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Citation de Nemorino


La nuit a englouti le temps. Avec sérénité, elle répand le silence d’où émergent les mots et où ils retournent. Pourtant, le silence peut parfois se fissurer, à l’improviste. Là où on l’attendait le moins vient éclater à la surface de la conscience la bulle d’un souvenir, une vanité, un désir, une humiliation qui remontent du plus profond, font renaître un monde disparu. Quel sac à malice que la mémoire ! Quel piège à images ! Ce qu’un y cherche, on ne le trouve pas. Mais on y trouve ce qu’on ne cherche pas. Elle parle sans fin des lieux, des événements, des gens. Mais de moi, pas un mot. Ce qu’il faut, c’est marcher à son propre rythme, s’attarder ici, folâtrer là. Elle ne supporte guère qu’on la bouscule. Elle ressemble à ces vieillards qui détiennent un secret dont on a absolument besoin et qu’on doit écouter raconter leur jeunesse, leurs amours, leurs exploits militaires des heures durant, avec l’espoir qu’ils finiront bien par en venir au point critique. Alors il faut de la patience. Demeurer à l’affût. Attendre ces éclairs qui surgissent à l’improviste et vous ramènent brutalement dans la maison des parents, dans le lit de quelque ancienne complice, dans un trou du désert sous un bombardement. Se laisser couler dans son passé, ce musée que personne ne peut visiter. Mais aussi ne pas se faire trop d’illusions. Ce qui revient facilement, ce sont les leçons les plus fréquemment repassées, les clichés les plus souvent projetés.
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