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Critiques de Franck Monsigny (1)
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Résistantes

Nous sommes en zone occupée, en 1944.

Aidé d'Elise, ancienne prostituée blessée, Monsieur Maurice protège Marcelle et Lili, deux 'filles' qui travaillent dans sa maison close. Ça semble cynique de dire ça, mais ça pourrait être (encore) pire pour elles. Un officier allemand a ses petites habitudes en ces lieux, il ne tient pas à partager les deux jeunes femmes avec toute une armée de soldats sales, malades, brutaux. Un semblant de compromis arrange donc plus ou moins tout le monde. Il est abject, c'est un gradé nazi en terrain conquis, mais il est propre et généreux - moindre mal. On feint le respect de part et d'autre, on n'en pense pas moins.

Ces faux-semblants permettent à Marcelle et Lili de manger à leur faim, d'être à l'abri et tenues à l'écart de la fureur des hommes. Marcelle peut même envoyer de l'argent à ceux qui ont recueilli sa fille.

Ce fragile équilibre est remis en question par l'arrivée de Liliane. Qu'on ne se méprenne pas, cette femme tient à ce que les choses soient claires : elle est l'épouse d'un notable devenu résistant, elle ; elle n'a rien d'une pute, elle. Elle a atterri là par hasard, les nazis aux trousses, et demande juste l'asile quelques heures. Aussi commence-t-elle par mépriser ouvertement tous ceux qui occupent les lieux.



Hé, pas si simple, petite dame ! Tais-toi un peu, réfléchis, arrête de faire la morale.

Les deux prostituées en tenue de travail ne prennent pas de gants pour la recadrer et la mettre dans l'ambiance. Les échanges sont vifs autour des notions de collaboration et de résistance, et la question n'est pas si tranchée qu'il n'y paraît pour les bien-pensants comme Liliane - on peut en effet accorder quelques faveurs à l'occupant pour aider les réseaux de Résistance, quoi qu'en dise la bourgeoise vertueuse...



Pour écrire cette pièce, Franck Monsigny s'est inspiré du témoignage de la 'vraie' Liliane Armand.

Je l'ai d'abord vue jouée par une troupe amateur, puis, quelques jours plus tard, j'ai savouré le texte écrit.

Belles performances des acteurs pour ce texte très pertinent qui interroge sur l'instinct de survie, les stratégies qu'on choisit tant bien que mal au milieu du chaos. La fin est excessive, avec tous ces rebondissements rocambolesques. Qu'importe, on peut l'oublier, à part l'un des beaux gestes de pardon et ces mots : « Ça ne tient pas à la guerre d'aider les autres, ça tient à toute sa vie. »



En quittant les personnages à l'issue de la lecture, on peut se demander comment chacun d'eux aura eu à répondre de ses actes à la Libération, avec les jugements approximatifs et vengeurs de l'Epuration - soubresauts barbares des années de chaos, pour solde de tout compte ? pour avoir le dernier mot ? pour prolonger encore un peu le 'plaisir' de jouer les justiciers ?



J'ai aimé la solidarité et la douceur entre ces femmes, encore plus évidente sur scène que sur papier. Il faut dire que celles qui incarnent Lili et Marcelle interprétaient dans une précédente pièce que j'ai vue* des codétenues dans une prison et avaient ces mêmes relations, entre franchise brutale, coups de gueule, complicité et tendresse maternante.

___



* 'Tous mes rêves partent de Gare d'Austerlitz', Mohamed Kacimi
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