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EAN : 9782322097326
96 pages
Books on Demand (23/06/2016)
4.25/5   2 notes
Résumé :
1944, Liliane Armand est recherchée comme terroriste, pour avoir collaboré avec la résistance. Afin d'échapper à la mort, elle trouve refuge dans une maison close. Elle remet alors sa vie entre les mains des occupantes de la maison. Ces femmes dont elle méprise la vie, la dénonceront-elles ? Pour toutes, rien ne sera plus jamais comme avant.

De mémoire, aucun récit de la sorte n'avait été monté sur une scène théâtrale. Cette rencontre de deux univers... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nous sommes en zone occupée, en 1944.
Aidé d'Elise, ancienne prostituée blessée, Monsieur Maurice protège Marcelle et Lili, deux 'filles' qui travaillent dans sa maison close. Ça semble cynique de dire ça, mais ça pourrait être (encore) pire pour elles. Un officier allemand a ses petites habitudes en ces lieux, il ne tient pas à partager les deux jeunes femmes avec toute une armée de soldats sales, malades, brutaux. Un semblant de compromis arrange donc plus ou moins tout le monde. Il est abject, c'est un gradé nazi en terrain conquis, mais il est propre et généreux - moindre mal. On feint le respect de part et d'autre, on n'en pense pas moins.
Ces faux-semblants permettent à Marcelle et Lili de manger à leur faim, d'être à l'abri et tenues à l'écart de la fureur des hommes. Marcelle peut même envoyer de l'argent à ceux qui ont recueilli sa fille.
Ce fragile équilibre est remis en question par l'arrivée de Liliane. Qu'on ne se méprenne pas, cette femme tient à ce que les choses soient claires : elle est l'épouse d'un notable devenu résistant, elle ; elle n'a rien d'une pute, elle. Elle a atterri là par hasard, les nazis aux trousses, et demande juste l'asile quelques heures. Aussi commence-t-elle par mépriser ouvertement tous ceux qui occupent les lieux.

Hé, pas si simple, petite dame ! Tais-toi un peu, réfléchis, arrête de faire la morale.
Les deux prostituées en tenue de travail ne prennent pas de gants pour la recadrer et la mettre dans l'ambiance. Les échanges sont vifs autour des notions de collaboration et de résistance, et la question n'est pas si tranchée qu'il n'y paraît pour les bien-pensants comme Liliane - on peut en effet accorder quelques faveurs à l'occupant pour aider les réseaux de Résistance, quoi qu'en dise la bourgeoise vertueuse...

Pour écrire cette pièce, Franck Monsigny s'est inspiré du témoignage de la 'vraie' Liliane Armand.
Je l'ai d'abord vue jouée par une troupe amateur, puis, quelques jours plus tard, j'ai savouré le texte écrit.
Belles performances des acteurs pour ce texte très pertinent qui interroge sur l'instinct de survie, les stratégies qu'on choisit tant bien que mal au milieu du chaos. La fin est excessive, avec tous ces rebondissements rocambolesques. Qu'importe, on peut l'oublier, à part l'un des beaux gestes de pardon et ces mots : « Ça ne tient pas à la guerre d'aider les autres, ça tient à toute sa vie. »

En quittant les personnages à l'issue de la lecture, on peut se demander comment chacun d'eux aura eu à répondre de ses actes à la Libération, avec les jugements approximatifs et vengeurs de l'Epuration - soubresauts barbares des années de chaos, pour solde de tout compte ? pour avoir le dernier mot ? pour prolonger encore un peu le 'plaisir' de jouer les justiciers ?

J'ai aimé la solidarité et la douceur entre ces femmes, encore plus évidente sur scène que sur papier. Il faut dire que celles qui incarnent Lili et Marcelle interprétaient dans une précédente pièce que j'ai vue* des codétenues dans une prison et avaient ces mêmes relations, entre franchise brutale, coups de gueule, complicité et tendresse maternante.
___

* 'Tous mes rêves partent de Gare d'Austerlitz', Mohamed Kacimi
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
[ 1944, zone occupée - Elise, prostituée, et Liliane, résistante en fuite cachée en urgence dans une maison close ]
- Qu'est-ce que vous regardez ?
- Vous. Comment peut-on en arriver là ?
- Ne me jugez pas.
- Je ne vous juge pas, je pose la question.
- Que faire quand on est seule, sans homme, sans profession, sans appui, sans argent ?
- C'est votre histoire ?
- C'est notre histoire à toutes.
- Et la vôtre ?
- Qu'est-ce que ça peut vous faire ?
- Je ne voulais pas être indiscrète...
- Alors, ne le soyez pas.
- Si j'ai dit quelque chose...
- Je n'aime pas la façon dont vous nous regardez.
- Et comment je vous regarde ?
- Comme si vous étiez différente...
(Liliane, sarcastique)
- Je crois que je le suis !
- Et je n'aime pas votre air supérieur !
- Eh bien voyez-vous, je n'en ai rien à fiche et c'est bien dommage de ne pas assumer ce que vous faites.
- Vous parlez tellement bien de ce que vous ne connaissez pas... (...) Vous me faites penser à toutes ces femmes de villages, entre elles, soudées à leur moralité de p'tites bourgeoises, bien-pensantes... et oui, on n'a pas envie de voir ce qui pourrait nous arriver. Bien mariée... Vous êtes mariée ?
- Oui.
- C'est quoi son métier ?
(Liliane, hésitante)
- Médecin.
- Vous voyez ce que je veux dire... ? J'ai été une de ces femmes, avec un mari à moi pour la vie... Il a été fait prisonnier et du jour au lendemain cette vie s'est effondrée. J'ai commencé à revendre mes bijoux pour une misère, puis mon mobilier, quand je n'ai plus eu de monnaie d'échange, j'ai vendu mon corps pour payer mes dettes, et j'ai recommencé, pour me nourrir tout simplement... Et si vous saviez comme je lui en ai voulu de m'avoir laissée seule... Et malgré tout, j'essayais de penser à lui quand j'avais un autre homme sur moi...
- Je vous en prie...
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- (...) cette maison [close], c'est notre maison !
- C'est pas une maison, c'est une putain de prison !!!
- La prison, je sais ce que c'est !! Et l'amour aussi... J'suis peut-être jeune mais je sais ce que c'est ! Quand une personne te regarde gentiment... Qu'elle te met la main autour de l'épaule, et qu'elle te dit, je suis là, n'aie pas peur. A ce moment-là, la vie, tu la dévores, tu lui laisses aucune chance... Et un matin, la police vient te cueillir dans ta salle de bain sans frapper, et là t'apprends qu'à présent tu seras à nouveau seule. Qu'il fera plus jamais beau comme avant. Et bah la peur elle revient, elle était pas partie, elle attendait juste dans un coin.
(p. 81-82)
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[ 1944, zone occupée, officier nazi ]
- Cette guerre doit cesser. Ces familles que les combats ont décimées... Ces enfants dont on dira plus tard qu'ils ont connu l'horreur de la guerre... Je déplore qu'elle occasionne autant de souffrance Monsieur Maurice, vraiment ! J'ai des enfants aussi, ils sont petits encore... Je suis conscient d'avoir le mauvais rôle auprès de bien des gens, et je le comprends, comme ils l'auraient eu si votre armée avait gagné l'Allemagne, mais j'aime la France ! Et la France nous le rend si bien ! Nous travaillons main dans la main avec votre Etat, votre Eglise ! (...)
(p. 59-60)
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- Tu la vois quand [ta fille] ?
- Je sais pas ma Lili, bientôt j'espère. Je lui écris de regarder tous les jours à la même heure un nuage et de souffler fort dessus pour qu'il arrive jusqu'à moi et que je puisse le voir à mon tour...
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• extraits de la pièce 'Résistantes'
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