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Citation de Partemps


Méditation

Il y a de l'inquiétude et de la mort dans ces villes silencieuses et oubliées. Je ne sais quel son de cloche profond entoure ta mélancolie... Les distances sont courtes, mais néanmoins quelle fatigue elles donnent au coeur. Dans certains d'entre eux, comme Ávila, Zamora, Palencia, l'air semble fait de fer et le soleil jette une tristesse infinie dans ses mystères et ses ombres. Une main d'amour a couvert leurs maisons pour que la vague de la jeunesse n'arrive pas, mais la jeunesse est arrivée et continuera d'arriver, et au-dessus des croix rougeâtres nous verrons s'élever un avion triomphant.

Il y a des âmes qui souffrent avec le passé... et quand elles se retrouvent dans des terres anciennes couvertes de moisissure et d'immobilité ancestrale, elles oublient ce qu'elles sont pour regarder vers ce qui ne viendra pas, et si elles pensent à leur tour à l'avenir, elles viendront pleure tristement. et amère déception... Ces gens qui traversent les rues désertes le font avec la gigantesque fatigue d'être entourés d'un rythme rouge et aplatissant... Les champs !...

Ces champs, immense symphonie de sang séché, sans arbres, sans nuances de fraîcheur, sans aucun repos pour le cerveau, pleins de prières superstitieuses, de fer brisé, de peuples énigmatiques, d'hommes flétris, produits douloureux de la race colossale et d'ombres augustes. cruelle... Partout c'est l'angoisse, l'aridité, la misère et la force... et des champs et des champs qui défilent, tous rouges, tous mêlés d'un sang qui a celui d'Abel et de Caïn... Au milieu de ces champs les villes rouges ils se voient à peine. Des villes pleines de charmes mélancoliques, de souvenirs d'amour tragique, de vies de reines attendant perpétuellement l'époux qui se bat la croix sur la poitrine, de souvenirs de cavalcades funèbres où, craignant les flambeaux, on apercevait le visage décomposé de la sainte martyr qu'ils emmenèrent enterrer fuyant la profanation mauresque, de pas de chevaux vigoureux et d'ombres fatidiques de pendus, de moines miracles, d'apparitions blanches en peine de prières qui à midi sortiraient des clochers, écartant les hiboux pour demander grâce aux vivants pour leurs âmes , des voix de rois, réponses cruelles et angoissantes de l'Inquisition en criant la chair brûlée de quelque astrologue hérétique. Toute l'Espagne passée et presque présente se respire dans les cités augustes et les plus solennelles de Castille... Toute l'horreur médiévale avec toute son ignorance et avec tous ses crimes... « Ici, nous dit-on en passant, était l'Inquisition ; là le palais de l'évêque qui présidait les autos de fe", et en compensation ils s'exclament : "Ici Teresa est née. Là Juan de la Cruz"... Villes de Castille pleines de sainteté, d'horreur et de superstition ! Villes ruinées par le progrès et mutilées par la civilisation actuelle !... Vous êtes si majestueux dans votre vieillesse qu'il semblerait qu'il y ait une âme colossale, un Cid de rêve tenant vos pierres et vous aidant à affronter les féroces dragons de la destruction... Des âges flous ont traversé tes carrés mystiques. Des figures immenses vous ont donné la foi, des légendes et une poésie colossale ; vous restez debout bien que miné par le temps... Que vous diront les générations futures ? Quel salut la sublime aurore du futur vous fera-t-elle ? Une mort éternelle t'entourera au doux et suave bruit de tes fleuves, et une couleur vieil or t'embrassera toujours sous la forte caresse de ton soleil de feu... Les âmes romantiques que le siècle méprise, tant tu es si romantique et si passé,

L'âme voyageuse qui traverse vos murs sans vous contempler, ne connaît pas l'infinie grandeur philosophique que vous renfermez, et ceux qui vivent sous votre manteau n'arrivent presque jamais à comprendre les grands trésors de consolation et de résignation que vous possédez. Un cœur fatigué et plein de lassitude pour les vieux et pour l'amour trouve en vous la tranquillité amère dont il a besoin, et vos nuits d'une immobilité incomparable apprivoisent l'esprit rugissant de celui qui vous cherche pour le repos et la méditation... Cités de Castille,

vous sont pleines d'un mysticisme si fort et si sincère que vous mettez l'âme en haleine !... Villes de Castille, en vous contemplant si sévèrement, les lèvres disent quelque chose de Haendel !...

Dans ces promenades sentimentales et onctionnelles à travers l'Espagne des guerriers, l'âme et les sens profitent de tout et s'enivrent de nouvelles émotions qui ne peuvent être apprises qu'ici, de sorte qu'à la fin ils laissent derrière eux la merveilleuse gamme de souvenirs... Parce que Les souvenirs de voyage sont un retour au voyage, mais maintenant avec plus de mélancolie et réalisant plus intensément les charmes des choses... Quand on se souvient, on s'enveloppe d'une lumière douce et triste, et on s'élève avec nos pensées au-dessus de tout... On rappelez-vous les rues imprégnées de mélancolie, les gens que nous avons rencontrés, certains sentiments qui nous ont envahis et nous avons soupiré pour tout, pour les rues, pour la gare dans laquelle nous les avons vus... pour revivre la même chose en un mot. Mais si par un changement de nature nous pouvions revivre la même chose,
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