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Citation de Aegidius


L'affirmation de soi n'est pas une négation des autres, mais bien la capacité d'être parmi eux.

On ne sauve pas la paix sociale par l'injustice, qui porte en elle les germes d'un conflit.

Il s'agit de combattre franchement la discrimination, d'en finir avec ces petites touches cosmétiques, ces cache-misères qui achèvent d'énerver les concernés, toujours traités en mendiants de leurs simples droits. Bien sûr qu'ils ont aussi des devoirs ! Qu'on les reconnaisse d'abord concitoyens ; leur fierté retrouvée, ils surprendront par leur entrain et leur joie d'être enfin respectés chez eux et non tolérés. Qui donc n'a pas envie de s'en sortir, de s'épanouir, de se sentir assez vivants pour construire mille bonheurs ? Nous cherchons tous un horizon !
Plus que le pain gagné, c'est prendre plaisir à sa tâche qui permet de vivre heureux. Laisser les gens dans l'apathie du désœuvrement revient à les laisser mourir à petit feu et, malheureusement, les répercussions de leur désespoir n'épargnent ni leur entourage ni la société. Arrêtons de nous voiler la face, les mêmes qu'on accuse sans cesse de tourner mal sont ceux auxquels on n'accorde jamais les chances qui profitent aux autres. Ce n'est donc pas un hasard, si, recalés partout, ils sont plus susceptibles de sombrer dans la délinquance. Et des cravatés repus voudraient qu'ils se tiennent aussi tranquilles que le béton qui leur bouche l'horizon, à compter les kilomètres qui les séparent de leurs rêves ! Que feriez-vous si vous n'aviez plus que l'impuissance de vos insatisfactions, personne n'accordant la moindre chance à vos compétences, du seul fait de vos origines ? Les origines, comme tout ce qu'on y rattache, ne relèvent jamais de la responsabilité des individus, personne n'ayant choisi les siennes !

Quand il est sincère, l'amour n'est que fidélité. On peut aimer la France, la respecter, reconnaître tout ce qu'on lui doit, sans oublier d'où l'on vient.

L'Europe a trop longtemps sous-estimé le désespoir d'une partie de sa jeunesse qui, reléguée à la lisière de la société, s’est mise à inventer ses propres valeurs et, surtout, de nouveaux modèles.

L'égoïsme du Nord me tourmente, surtout lorsque je dois l'expliquer à ceux qui, là-bas, me reprochent de revendiquer ma nationalité française autant que la sénégalaise. Existence cornélienne, une liberté coincée entre deux cartes d'identité, deux langues, deux continents, deux pays, deux familles, deux loyautés, je suis l'ex-colon et l'opprimé qui réclame toujours libération. Pourtant, même l'âme déchirée, je me sens entière, l'écriture est ma suture, chaque nuit dédiée aux reprises. Avocate de mes deux mondes, à la fois partie civile et défenderesse, je m'épuise en plaidoiries, quand je plais aux uns, je déplais aux autres.

Au nom de quoi les habitants des pays du Sud se contenteraient-ils de rester enfermés, comme dans un immense zoo où les Européens iraient à leur guise les visiter, leur vendre des produits industriels, sans accepter le mouvement inverse ? L’Afrique n’est pas qu’un marché, elle n’est pas remplie de gosiers serviles, ses consommateurs que l’Europe convoite réclament le respect, c’est-à-dire la prise en compte de leurs droits humains. En cette époque d’économie supranationale, où la nécessité de se déplacer pour gagner sa vie concerne nombre d’habitants de la planète, peut-on admettre que les marchandises circulent et pas les humains, qui suivent justement les flèches ascendantes des capitaux vers le Nord ? S’il est sûr que l’Europe ne peut accueillir tous ceux qui frappent à ses portes, il est tout aussi certain qu’elle ne peut se contenter de se barricader : l’interdépendance économique qui lie son sort aux ressources africaines est la même qui conduit de jeunes Africains à venir lui demander un emploi. Elle ne veut pas d’eux ? Qu’elle paie donc les ressources africaines à leur juste prix ; que ses entreprises s’acquittent des impôts qu’elles doivent aux pays africains ; au lieu de leur vendre des excédents de denrées alimentaires, qu’elle les aide à moderniser leur propre agriculture ; au lieu d’en faire des clients captifs pour les pièces détachées, qu’elle favorise un franc transfert de technologie, sinon, qu’elle installe des usines employant les Africains chez eux ; et bientôt ceux qu’elle repousse n’auront plus aucune raison de venir se faire maltraiter sur son territoire. (…) On prend le pain de la bouche des Africains depuis des siècles et Tartuffe ose me demander pourquoi ils viennent chercher pitance chez Hercule qui s’approprie leur grenier. Hercule, sans justice, la force ne sauve de rien, du moins pas éternellement. Les migrants, les voici à ta porte, qui la réclame, cette justice !

Même si l’on reconnaît la rapide croissance des pays africains, on ne tarira pas les flux migratoires à coups de déclarations. Tant que les affaires s’y mèneront au détriment du peuple, devant une Europe complice ou indifférente, les démunis iront chercher leur salut ailleurs. La bourgeoisie africaine s’enrichit encore plus de la politique que du business. Partout naissent des fortunes soudaines souvent impossibles à justifier sur le plan légal. Seule la corruption endémique permet de comprendre comment un désargenté chronique, converti en politicien, peut se réveiller multimillionnaire après quelques mois ou de courtes années dans un ministère. Pas de corrompus sans corrupteurs, souvent occidentaux. On de développera pas le continent [africain] avec de telles pratiques. Or, le seul moyen de décourager l’immigration clandestine, c’est d’assainir la gestion des ressources locales, de consolider le système éducatif affaibli par le manque chronique de moyens. Il faut structurer l’offre professionnelle et garantir aux jeunes la possibilité de construire leur avenir chez eux. (…) Oui, croyons en l’avenir du continent africain, mais soyons assez honnêtes pour reconnaître exactement où nous en sommes, considérons nos carences, les tares de notre société, si nous voulons y remédier. Si l’Afrique était au même niveau de développement que l‘Occident – et je ne parle pas que du plan économique – pourquoi ses jeunes seraient-ils prêts à mourir pour rejoindre l’Europe ? La fierté, ça se gagne, œuvrons donc pour elle. Donnons à nos enfants la première clef de la dignité, l’éducation, et la possibilité de bâtir une vie décente chez eux, et qu’enfin le voyage devienne une aventure plutôt qu’un suicide.

Face à toute obscurité, je chercherai toujours l’issue de secours dans l’éducation, parce qu’elle seule libère l’individu de ses propres limites pour lui offrir le monde.
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