se faire une idée du relief ou de la géographie de la planète, et en se demandant comment les femmes peuvent enfanter dans de telles conditions, et comment le fruit de leurs entrailles peut survivre et dépasser le stade de nourrisson en subissant une telle pénurie de nourriture.



Les origines de Gorr s'avèrent très convenues, et sans grand intérêt. 2 étoiles.



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- Épisodes 7 à 11 - En Islande en 893, le jeune Thor se réveille en pleine nuit, avec une jolie guerrière à ses côtés. Il a l'intuition que Gorr n'est pas mort. Des millénaires dans le futur, le Thor du présent a rejoint le Thor du futur en Asgard. Le plus âgé constate que la disparition de la barrière d'entités noires qui l'empêchait de quitter les ruines de son royaume. Il conseille au plus jeune de se préparer pour le voyage et la bataille à venir en lui indiquant une salle où trouver de quoi se réconforter, pendant que lui-même va préparer la nef et chercher ses armes. Dans le passé, Gorr vient récupérer le jeune Thor pour le réduire en esclavage. Dans le présent, Shadrak (le dieu des bombes) se fait attraper par le Seigneur Libraire, dans la Cité de l'Omnipotence, le nexus de tous les dieux.



Le titre de ce tome indique clairement l'enjeu : dans le futur, Gorr est sur le point d'achever la construction de sa bombe fabriquée pour détruire tous les dieux. Le lecteur n'a pas beaucoup de doute quant au déroulement de l'intrigue. Chacun des 3 Thor va assaillir Gorr à plusieurs reprises, subir des revers, jusqu'à temps que l'un d'entre eux parvienne à accomplir une percée décisive grâce à son obstination et sa force. Effectivement, le récit s'avère conforme à ce schéma. Le scénariste réserve quand même 2 surprises au lecteur. La première concerne la portée de la bombe, avec la pointe d'humour sur l'existence d'un dieu des bombes. La seconde réside dans l'identité de 3 dieux parmi tous ceux réduits en esclavage par Gorr sur sa planète : Atli, Ellisiv et Frigg Wodendottir. Pour le reste, Aaron gère une distribution de personnages se concentrant sur Gorr et les 3 Thor. Le lecteur éprouve la même sensation qu'à la lecture du premier tome, peut-être encore un peu accrue : une décompression destinée à donner de la place au dessinateur.



Esad Ribic est l'artiste qui a dessiné les premiers épisodes de cette série de Thor (débutée en 2012) et donc celui qui a défini son identité visuelle. Ses dessins conservent les mêmes caractéristiques : des formes délimitées par des traits très fins, donnant une apparence éthérée. À plusieurs reprises, le lecteur remarque qu'il utilise des vues en contreplongée pour donner plus de majesté à chacun des Thor, en s'inspirant de l'aura que leur conférait Olivier Coipel dans une itération précédente de la série. Le choix d'un détourage léger induit une forme légèreté à ce qui est représenté. De temps à autre, l'artiste représente plus d'éléments dans une case, par exemple pour la nef permettant de voyager d'Asgard à la planète de Gorr, pour les bâtiments d'Asgard dans l'épilogue, ou parfois pour les tenues de Thor. Dans ces cas-là, la légèreté des traits n'induit pas d'impression de fragilité de ce qui est représenté, ou de faiblesse.



Toutefois, le plus souvent, les personnages évoluent dans des environnements vides d'arrière-plans, comme s'ils flottaient ou se déplaçaient sur une scène vide de décors. Ce choix de narration visuelle accentue encore l'impression d'artificialité, avec des personnages évoluant sur une scène de théâtre vide. Pour contrebalancer cette sensation, le metteur en couleur effectue un travail impressionnant, largement au-dessus du simple coloriage. Il utilise le jeu des nuances d'une même teinte pour donner l'impression de sculpter les surfaces avec la couleur, se rapprochant d'un travail de peinture directe. En particulier il travaille le rendu de la peau pour représenter les muscles de Thor, faire ressortir les veines. En cela, il complète les traits encrés, ajoutant des informations visuelles qui relèvent d'habitude du dessin dans les comics. Les variations de teinte apportent également des informations sur le placement de la source d'éclairage, sur l'intensité lumineuse, et sur la manière dont chaque surface capte la lumière. Sous réserve de faire l'effort d'adaptation de lecture nécessaire, le lecteur peut alors retrouver une partie des informations d'habitude représentées par des traits encrés, dans les couleurs.



De la même manière Ive Svorcina utilise la mise en couleurs pour donner des indications sur la texture du sol, pour représenter les veines du bois, pour habiller les fonds de case avec des camaïeux sophistiqués déclinant les teintes d'une même couleur. Le lecteur accepte facilement que les combats se déroulant dans l'espace aient pour décor une nuit étoilée, sans beaucoup d'informations visuelles. Par contre il se lasse rapidement des zones désertiques, avec un trait pour indiquer le niveau du sol, de vagues contours pour indiquer la présence d'un rocher (pourtant bien habillé par les couleurs de Scorcina) et de vagues nuages de poussière mangeant une partie du décor. Il s'en désintéresse d'autant plus qu'Esad Ribic ne semble pas non plus très impliqué dans la mise en scène des affrontements. Il ne cherche pas à réaliser un plan de prises de vue qui permette au lecteur de suivre le détail des déplacements et les conséquences des coups portés. Il fait des efforts pour montrer les personnages dans des postures impressionnantes. Mais en ce qui concerne Gorr, ces postures lui donnent un air d'acteur un peu imbu de sa personne, desservant sa crédibilité. La dramaturgie de l'artiste ressort comme trop éthérée, trop diaphane pour être vraiment capable de transcrire la brutalité des coups, la force des énergies destructrices.



Du fait de la forme de décompression narrative du récit, le lecteur ne s'y ennuie pas vraiment car les pages se tournent rapidement, et l'intrigue se suit aisément. Il a du mal à s'impliquer dans ce long combat linéaire du fait de son manque de densité visuelle. Par contre, s'il a une vague idée de ce qui se passe par la suite, il se rend bien compte que ce chapitre est indispensable pour comprendre la portée de ce qui arrive au Thor du présent par la suite. En particulier, il peut déceler les prémisses de ce qui va ébranler Thor dans ORIGINAL SIN et dont le secret sera révélé dans Marvel Saga nº3, 2 récits écrits par Jason Aaron. 2 étoiles pour un lecteur de passage, sans motivation pour découvrir la suite des épisodes écrits par Jason Aaron, 3 étoiles pour un lecteur ayant repris sa lecture des aventures avec la série suivante, dans laquelle Thor Odinson s'est retrouvé indigne de manier le marteau qui a été soulevé par une femme.
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Loki

Je vous renvoie à ma critique globale des graphic novels d'Esad Ribic sur mon blog. Ci-dessous la section qui concerne Loki.

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Loki, le plus ancien des trois, est aussi le plus ambitieux. Véritable renaissance de Frazetta sous les pinceaux de Ribic, l’album projette la vision de la victoire de Loki sur les dieux d’Asgard et sa confrontation à la réalité du pouvoir et du regard des autres. On est dans du médiéval pur, oubliez la vision Marvel et plus encore MCU, ici on est dans la tradition directe du mythe. Esad Ribic apporte déjà ses expressions torturées en gros plans, ses couloirs sombres, ses colonnades surexposées. On est essentiellement en huis clos et les décors peuvent paraître austères, cyclopéens, mais c’est pour mieux se centrer sur le drama, le théâtre à l’ancienne, fait de monologues, de confrontations. Tragédie grecque transposée à Asgard, Loki est une lecture intellectuelle, qui se mérite. L’on pourrait regretter la présentation manichéenne de Loki (mais n’est-ce pas le caractère de ce dieu dans la mythologie?) dans la plume d’un auteur de comics américain, mais le cheminement est néanmoins réel jusqu’à la fin, théâtrale, majestueuse, cynique. Cet album se rapproche plus du Silver surfer par sa dimension « divine » et introspective et est une œuvre à lire, très étrangère à l’esprit des comics et qui encore une fois démontre une alchimie rare d’un auteur et d’un illustrateur au style très européen.



Cette trilogie (qui n’en est pas une) est réellement un monument graphique et artistique qui mériterait une réédition. En attendant, les trois sont dénichables par des moyens « détournés » sur les réseaux…
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Avengers Marvel now, tome 5

Ce tome au crossover Infinity. Il contient les épisodes 24 à 28, initialement parus en 2014, écrits par Jonathan Hickman, dessinés et encrés par Salvador Larroca, avec une mise en couleurs de Frank Martin (aidé par Dean White, Paul Mounts et Laura Martin pour l'épisode 24).



Épisode 24 - En 3030, dans l'un des Baxter Buildings, un Iron Man s'apprête à se rendre au vingt-et-unième siècle, avec l'accord de Franklin Richards. Il arrive en plein barbecue sur la terrasse des Avengers. Il leur explique qu'il est venu les aider pour éviter la destruction de la Terre par une planète arrivant comme une balle, droit sur elle.



Épisodes 25 à 28 - L'AIM (un groupuscule de scientifiques hors-la-loi) a réussi à fabriquer de nouveaux super-adaptoïdes, grâce à des échantillons de cellules prélevés sur les Avengers (il y a de cela quelques épisodes). À Manhattan, l'équipe des premiers Avengers (Iron Man, Wasp, Ant-Man, Hulk, Captain America et Thor) apparaît et commence à tout casser.



À la lecture de ces résumés, le lecteur a l'impression que Jonathan Hickman ressasse les mêmes sempiternelles intrigues : il n'en est rien. Le premier épisode ne donne pas confiance. L'Iron Man de 3030 arrive de nos jours, les Avengers lui font immédiatement confiance. Ils se servent du Jardin sur Mars pour bâtir une parade contre cet énorme corps céleste. Il y a de quoi se poser des questions sur cette histoire sans grand rapport avec l'intrigue globale de la série depuis le début. La résolution apporte la confirmation qu'Hickman a choisi un moyen artificiel pour mettre en place une pièce du puzzle dont il aura besoin par la suite. Le lecteur peut quand même apprécier quelques moments : Thor en train de faire griller des saucisses pour le barbecue, Tony Stark expliquant à Steve Rogers qu'il faut savoir penser plus loin que les ordinateurs (en l'occurrence le logiciel qu'il a conçu pour structurer l'équipe des Avengers, voir le premier tome), et l'envergure de la solution utilisée pour éviter la collision (avec une image de fin évoquant le partage entre New Genesis et Apokalyps dans les New Gods de Jack Kirby).



Après cet intermède un peu parachuté pour les besoins de l'intrigue, le lecteur découvre avec déception qu'Hickman recycle le concept d'adaptoïde, pour une histoire qui sent le réchauffé et le manque d'inspiration. L'apparition des Avengers du passé (épisode 4, daté de 1964) ne donne pas confiance non plus, évoquant le retour des X-Men du passé dans notre présent). Puis rapidement, l'intrigue prend une autre dimension.



De manière organique ces différents fils narratifs se révèlent des pièces supplémentaires dans le puzzle de l'intrigue, s'imbriquant de manière ingénieuse et inattendue. D'une séquence à l'autre, Hickman établit des liens avec la série des New Avengers (également écrite par lui), met à jour des connexions finaudes avec des séquences précédentes. Il met en scène l'un des Avengers dans son identité civile qui prouve qu'il n'est pas qu'une montagne de muscles, mais qu'il dispose également d'un cerveau dont il sait se servir. Pour les lecteurs qui ont suivi les 2 séries depuis le début, il voit plusieurs pièces du puzzle s'emboîter parfaitement, dans une narration portée par une tension palpable.



Jonathan Hickman ne se contente pas d'aligner les révélations. Ainsi quand le lecteur découvre l'origine des Mapmakers, il prend connaissance en même de temps de leurs motivations, de leur lettre de mission. Quand cet Avenger commence à prendre conscience de la fonction réelle du logiciel gérant la composition et l'expansion de l'équipe des Avengers, il sert également de repère moral pour apprécier les abus de pouvoir en tout genre des Illuminati. Même ce premier épisode servant de prétexte pour installer un ressort d'intrigue sert également à pointer du doigt que les incursions (voir la série New Avengers) ne sont pas le seul risque d'extermination.



Pour ce cinquième tome, les responsables éditoriaux ont confié la partie graphique à Salvador Larroca, dessinateur espagnol à la régularité métronomique, s'étant fait connaître sur les X-Men, et plus récemment sur la série Iron Man, avec des scénarios de Matt Fraction. Il détoure toutes les surfaces par un simple trait fin d'une épaisseur constante, avec un usage très restreint des aplats de noir.



En regardant avec attention ses dessins, le lecteur se dit que la frontière est mince entre des dessins épurés et des dessins creux. Par contre il n'y a pas de toute quant au côté de la frontière où se placent les dessins de Larroca. Ces représentations simples, présentent également l'avantage d'être claires et immédiatement assimilables par l'œil. Certes, le lecteur peut râler sur le caractère peu développé des décors (et leur disparition parfois une page durant), et sur le manque de texture des étoffes et des revêtements. Par contre chaque séquence dispose d'une mise en scène rigoureuse et accessible, adaptée à l'action. Larroca sait aussi bien faire ressortir l'énergie d'un affrontement physique que la tension d'une discussion.



En outre, il bénéficie d'une mise en couleurs complexe et étoffée qui apporte texture et modelage aux surfaces qui pourraient sinon paraître insipides et plates. Du coup chaque planche gagne en substance, en ambiance et en densité d'informations visuelles.



Le tome se termine avec les 5 couvertures des épisodes, ainsi que 17 couvertures variantes. Parmi les dessinateurs de ces dernières, le lecteur repère des pastiches de couvertures de comics classiques (dessinées par Daniel Acuña, Mike Deaodato, Walter Simonson, John Tyler Christopher, Art Adams, Mike Allred), et des compositions originales d'Alex Ross, Dustin Weaver, ou encore Simone Bianchi. Ces couvertures variantes sont reproduites à raison de 4 par pages, soit un format un peu petit pour pleinement les apprécier.
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Thor - Marvel Now, tome 2 : Le Massacreur d..

Cet album qui reprend les épisodes #6 à #11 de cette excellente mini-série signée Jason Aaron (lisez Scalped) propose donc la conclusion de cet incontournable diptyque consacré au célèbre fils d’Odin.



Le lecteur retrouve bien évidemment Gorr, un adversaire particulièrement coriace, dont l’activité principale consiste à massacrer toutes les divinités de l’univers. Lors du tome précédent, Jason Aaron avait fait progressivement comprendre à quel point cette nouvelle menace était sérieuse. En début d’album il a la bonne idée de revenir sur l’enfance et sur le passé de ce massacreur de Dieux, dévoilant ainsi les blessures et les motivations de ce personnage charismatique, qui gagne encore en profondeur. Cette genèse du personnage n’est pas mise en images par Esad Ribic, mais par Butch Guice, qui livre de l’excellent boulot sur cette planète aride où le petit Gorr devient le massacreur de Dieux !



Outre cet adversaire on ne peut plus convaincant, le lecteur retrouve également les trois Thor présentés par l’auteur lors du premier volet. Jason Aaron ne se contente en effet pas de proposer une aventure de Thor, mais parvient à montrer l’évolution du héros à travers les âges à l’aide d’une narration aussi intelligente qu’efficace, qui passe d’une période à l’autre et qui invite à croiser le Thor du présent, le vieux Thor du futur et le jeune Thor du passé. En couvrant une période qui va de 893 après Jésus-Christ à des milliers d’années dans le futur, en passant par le présent, Jason Aaron livre donc une histoire divine à travers les temps. Du jeune homme encore indigne de posséder le marteau Mjöllnir, qui s’intéresse surtout aux femmes et aux beuveries, à ce vieil homme aigri et fatigué, en passant par le guerrier au sommet de son art, l’auteur livre trois portraits intéressants du personnage et invite maintenant les trois divinités à unir leurs forces afin de déjouer le plan machiavélique de cet adversaire redoutable. De plus, à travers cette intrigue originale, l’auteur invite à réfléchir sur l’utilité des Dieux en général… Et pour couronner le tout, il y a ces superbes planches dessinées par le croate Esad Ribic et mises en couleurs par Ive Svorcina.



Le premier tome était déjà divin et celui-ci ne fait que confirmer que Jason est bel et bien un Dieu !



Probablement le meilleur titre de cette collection Marvel Now !



Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top Comics de l’année !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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ULTIMATE COMICS : ULTIMATES

Ce tome comprend une saison complète des Ultimates.



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Épisodes 1 à 6 - Cela fait suite à New Ultimates - Thor Reborn (2010/2011) par Jeph Loeb et Frank Cho. Il sont initialement parus en 2011/2012, écrits par Jonathan Hickman, dessinés et encrés par Esad Ribic, avec l'aide de Brandon Peterson pour les épisodes 5 et 6. La mise en couleurs a été réalisée par Dean White. Cette histoire peut se lire avec une connaissance minimale des Ultimates et de leur environnement. Il suffit d'avoir lu leur première histoire ; Ultimates (2002/2003) de Mark Millar et Bryan Hitch.



Dans une région désertique du nord de l'Allemagne, un groupe d'individus apparaît. Le Maker (leur chef) décide que c'est un bon endroit pour construire leur ville, protégée sous un dôme intégral. La construction est quasi instantanée.



Dans le bâtiment du Triskelion (le quartier général du SHIELD), Nick Fury commence sa journée par un rapport de situation. Les asgardiens (le peuple de Thor) se servent sans payer dans des magasins de spiritueux. L'Europe a décidé de mettre en service des supersoldats de classe Excalibur pour y mettre un frein. Bangkok est en flammes. L'Afrique du Sud est en guerre. Nick Fury va faire appel à ses agents de terrain : Iron Man (Tony Stark, Hawkeye (Clint Barton), Thor Odinson. Par la suite, Black Widow (Monica Chang) et Spiderwoman (Jessica Drew) vont également être appelées.



En 2000, Marvel Comics décide d'ajouter un nouvel univers, en recréant à partir de zéro ses principaux personnages, c'est ainsi que l'univers Ultimate voit le jour. 10 ans plus tard, le bilan est mitigé. Ces nouvelles versions se sont révélées, pour certaines, bien plus intéressantes que les originales. Ultimate Spider-Man s'est inscrit dans la durée. Mais pour les autres superhéros, leur pouvoir de vente dépend fortement de la qualité des créateurs réalisant les récits. Enfin, ces versions Ultimates vivent dans l'ombre des versions originales de la Terre 616 (terre principale du multivers Marvel).



En 2011, Marvel décide encore une fois de revigorer les Ultimates (la série équivalente à celle des Avengers) en la confiant à un scénariste ambitieux Jonathan Hickman, et en lui laissant carte blanche pour apporter des changements à l'échelle de la planète. Il ne s'en prive pas en installant une nouvelle superpuissance sur Terre, pas tout à fait ex-nihilo.



En découvrant l'intrigue, le lecteur est tout de suite happé par une narration très rapide et nerveuse. Hickman place Nick Fury au centre du récit et le lecteur est à ses côtés pour prendre connaissance des informations en temps réel, et observer ses réactions, découvrir ses décisions. Il a l'impression d'être au cœur du système de commande, alors que les événements échappent de plus en plus à tout contrôle.



En plus de ce point de vue narratif totalement immersif, Hickman raconte une crise à l'échelle de la planète, où chaque front possède des caractéristiques uniques, où les ennemis sont plein de ressources et ont une ou plusieurs longueurs d'avance. Il utilise des concepts de science-fiction avec habilité et de manière maîtrisée. C'est un film d'action à gros budget, vif et nerveux, avec des visuels spectaculaires.



En relançant les Ultimates avec cette nouvelle série, les responsables éditoriaux de Marvel ont décidé de mettre les petits plats dans les grands, et ils également embauché un dessinateur sortant du moule habituel des comics de superhéros : Esad Ribic. La première page met le doute, parce qu'il n'est pas sûr qu'il existe une zone désertique semblable à ce qu'il représente dans le nord de l'Allemagne.



Passée cette première page, la narration visuelle prend une ampleur épatante jusqu'à la fin. Dès l'arrivée de Nick Fury dans le Triskelion, le lecteur est à la fête. L'angle de vue pour représenter cet immeuble de grande hauteur rend compte de son caractère monumental. Les cases consacrées à Fury montrent son pas martial. Son visage montre son niveau de concentration, le poids des responsabilités, son état d'esprit combatif.



Les 2 pages suivantes sont bourrées à craquer de phylactères alors qu'un agent du SHIELD rend compte à Fury des événements survenus pendant sa période de sommeil. Ribic réalise des cases occupant la moitié de la page pour montrer un aperçu global de chacune de ces situations. Lorsque les supersoldats de classe Excalibur interviennent pour réprimander Thor, les pages sont alors dépourvues de dialogue, et tout aussi parlantes.



Outre la mise en page et le découpage des scènes, Ribic se révèle tout aussi à l'aise pour donner une apparence spécifique à chaque personnage, pour chorégraphier des scènes de combats qui claquent, pour concevoir et dessiner l'apparence futuriste de la cité du Dôme. Au bout de quelques pages, le lecteur constate également que la mise en couleurs est d'une grande sophistication. Elle n'habille pas les surfaces dessinées par Ribic, elles sont partie intégrante de la représentation picturale, avec une intelligence chromatique incroyable.



Par les nuances de couleurs, Dean White ajoute un peu de volume aux formes, il crée des ambiances par page (avec une couleur dominante), il augmente le contraste entre différentes surfaces pour mieux les faire ressortir les unes par rapport aux autres. Il donne des informations supplémentaires sur la texture des surfaces. La complémentarité avec les dessins est telle que le lecteur a l'impression que c'est une seule et unique personne qui réalisé dessins et couleurs.



Ce premier tome de la série Ultimates de 2011 constitue une aventure de grande envergure mariant avec grâce superhéros, géopolitique, science-fiction, espionnage, stratégie, dans un scénario fluide et vif, avec des dessins d'une richesse remarquable qui donnent consistance à cette histoire échevelée. Le lecteur éprouve la sensation d'être revenu au temps des Ultimates de Millar & Hitch, la provocation en moins, l'imagination en plus.



Il y a une autre raison de se replonger dans cette itération des Ultimates. Par la suite, Jonathan Hickman s'est vu confié les scénarios des 2 séries Avengers et New Avengers (à commencer par Avengers world et Everything dies). Or au cours de cette histoire d'une ampleur universelle (à l'échelle du multivers Marvel), les Avengers 616 ont croisé les Ultimates de la Terre 1610 (dans le récit commençant par Avengers: Time runs out).



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Épisodes 7 à 12 - Ils sont initialement parus en 2012. Les épisodes 7 à 9 sont écrits par Jonathan Hickman. Les épisodes 10 à 12 sont coécrits par Jonathan Hickman et Sam Humpries. Esad Ribic a dessiné et encré les épisodes 7 à 9, avec une mise en couleurs de Dean White. L'épisode 10 est dessiné et encré par Luke Ross. L'épisode 11 est encré et dessiné alternativement par Luke Ross, Butch Guice, Leonard Kirk, et Patrick Zircher. L'épisode 12 est dessiné et encré par Luke Ross, Ron Garney et Butch Guice.



Les Enfants de Demain continuent de s'installer sur Terre, aux dépends des européens. Nick Fury estime que seul avec ses troupes, il ne pourra pas enrayer leur progression. Il décide de demander l'aide de Zorn (Shen-Yi) et Xorn (Kuan-Yi), apparus pour la première fois dans Ultimate Comics Hawkeye). Ce sont les chefs de 2 races génétiquement modifiées. L'entretien n'est pas à l'avantage du directeur du SHIELD.



En parallèle, contre l'avis de Fury, mais avec l'accord du président des États-Unis, l'agent Flumm organise un entretien avec Bruce Banner pour le convaincre d'intervenir. Tony Stark et Thor Odinson préparent une contre-attaque à l'encontre des Enfants de Demain.



Surprise en découvrant ce nouveau tome : Jonathan Hickman n'a pas écrit tous les épisodes. Entretemps, les responsables éditoriaux de Marvel ont décidé de lui confier les 2 séries Avengers de la Terre principale 616, à commencer par Avengers world et Everything dies. Le lecteur a quand même la consolation qu'il a pu mener son intrigue jusqu'à son terme.



En lisant ces 6 épisodes, la différence d'implication de Jonathan Hickman dans les épisodes 10 à 12 n'est pas flagrante. Le récit ne présente pas d'hiatus, ni du point de vue de l'intrigue, ni du point de vue des concepts développés par Hickman.



L'histoire suit son cours logique. Hickman et Humphries profitent pleinement de l'envergure restreinte de l'univers partagé Ultimates, pour donner une ampleur mondiale à leur récit. Ils n'ont pas à craindre que les bouleversements apportés viennent contredire une série mensuelle, ou une autre. Effectivement, l'avènement des Enfants de Demain engendre un changement radical dans l'ordre mondial. Les scénaristes montrent comment les autres pays ou superpuissances réagissent. Le conflit est généralisé, mais tous les gouvernements ne souhaitent pas s'y engager de la même manière.



Cette dimension mondiale du conflit ne nuit pas à la mise en avant des personnalités des superhéros. Hickman et Humphries font ressortir le caractère décidé de Nick Fury, les compétences de l'agent Clint Barton, la fragilité de Tony Stark (toujours sur le fil de la catastrophe, tant du point de vue des dommages collatéraux, que de son équilibre psychologique), le manque de vision à long terme du directeur Flumm, la mégalomanie du chef des Enfants de Demain. Ils incorporent avec modération et habilité d'autres superhéros, comme Invisible Woman ou Carol Danvers.



Le lecteur est un peu moins surpris qu'Esad Ribic n'ait pas dessiné l'intégralité du tome, car il était peu probable qu'il puisse maintenir un tel niveau d'excellence à rythme mensuel (celui de la prépublication d'origine). De fait, les épisodes 7 à 9 semblent un peu moins soignés que les 5 premiers. Cela n'empêche pas la narration visuelle de rester à un excellent niveau. À nouveau, Ribic et Dean White (le metteur en couleurs de ces épisodes) donnent corps au récit, avec des éléments très réussis et personnels, qu'ils appartiennent au registre des superhéros ou de la science-fiction.



Ribic et White réussissent le tour de force visuel très impressionnant de dépeindre Hulk en pleine action, dans des images soulignant sa force incommensurable, sans donner l'impression de resservir des images déjà vues, ou de tirer le récit vers un comics de superhéros de base. Le lecteur voit un individu musculeux au-delà du possible, une sorte de produit d'une expérience génétique démentielle, que rien n'arrêtera.



Du point de vue de la science-fiction, les représentations de Ribic et White n'appartiennent pas au registre du décor en carton-pâte, prêt à l'emploi, sans âme. Ils font l'effort d'imaginer une architecture (pour le Dôme) cohérente dans ses différents éléments, et évoquant une lointaine influence manga (peut-être celle de Yukito Kishiro, voir Gunnm Last order) très discrète. D'un monastère dans l'Himalaya, à la salle du conseil à Washington, en passant par le Triskelion, le lecteur peut apprécier chaque endroit, avec ses spécificités.



Après ça, les planches de la majorité des dessinateurs paraîtront plus fades, moins originales. Effectivement avec Luke Ross et les autres, le lecteur retourne à des dessins plus classiques, plus réalistes, évoquant un peu ceux de Steve Epting. Force est de reconnaître que ces pages conservent une sensation de réalité qui les placent à part des comics de superhéros traditionnels, et que le niveau de détails est satisfaisant pour ce type de récit. Luke Ross, Butch Guice, Patrick Zircher, Leonard Kirk et Ron Garney ne sont pas insipides, ni même quelconques, mais ils ne jouent pas dans la même cour qu'Esad Ribic et Dean White.



En découvrant que Jonathan Hickman, Esad Ribic et Dean White n'ont pas terminé le récit, le lecteur craint une forte déconvenue. Finalement il n'en est rien. L'intrigue d'Hickman est menée à bien, vers une résolution pertinente et pleine de suspense. Les dessins passent d'un niveau exceptionnel, à un niveau très satisfaisant. Ces 12 épisodes peuvent se lire comme une nouvelle saison des Ultimates qui n'a pas à rougir de comparaison avec les 2 premières réalisées par Mark Millar et Bryan Hytch. Elle donne même fortement envie de lire "Ultimate Hawkeye" et Ultimate Thor, 2 miniséries écrites par Jonathan Hickman.
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Avengers Universe, tome 18

Cela faisait un moment que le contenu de ce magazine n'avait pas été aussi bon et passionnant !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Namor : Voyage au fond des mers

Très bonne découverte ce Namor

Dessins et ambiance angoissante au menu!

Un récit qui plaira autant aux fans qu'aux débutants.

Petit bémol tout de même dans cette lecture car les textes dans les cartouches de narrations sont écrits en tout petit (du moins dans la version numérique, heureusement on sait zoomer)
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Thor - Marvel Now, tome 2 : Le Massacreur d..

Début du run de Jason Aaron et le scénariste tape déjà très fort.

Accompagné par un Esad Ribic en grande forme au dessin, le duo va nous offrir ici un récit de référence sur le dieu du tonnerre.



Avec la création de Gorr, le massacreur de dieux, Jason Aaron marque les esprits dès le début de son run, si vous voulez une bonne histoire avec le boucher des dieux, c'est ici qu'il faut aller et pas sur la purge de Thor Love & Thunder de Taika Waititi.

Le récit présenté ici n'a rien à voir avec son adaptation pipi caca, il est beaucoup plus sombre, plus poétique et épique.
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Thor - Marvel Now, tome 2 : Le Massacreur d..

Un libraire m'avais vivement conseillé cette série du massacreur des dieux en ajoutant qu'il ne connaissait pas spécialement les comics de Thor auparavant.

Entrant progressivement dans l'univers des comics d'auteurs (passé par Tim sale et les batman de Greg Capullo mais aussi Humberto Ramos, Joe Quesada et les albums de Mark Millar), j'ai flashé sur les incroyables planches d'Esad Ribic et été très surpris par le formidable scénario de Jason Aaron, fait de batailles dantesques, d'aller-retour dans le temps et de violence crue qui sied au bourrin Thor. C'est l'un des meilleurs comics que j'ai lu et avoue avoir été suffisamment bluffé par le dessinateur pour suivre sur le tome 4 (le 3 est dessiné par d'autres illustrateurs) qui est dans la lignée du massacreur avec un combat inoui entre Thor et... Galactus, rien de moins!

Le final de cet album est l'un des plus puissant montré en BD. Noir, apocalyptique, cohérent. Magnifique. Rares sont les méchants créés récemment et entrés dans le panthéon imaginaire. Ghor en fait partie. Bravo les artistes.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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