Que ce soit chez les fayeries ou les humains, il semblait n'exister qu'une seule espèce de mâles. Un simple sourire suffisait à leur faire envisager une conclusion des plus évidentes. Et dans un deuxième temps, sans se préoccuper de votre avis, ils vous considéraient comme leur propriété exclusive.
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Des cris perçants attirèrent son regard vers le ciel plombé. Les wyvernes avaient repris leur ballet incessant autour du sommet de la grande tour. Ces créatures, dévouées au seigneur des lieux, percevaient chez le sorcier le sang des anciens dragons. Un fluide qui coulait aussi dans ses veines, ainsi que dans celles de ses trois compagnons.
Le vent frais qui l'accueillit chassa quelque peu les brumes de son esprit.
De jour, Armenor demeurait sûre, et seuls les chats assoupis croisaient la route des acrobates amateurs. La nuit, en revanche, une autre faune bien plus dangereuse prenait possession des toits, et malheur aux inconscients qui croisaient leur chemin. Les meurtres étaient monnaie courante dans la Cité des Plaisirs, particulièrement depuis quelques mois, alors que les voleurs de la Guilde se livraient une guerre sans merci dès la nuit tombée.
"Mais qu'est-ce que je fais là ?" l'entendit marmonner Erian. A moins que ce ne fût l'écho des pensées du chevalier. De plus en plus souvent, le garçon peinait à différencier les mots exprimés des remarques transmises par les esprits. Certaines exclamations intérieures avaient en effet plus de force que bien des cris.
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"Mais lorsque le plan s'élargit, des larmes roulèrent sous ses yeux. Saamba était tenue en laisse comme une vulgaire chèvre. Ils avaient recouvert sa mâchoire d'un masque et l'avaient affublée de stupides chaussons. [...] Amayaz comprit qu'ils l'avaient droguées."
Il se força à ouvrir les yeux et serra les dents avec une violence qu'il ne connaissait pas. Dans l'œil d'Askinje transparaissait parfois la pupille unique du Gorloch. Il n'avait pas quitté sa prison. Il devait s'extraire de ce cauchemard.
On ne peut pas progresser dans le conflit.
L'image du gorille balafré tenant la main de la jeune fille le hantait. (p.97)
La symbiose était un don offert par la nature, on ne pouvait pas s'en emparer.