Francis Van Gured

Les paroles résonnaient dans sa tête sans qu’Andréa Davenport ne sache pourquoi. Elles étaient là, tambourinant sans cesse, et rien ne pouvait les chasser de son esprit. Il en était de même pour la peur qui se lisait dans ses yeux.
Quelque chose lui paraissait différent depuis tout à l’heure, mais Davenport était incapable de dire quoi. Son regard se porta sur l’échiquier installé face à lui. Trente-deux figurines s’y dandinaient langoureusement comme s’il s’agissait d’une piste de danse. La lueur chancelante qu’offraient les quelques bougies éparpillées çà et là dans la pièce, orchestrait la chorégraphie. Tout agréable qu’il fut, le spectacle n’apaisa en rien le jeune homme, bien au contraire.

Il est des couples pour lesquels l’absence de disputes conjugales témoigne
moins d’un bonheur parfait que d’une difficulté chronique à communiquer. Le silence alors se fait menace, étouffant davantage les âmes sensibles, à mesure qu’il se prolonge. Roger Zaldini sur ce point au moins, n’avait strictement rien à craindre pour la solidité de son mariage : son caractère bien trempé faisait de lui l’exact opposé d’une âme sensible. Gina, sa femme, avait quant à elle hérité du tempérament extraverti et colérique de ses aïeux siciliens et calabrais. Les coups de gueule, à vrai dire, faisaient presque partie du régime matrimonial auquel avait souscrit le couple. La dernière engueulade ne remontait pas plus loin qu’à la veille au soir, si bien que Roger Zaldini et Gina s’étaient couchés fâchés, comme cela leur arrivait fréquemment. Cette situation ne semblait pas les déranger le moins du monde. Tous deux dormaient d’un sommeil profond lorsque sonna le téléphone portable du policier, peu après 3 heures du matin.

À peine les menaces étaient-elles apparues que les agents de la DGSE prenaient contact avec leurs homologues des principaux pays européens.
S’agissait-il d’extrémistes politiques d’ultra gauche de type Black Bloc ? D’ultra droite de type Bloc Identitaire ? De terroristes islamistes ? De mouvements politiques d’extrême droite opérant depuis l’étranger et désirant faire imploser l’Union Européenne ? À moins qu’il fût question de petits plaisantins souhaitant faire une mauvaise blague ? C’est précisément cette dernière hypothèse que retinrent les services de renseignements allemands.
À Paris au contraire, l’affaire fut jugée suffisamment inquiétante pour que les douze agents chargés de l’enquête reçoivent la consigne d’éviter les fuites.

Cette affaire aurait probablement connu des développements bien différents
sans l’heureux concours à son commencement de Jean-Bernard Bonvoisin, ou
JB pour les intimes. Capitaine de police à ses heures, il officiait au sein de la
prestigieuse plateforme PHAROS, une unité basée à Nanterre qui avait pour
mission de traquer les crimes et délits sur internet.

— Je suppose que c’est la première fois ! s’exclama le Commissaire en
s’adressant à Davenport.
— Quoi donc ?
— Que vous vous voyez à la télé, sur une chaine d’information qui plus est.
Davenport confirma d’un hochement de tête. Il ne portait plus sa perruque brune et le maquillage avait été enlevé.
— Vous êtes devenu un véritable héros…

Cette affaire aurait probablement connu des développements bien différents sans l’heureux concours à son commencement de Jean-Bernard Bonvoisin, ou JB pour les intimes. PHAROS, une unité basée à Nanterre qui avait pour mission de traquer les crimes et délits sur internet.
[…]
Au total, seize petites phrases repérées sur une célèbre messagerie cryptée, faisaient état d’un série d’enlèvements aux quatre coins du continent. Aucun lieu, aucune identité, aucune date n’étaient cités. Mais les échanges vocaux interceptés mentionnaient près d’une trentaine d’enlèvements tout de même. Il était aussi question d’enterrements, de diffusion des images, mais également de psychose et de projet politique de déstabilisation à grande échelle, afin que les citoyens prennent conscience de l’incurie de leurs forces de police et de leurs gouvernants

Mais tandis que le vieux continent était en ébullition, c’est un second événement qui fit prendre à l’affaire une tournure décisive. Cela se produisit quelques semaines plus tard, sur le coup de 5 h 00 du matin, sous la forme d’un appel téléphonique. Le destinataire cette fois n’était pas la plateforme nanterroise PHAROS mais le commissariat de police du 5ème arrondissement de Paris.

Cette affaire aurait probablement connu des développements bien différents sans l’heureux concours à son commencement de Jean-Bernard Bonvoisin, ou JB pour les intimes. Capitaine de police à ses heures, il officiait au sein de la prestigieuse plateforme PHAROS, une unité basée à Nanterre qui avait pour mission de traquer les crimes et délits sur internet.

À peine les menaces étaient-elles apparues que les agents de la DGSE prenaient contact avec leurs homologues des principaux pays européens

Verneuil, que cette journée avait exténué, le rejoignit dans une salle austère du commissariat qui semblait avoir pour principal point d’attraction un distributeur de boissons hors de temps et un vieux téléviseur cubique, dont on se demandait comment il faisait pour fonctionner encore. Diffusant les images d’une chaine francophone d’information en continu, l’appareil menaçait de rendre l’âme d’un
instant à l’autre. C’était peut-être, vu son état, ce qu’on pouvait lui souhaiter de mieux.