Le premier jour du reste de la guerre est le 21 février 1916, début de l’offensive allemande sur Verdun. En 300 jours, 350 000 soldats français ou allemands meurent sur une surface de 60 km2. 60 millions de projectiles utilisés. 82 divisions françaises engagées, soit 1,4 millions de soldats dont un sur trois y sera blessé ou tué. C’est la première bataille « industrielle » de l’histoire.
Le 21 février 1916, à presque un contre dix, les poilus des 56e et 59e bataillons de chasseurs résistent plus de 24 heures au bois des Caures, permettant aux renforts d'arriver et de maintenir la ligne de front. Le lendemain, après avoir donné l'ordre de repli face aux grenades et aux lance-flammes allemands, le Lieutenant-colonel Emile Driant est atteint à la tempe et meurt, à soixante ans.
Son dossier conservé au Service historique de la Défense sous la cote GR 6 YF 50295, précise « Député, rapporteur de la loi portant création de la Croix de guerre au printemps 1915, le lieutenant-colonel Émile Driant pressent l'offensive allemande sur Verdun et multiplie les alertes auprès des hautes instances politiques et militaires contre le manque de moyens humains et matériels. Les conditions stratégiques liées à la préparation de la bataille de la Somme, et tactiques, les membres de l'état-major ne croient plus en ces monstres immobiles, feront qu'il ne sera pas entendu. »
Miliaire de carrière, gendre du Général Boulanger, Emile Driant démissionne de l’armée en 1905, après quinze jours d’arrêt pour avoir organisé un office en la cathédrale de Troyes à l'occasion de la fête de Sidi-Brahim. Elu député de Nancy en 1910, il s’insurge contre le déclassement des forts. Dès la mobilisation, il sollicite et obtient sa réintégration dans l’armée et est affecté à Verdun fin 1914.
Ecrivain sous le nom de « Capitaine Danrit », Emile Driant est le « Jules Verne militaire » comme l’illustrent les titres de ses romans : La guerre de demain, La guerre de forteresse, La guerre en rase campagne, La guerre souterraine, L'invasion noire, Robinsons sous-marins, L'aviateur du Pacifique, etc. Le Capitaine Danrit est, avec Louis Boussenard et Paul d'Ivoi l'un des principaux auteurs du Journal des voyages. Il se consacre aussi à l’histoire dans sa trilogie destinée à la jeunesse : Histoire d'une famille de soldats (Jean Taupin en 1898, Filleuls de Napoléon en 1900, Petit Marsouin en 1901). Ses ouvrages, illustrés le plus souvent par Paul de Sémant ou Georges Dutriac, sont souvent remis lors des distributions des prix en fin d’année scolaire.
François Weber rend hommage au Capitaine Danrit, au Colonel Driant et à ses chasseurs en incarnant un officier du 2e bureau, d’origine alsacienne et donc parfaitement bilingue, qui s’infiltre dans les préparatifs allemands de l’hiver 1915-1916 et rend compte à son retour de la menace pesant sur Verdun. La rencontre entre l’anonyme agent de renseignement, juif alsacien, et le colonel catholique nationaliste, donne lieu à quelques frictions et échanges savoureux mais permet aux bataillons de chasseurs d’anticiper l’orage qui se prépare et les foudroye.
Illustré de cartes et de photos ce roman est une initiation à la bataille de Verdun et un hommage à l’écrivain qui a prophétisé la guerre moderne avec ses armes de destruction massive, et s’est sacrifié à la tête de ses héroïques chasseurs.
Lien :
https://www.driant.fr/