- Tu sais, je me fais payer.
Brûlure au cerveau, je peux l'avoir pour de l'argent ! Il ne sait pas le plaisir qu'il vient de me faire, je vais m'offrir un tapin noir.
Nous prenons un taxi, je ne vais pas lésiner pour assouvir ce fantasme. Je demande au chauffeur de s'arrêter devant un distributeur de billets.
- Au fait, tu prends combien ?
Je n'ai aucune idée du prix d'un garçon rien qu'à moi, rien que pour mon plaisir.
- Cent francs.
- Tu fais quoi pour cent francs ?
- Je suce ou tu me suces. Trois cent francs je t'encule.
Il est aide-pâtissier, il a une « piaule » sur le boulevard Saint Germain, il n'est pas très grand mais robuste. Nous quittons le Nuage sous le regard jaloux des vieux solitaires.
Toute petite chambre, tout petit lit. Son corps ne me comble pas. La façon qu'il a de m'embrasser ne me satisfait pas. Ses caresses ne m'apaisent pas mais je veux ma part de lumière.
Au matin, je le sens plus tendre, meilleur amant, mon premier amant.
Je retourne en province, sifflotant de joie dans le train. Je viens de coucher avec un garçon, j'ai réussi, je suis enfin pédé.
« Je vais déchirer la bouche à la chatte à ta meuf. »
Je réponds à ce texte extrêmement poétique. « Je n'ai pas de meuf, et je ne vois pas, si j'avais une femme dans ma vie, comment vous pourriez lui déchirer « la bouche à sa chatte. »
L'inconnu repond après quelques minutes. « Toi, si t'as pas de femme c'est que tu dois être pédé, je vais venir te démonter le cul. »
Moi : « Viens le faire si t'es un mec. » Lui : « Je ne me salis pas la bite avec un trou merdeux. »
Nous sommes en pleine marée de délicatesse.
- Je ne comprends pas, tu es chez toi ou tu ne l'es pas ?
- Non, chez moi c'est plus bas mais ils ne veulent pas que j'y couche. Ils disent que je suis vicieux, un malade.
Je répète, bêtement :
- Qui « ils » ?
- Ceux qui me gardent. De toute façon, il faut que tu t'en ailles, ils vont venir et ne doivent pas te trouver là, sinon je vais être puni.