Evelyne Fallows

Devant la gare, les cyclopousses à moteur verts et jaunes se bousculent. Les conducteurs rivalisent d’ingéniosité pour attirer les gens, surtout les étrangers, qui paient le double et laissent un pourboire généreux. Intrigué, André s’approche d’un véhicule au toit recouvert de plantes. Il interroge l’homme au volant, qui se présente, la main sur le cœur. Mahit, chauffeur et guide, à leur service, 24 heures sur 24. La végétation est une méthode naturelle de procurer du confort à ses occupants, explique-t-il. Ce n’est pas cher, il lui suffit d’arroser deux fois par jour, et le tour est joué.
Ravi, André fait signe à Annie de monter. Il aime cet esprit entrepreneurial et cette créativité. Deux ventilateurs, installés à l’intérieur, rafraichissent l’habitacle. André s’esclaffe.
— Mais quelle idée brillante, il manque juste un bar !
Mahit, qui a toujours rêvé de faire carrière dans le marketing, leur tend deux bouteilles de jus de mangue. Le petit véhicule, ou « jardin sur roues », comme le décrit son propriétaire, démarre et slalome entre les pots d’échappement.

Comme c’est une femme qui aime ses habitudes et l’ordre, elle retire d’abord ses deux bagues, des anneaux fins et discrets, et les dépose dans la petite coupelle spécialement réservée, sur l’étagère au-dessus de l’évier. Elle se lave longuement les mains, y compris sous les ongles et entre les doigts parce que des germes, microbes et bactéries, il en traine des millions dans une grande ville comme New York ! Surtout dans le métro, qu’elle prend très rarement, en partie à cause des germes, microbes et bactéries. New York, c’est une ville où l’on marche, et ça tombe bien, elle adore marcher.

Nous sommes allés à Assouan, au sud de l’Egypte. C’était une expérience inoubliable, j’avais l’impression de remonter le temps, ce pays a un passé prestigieux ! Nous avons fait un tour en felouque, avons déambulé parmi les ruines du temple de Philae et admiré les quatre colosses du temple de Ramsès II. Bien qu’elle ne soit jamais allée en Egypte, Mademoiselle Annie sait de quoi il parle, grâce à ses visites au Metropolitan Museum.

C’est vrai après tout, selon lui, on ne se soucie pas assez des animaux vivant avec une personne seule. Si Mademoiselle Annie faisait un malaise et n’était découverte que plusieurs jours plus tard, qu’adviendrait-il de lui ? Il aurait le temps de souffrir de déshydratation, de mourir de faim…l’idée lui est insupportable.

Elle a opté pour une coupe courte mais féminine, qui ne nécessite plus la pose des bigoudis roses. Elle les a donc rangés dans leur boîte et en a fait don à la Croix Rouge, ainsi que son tailleur gris et quelques autres vieilleries. Rien de tel que le Feng Shui je vous dis !

Elle n’utilise aucun autre produit de maquillage mais se sent nue si sa bouche n’est pas habillée. Elle enfile ses chaussures de sport, un modèle indémodable, achetées en solde il y a plus de vingt ans.

« La propreté embellit l’opulence et déguise la misère. »