Francine Leca

Livre - témoignage - document sur les actions menées par la célèbre cardio-pédiatre Francine Leca, fondatrice de Mécénat Chirurgie Cardiaque.
Dans ce livre, les histoires s’entrecroisent : médecins, familles d’accueil, enfants malades et leurs familles des quatre coins de la planète. Des destins exceptionnels, des miracles de la médecine et de l’humanitaire, beaucoup d’humanité ! On y comprend toutes les étapes nécessaires, administratives et médicales pour soigner ces enfants qui seraient condamnés sinon.

Melad est de surcroît fébrile, encombré, essoufflé à l’extrême. Il faudra deux mois pour le tirer d’affaire. Mais au moment où, enfin, il entre dans le bureau de Francine Leca, pour la dernière consultation, la Syrie est plus que jamais à feu et à sang.
Le problème s’est déjà souvent posé, hélas. Faut-il ou non renvoyer les enfants dans des pays en guerre ? À cette question, Francine Leca a toujours répondu : oui, avec la plus grande fermeté. D’où qu’ils viennent, quelles que soient leurs conditions de vie, les « petits Mécénats » ne sont pris en charge que dans un seul but : les guérir de leur malformation cardiaque. Ils doivent, ensuite, rentrer chez eux et retrouver leurs parents ou, s’ils sont orphelins, les institutions au sein desquelles ils sont pris en charge. Cette position peut paraître cruelle, mais elle ne souffre aucune exception - il y va de la crédibilité et du futur de l’association - il y va de la crédibilité et du futur de l’association. Quelques aménagements peuvent cependnat être trouvés, dans des situations extrêmes. Ainsi, dans le cas de Melad, Francine Leca hésite-t-elle. Le père du petit garçon vient d’obtenir un visa suédois. Il a gagné ce pays et tente de faire venir sa famille auprès de lui. Dans ces conditions, il vaut peut-être mieux attendre.

À Mécénat, jamais on n’archive un dossier. Ils restent rangés sur les étagères après le départ des enfants. Chemises jaunes portant nom, numéro, et renfermant désormais une vie entière. Ces deux mois passés en France, l’intervention chirurgicale, les souffrances, la convalescence, la guérison, le bonheur près de la famille d’accueil, les jeux et les rires, et cette longue cicatrice qui restera à jamais un lien et un signe distinctif. Les enfants ont retrouvé leur famille et leurs habitudes, mais l’association ne les oublie pas. Elle prend toujours soin d’eux à distance, et, pour commencer, elle s’efforce de les aider sur le plan scolaire. […] Guérir, c’est bien. Instruire, c’est encore mieux. Suivre les enfants dans leurs études, c’est planter, un peu partout dans le monde, des graines d’espoir. Voilà pourquoi des bénévoles, sous la houlette de Martine et Daniel Blanloeil, s’efforcent de récolter des fonds, qu’ils redistribuent, ensuite, en fonction des besoins. Le principe est simple : à chaque enfant correspond un parrain, qui verse, en son nom, la somme mensuelle de 30 euros. La cellule parrainage gère cet argent en le redistribuant, non aux familles, mais aux établissements scolaires. Pour en bénéficier, les enfants doivent justifier d’une présence assidue.

6 heures du matin. Une chape de givre enveloppe l’herbe rase. Pas un bruit, pas un son, tout est immobile encore, mais les lumières brillent aux fenêtres de cette propriété de s Yvelines. Cela fait déjà un moment que Francine Leca est levée : on l’attend à 8 heures à l’hôpital Pompidou. A 76 ans, la plupart des chirurgiens ont cessé d’exercer. Pas elle. Pour quelle raison s’en empêcherait-elle ? Elle n’a rien perdu de sa dextérité et a , sans problème, obtenu une dérogation spéciale, qui l’autorise à opérer les enfants de Mécénat, dont elle a la charge. Puis, pour Francine, un chirurgien qui n’exerce pas n’est plus un chirurgien. Tout à l’heure, aux côtés du Pr Christian Latremouille, elle réparera donc le cœur de Darlène.