(Les Vierges noires)
Leur noirceur est leur éclat. La vénération, la fascination, la passion que suscitent les vierges noires n'ont d'égal que le mystère qui les entoure. (p.26)
Elles ne sont que de simples morceaux de bois taillés, d'humbles images, mais elles savent rendre simplicité et l'humilité. Les majestés en Jésus, portent la promesse du monde à venir et, par les reliques, le témoignage du passé, le sel du temps. Elles sont elles-mêmes devenues reliques, ce qui demeure quand tout se perd, ce qui est : une présence, une paix traversant les âges et les êtres. (p.24)
On sait, Grégoire le Grand et saint Augustin dixit, qu'il fallait, à l'aube de l'Occident, « christianiser ce que l'on ne pouvait détruire », convertir les idoles et par là les peuples. Qui mieux que Marie pouvait, sans heurt, s'inscrire dans la lignée des déesses mères, s'inclure dans le culte le plus ancien de l'humanité. La théologie s'est approprié une ferveur existante, lui ajoutant le message marial. c'est sans doute une réplique inconsciente à la création de l'homme par Dieu, à son image, « homme et femme ». Si Dieu, en Jésus, s'est fait homme, avec la Vierge, « la nouvelle Ève qui enfante l'homme sans péchés » (Fulbert de Chartres), la féminité est sanctifiée.
Marie est une femme au-delà des contingenges sociales et qui a dépassé les choses terrestres. Elle est l'image de l'amour mystique. ( p.19 / François Graveline)