Mais l’écriture de Jean Ray, c’est surtout un flot de mots vivifiants sentant l’iode et les embruns. Les contes terrifiants du vieux loup de mer battent pavillon corsaire mais ne font pas de quartier. Si le lecteur est parfois bercé par des histoires des mers du sud sentant bon la vahiné ; le plus souvent il tanguera dans des courants littéraires tempêtueux et, comme une dépouille de la mer mal lestée, il échouera sur une page finale, non pas de sable fin mais de rocaille noire.
Ici Jean Ray se moque gentiment des épaves. Pas celles qui flottent à travers l’Atlantique, non celles qui restent à quai ou plus précisément au bar… D’ailleurs dans le dictionnaire, si on regarde les synonymes d’épave, on trouve : débris, loque, déchet, décadence… Un beau programme en définitive mais ces décombres n’en conservent pas moins leur superbe, leur dignité… De gentils Falstaff ; un peu vantards, un peu menteurs, ripailleurs devant l’éternel… Des personnages intriguant et bien plus épais qu’il n’y parait.