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Citation de art-bsurde


A mesure que nous nous enfoncions dans la montagne, le paysage devenait sombre et oppressant. L'aspect lugubre de certains défilés nous glaçait le cœur ; même les chevaux dressaient l'oreille, alarmés par une présence invisible mais aussi forte que celle des blocs de pierre nue.
Le sentier que nous suivions bordait parfois l’abîme et lorsque s'offrait à nos yeux la vision d'un torrent impétueux, serpentant au fond du précipice, nous nous arrêtions un instant, plaqués contre la paroi rocheuse qui semblait vouloir nous pousser dans le vide. Alors nous n'étions pas grand chose ; légèrement dressés sur les étriers, nous nous agrippions fermement aux rênes et le cheval reprenait d'un pas assuré sa marche sur le sol caillouteux.
Parvenus à un coude, où s'écartait le flanc de la montagne, nous aperçûmes pour la dernière fois la mer. Et ce fut comme si nous abandonnions un bien précieux que nous ne retrouverions jamais plus.
Nous comprenions maintenant cette sourde inquiétude qui s'emparait de nous dans ce sinistre paysage. La mer possessive et violente lorsqu'on navigue sur ses eaux, nous apparaissait de si loin comme une irremplaçable compagne, une immense étendue paisible, dont la vue rassurait, éveillant un indéfinissable sentiment d'espérance.
Il est des paysages, comme des instants de notre existence, qui restent à jamais gravés dans la mémoire ; ils s'imposent à nous avec une intensité bouleversante. Cet ultime regard que nous jetâmes vers la mer fut l'un de ces instants et nous tournâmes une dernière fois la tête afin d'emporter un peu de cette espérance avant de poursuivre notre voyage.

"Terre des oublis"
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