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Critiques de Françoise Autrand (8)
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Christine de Pizan

Après Les biographies de Charles VI, de Charles V et de Jean de Berry, Françoise Autrand eut la bonne idée de nous conter la vie de Christine de Pizan ( née vers 1364- morte vers 1430), célèbre autrice du Moyen Âge, qui devait traverser quelques-unes des décennies les plus agitées et les plus troublées de la fin du XIVème siècle et du premier tiers du XVème siècle. Venue avec son père, Thomas de Pizan, médecin et astrologue, à la cour du roi Charles V vers l'âge de quatre ans, elle fut sollicitée, après la mort de ce dernier, par l'un des frères du Sage roi, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, pour écrire une oeuvre de commande, le Livre des fais et bonnes moeurs du Sage roy Charles V, véritable panégyrique à la gloire du troisième souverain de la dynastie des Valois, pour enseigner aux fils des princes à se bien gouverner et à se préparer à gouverner leur peuple, la vie de Charles V étant prise comme exemple de ce que devrait être celle de tout monarque, menée publiquement et dans le privé avec prudence et mesure, avec sagesse éclairée par le savoir, avec une exigence de bon et juste gouvernement, pour le "bien public", le bien de son peuple, et qui devait être aimé de ses sujets tout autant qu'il les aimait. Christine voyait en Charles V un roi idéal, presque à l'égal de Saint Louis, même si elle n'ignorait pas que son souverain de référence était aussi un homme qui avait autant de défauts que de qualités, bien qu'il s'efforçât de les corriger. Christine de Pizan espérait qu'en ce miroir du prince d'excellence tous ceux qui étaient appelés à régner se reconnaîtraient. Sur ce modèle, elle construisit toute une série d'ouvrages où l'on trouvait le rappel des mérites de ce roi hors pair. Bien sûr, le Livre des faits et bonnes moeurs est le reflet de ce qui plaisait au duc de Bourgogne et de ce qu'il pensait comme chef de clan voulant s'abriter sous l'ombre tutélaire du roi défunt, comme s'il pouvait seul s'en réclamer, alors qu'il était plus ou moins en désaccord avec son frère Louis d'Anjou, lui aussi grand admirateur de Charles le Sage et qu'il allait bientôt être aux prises avec le frère de Charles VI, Louis d'Orléans.

De tout cela, de ces déchirements et de ces querelles, de la guerre finalement, et du retour offensif des Anglais, qui allaient profiter de ces divisions, Christine sera le témoin, souvent désolé et impuissant, mais elle finira, sur le tard par se réjouir de l'arrivée de Jeanne la Pucelle en s'exstasiant comme elle savait le faire parfois, dans l'enthousiasme : "L'an 1429 reprit à luire le soleil" (Le Ditié de Jehanne d'Arc). Elle voyait là un signe du Ciel, bienvenu à la fin de sa vie qui pouvait se terminer dans une sérénité retrouvée et qu'elle espérait devoir durer après sa mort.

Connue pour ses traités moraux (Le Livre de la Prod'homie de l'homme ou le Livre de Prudence) et politiques (notamment le Livre du Corps de Policie) , mais aussi pour son oeuvre poétique (Ballades, Rondeaux et Lais, etc.), sa vision du rôle et de la place des femmes dans la société (La Cité des Dames), elle l'est moins pour l'intérêt qu'elle marqua pour la chose militaire (Le Livre des Faits d'armes et de chevalerie). On a donc là une oeuvre intéressante écrite par une femme qui trouva dans ses dons littéraires et son esprit de réflexion un moyen de subsistance et d'indépendance lorsqu'elle devint veuve.

Bien sûr, elle n'était pas avare d'éloges à l'endroit des gens dont elle vantait l'action et/ou dont elle "dépendait" financièrement. Et c'est un aspect qu'il faudra creuser, ce qu'à mon sens Françoise Autrand ne fait peut-être pas assez, même si elle est bien consciente de cela et si son travail est incontestablement le plus réussi et le plus abouti de tous ceux que l'on a écrits sur cette grande femme de lettres du bas Moyen-Âge français. On n'en attendait pas moins de l'une de nos meilleures historiennes de cette époque.





François Sarindar, auteur de Charles V, Dauphin, duc et régent (1338-1358), publié en 2019.

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Charles VI

Françoise Autrand s'est magnifiquement tirée de l'exercice en écrivant ce portrait de Charles VI, tout d'abord qualifié de Bien-Aimé, durant les premières années de son règne (Charles V étant mort en 1380 et ayant laissé une situation redevenue plus normale mais néanmoins fragile ; ce sont les frères et fils du roi défunt qui se disputèrent le pouvoir avec les anciens conseillers de Charles V durant la jeunesse de Charles VI ; on appelait ces derniers les Marmousets, mais ils n'eurent finalement pas gain de cause, et Charles VI dut composer avec son frère Louis d'Orléans et avec ses oncles, pour le plus grand malheur du royaume). On sent bien qu'il n'avait pas les mains libres, et cela explique la dure répression qui devait suivre en 1382 la révolte des Maillotins (porteurs de maillets), hostiles au rétablissement de certains impôts supprimés à la fin du règne de Charles V.

Il n'eut pas de peine à vaincre les Flamands, toujours en révolte contre les Français et leurs représentants depuis Philippe IV le Bel et toujours prêts à s'entendre avec les Anglais et à réveiller la guerre entre les deux royaumes rien que pour redonner de l'importance au commerce des draps dont ils tiraient l'essentiel de leurs profits malgré une rude concurrence. Roosebeke, bataille livrée le 27 novembre 1382, fut la seule victoire de Charles VI qui, malgré des débuts de règne prometteurs, ne sut pas profiter de la paix avec les Anglais pour consolider les positions françaises. Ce roi est surtout connu pour être devenu Charles le Fou et pour n'avoir pas su empêcher les Anglais de revenir en force avec Henry V de Lancastre en 1415, qui allait remporter un incontestable succès durant la terrible bataille D Azincourt (25 octobre 1415).



Françoise Autrand tente de réhabiliter Charles VI, en montrant que son règne ne fut pas qu'une succession de désastres et en nous montrant ce roi sous un jour nettement moins sombre que celui sous lequel il est généralement présenté, lui prêtant des périodes de lucidité et de clairvoyance utiles pour essayer de redresser la situation.



Elle aurait gagné à désigner clairement les coupables d'une situation qui se détériorait : le frère du roi, Louis d'Orléans, qui jalousait son frère d'être le souverain, et qui n'était peut-être pas si étranger que cela dans le déclenchement de la folie de Charles ; Françoise Autrand n'a tenu aucun compte, et c'est dommage, des remarques du docteur Jean-Claude Lemaire qui, fort des conclusions que l'on peut tirer de l'étrange épisode survenu en forêt du Mans (rappelons-nous cet individu qui arrête le roi en l'avertissant qu'il est trahi, ce qui donne à Charles VI une furieuse envie de s'en prendre à la personne de Louis d'Orléans) a estimé que le roi a peut-être été rendu fou par l'usage à petite dose d'un poison qui, à la longue, aurait eu sur lui cet effet dévastateur, ce qui pouvait fort bien être l'oeuvre du duc Louis d'Orléans (encore que les preuves de tout cela soient encore à trouver, et Dieu sait si la preuve est importante en Histoire) ; en revanche, elle sait désigner l'auteur de l'incident du Bal des Ardents où Charles VI faillit bien perdre la vie, et où les soupçons se portent encore sur Louis d'Orléans.

Cette menace que le duc d'Orléans faisait peser sur la vie de son frère semble probable, et elle a en tout cas éveillé la méfiance des ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi et son fils Jean Sans Peur, qui d'ailleurs cherchera plus tard à l'établir pour essayer de se blanchir du meurtre de Louis d'Orléans, commis sur son ordre en novembre 1407.

Le pauvre Charles VI devenait ainsi l'objet d'un tiraillement entre les membres de sa famille, déchirement qui engendra la terrible guerre des Armagnacs et des Bourguignons, dont profita le roi d'Angleterre, Henry V, qui devait entretenir ces divisions pour revenir dans le jeu.

Sa santé psychologique chancela et il ne fut plus en mesure de diriger les affaires du royaume que par intermittence, quand lui venait un sursaut;

Son règne se termina fort mal. Après la défaite D Azincourt en 1415, il dut accepter les humiliantes conditions du Traité de Troyes (1420), et tenta de déshériter son fils, le futur Charles VII, au profit d'Henry V de Lancastre à qui il accorda la main de sa fille, Catherine de Valois, ce qui aurait pu faire du roi d'Angleterre le roi de France, si Charles VI était mort avant Henry V. Par chance pour les Valois, Henry V trépassa le premier, bientôt suivi par Charles VI (1422).



Françoise Autrand a fait un remarquable travail, mais celui-ci mériterait d'être repris et poussé beaucoup plus loin. On le pourrait à présent.



François Sarindar, auteur de Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)
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Charles V, le Sage

Françoise Autrand a fait le point, à la suite de Jeannine Quillet qui avait signé un Charles V, un roi lettré. Longtemps après les travaux de Delachenal et de Joseph Calmette, qui dressa un beau et juste portrait du roi, Françoise Autrand, qui a percé avec son Charles VI, fait un travail tout en nuance, insiste sur les face-à-face Etienne Marcel-Charles le Dauphin (premier Dauphin de l'Histoire, car la province fut acquise par Philippe VI, grand-père de Charles), et après les travaux de Raymond Cazelles, il est devenu difficile de caricaturer le prévôt des marchands de l'eau qui conduisit le mouvement réformiste pour la vérification de l'emploi des impôts levés par la Couronne et qui mena la première révolte parisienne (mouvement de bourgeois qui tenta de trouver un allié en la personne du roi de Navarre, Charles le Mauvais, prétendant à la couronne de France, tout comme Édouard III d'Angleterre, et cela pour limiter la puissance des Valois installés sur le trône de France depuis 1328, une puissance qui se trouvait amoindrie du fait de la défaite subie par les Français à Poitiers-Maupertuis et de la capture de Jean II le Bon, envoyé par le vainqueur, le Prince Noir, Édouard de Woodstock à Bordeaux puis en Angleterre. le Dauphin fut d'abord humilié parce que l'on fit irruption dans le Palais et que l'on tua sous ses yeux deux de ses conseillers, le Maréchal de Champagne et le Maréchal de Normandie, mais il releva rapidement la tête, s'enfuit de Paris, fit reprendre Meaux grâce à la garnison de la forteresse du Marché où son épouse Jeanne de Bourbon avait eu chaud pendant l'assaut tenté par les milices de la capitale et trouva des complicités jusque dans la bourgeoisie parisienne pour renverser Étienne Marcel qui trouva la mort à la porte Saint-Antoine, tombant peut-être sous les coups de Maillart, l'un de ses anciens soutiens. Débarrassé de lui, Charles eut aussi à faire face au roi de Navarre. Et il dut aussi composer avec son père qui revint un moment dans le royaume et dont l'action fut en partie cause du honteux traité de Brétigny, confirmé à Calais. Il fit tout, dès 1369,pour annuler les effets de ce désastreux traité, grignota la partie du territoire tombée aux mains de l'ennemi, s'appuya pour la récupérer sur le savoir-faire en matière de coups de main et de guerre non- conventionnelle de Bertrand du Guesclin, plus ou moins subordonné à Louis d'Anjou, frère et Lieutenant du roi en Languedoc, se sortit avec difficulté de la querelle de succession de Bretagne après la défaite de son poulain Charles de Blois à Auray, tenta de neutraliser le vainqueur, le nouveau duc de Bretagne, Jean de Montfort, soutenu par les Anglais, eut quelque peine à placer son candidat Henri de Transtamare sur le trône de Castille, avec le concours des Grandes Compagnies, dont on ne savait trop quoi faire et qui vivaient inutilement sur le pays quand elles n'étaient pas employées directement par les belligérants franco-anglais dans leur longue guerre de Cent Ans (1337-1453). Son allié castillan fut d'abord vaincu à Najera par Pierre le Cruel (Don Pedre), soutenu par le Black Prince, mais il l'aida à éliminer son ennemi à Montiel. Échange de bons procédés, le Trastamare prêta sa flotte pour faciliter la reprise du port et de la ville de la Rochelle par Charles V.

L'intérêt du livre de Françoise Autrand réside dans l'importance qu'elle donne à l'alliance que Charles V contracta avec Charles IV de Luxembourg, empereur d'Allemagne et roi de Bohême, à l'accueil fastueux qu'on lui réserva à Paris.

Les conséquences de cet accord ne furent pas immediatement visibles. Charles V s'intéressa beaucoup plus qu'on ne le croit à ce qui se passait sur le flanc est de son royaume patiemment recomposé et agrandi. Sait- on que c'est lui qui négocia au château de Gombervaux l'installation des Français à Vaucouleurs, la place qui servira de point de départ à Jeanne la Pucelle pour se lancer dans l'action que l'on sait en faveur du petit-fils de Charles V, un autre Charles, septième du nom ?

C'est aussi Charles V, qui, devenu méfiant après la révolte d'Etienne Marcel et des Parisiens, fera bâtir la Bastille Saint-Antoine, renforcer la résidence fortifiée de Vincennes et préféra vivre dans l'hôtel Saint-Pol plutôt que dans le Palais de la Cité ou au Louvre. Il ira aussi habiter le petit château de Beauté-sur- Marne, dont une occupante prendra plus tard le nom (Agnès Sorel, maîtresse de Charles VII, et qui deviendra la dame de Beauté(.

Au total, Charles V aura été l'artisan d'une première reconquête, oeuvre très fragile- ce que ne souligne pas assez Françoise Autrand et c'est là le point de faiblesse de son ouvrage car elle aurait dû montrer que cette reconquête ne fut pas complète et dire tout de suite, dans son analyse de l'organisation militaire mise en place sous son règne, que le regret du roi, sur son lit de mort, d'avoir trop imposé son peuple, compromit finalement tout ce qu'il avait fait. Les nombreux points d'entrée conservés par les Anglais sur le littoral (Calais et Bordeaux, entre autres) étaient toujours là, prêts à servir pour permettre aux Anglais de revenir (en 1415,il y aura Azincourt). L'oeuvre de Charles V sera aussi compromise par ses enfants, Charles VI et Louis d'Orleans ainsi que par le duc de Bourgogne.

Sur son lit de mort, Charles V exprimera, nous l'avons vu, son regret d'avoir pressuré d'impôts ses "sujets", recommandant à son fils de réparer cela autant que faire se pourrait. Voeu pieux.

Reste que Charles V fut un grand roi. le souvenir de son action se trouve magnifié- à l'excès-dans l'ouvrage célèbre de Christine de Pizan, le livre des faits et bonnes moeurs du sage roi Charles V. le terme de sagesse s'applique ici à l'homme instruit et cultivé qu'il fut. Grand amateur de manuscrits précieux, il constitua une magnifique "librairie" (terme que l'on doit traduire par bibliothèque) dans la tour de la Fauconnerie, au Louvre.

Il aima aussi beaucoup les animaux rares, et fit installer dans les jardins de l'hôtel Saint-Pol une des premières grandes ménageries.

Un roi très attachant.

Affligé de la goutte, il devait supporter des fistules. Il mourut assez jeune (1338-1380).



François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010).









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Charles VI

Charles VI (1368 – 1422), 53ème roi de France, fut sacré à l'âge de 12 ans et régna 42 ans. Après une tutelle collective de ses oncles, il gouverne par lui-même en entrant dans sa 21ème année. Il a épousé Elizabeth de Bavière (rebaptisée Ysabeau) en 1383, qui lui donnera 12 enfants.



La première manifestation de ses troubles mentaux, en forêt du Mans, remonte à 1392. La plus connue est l'épisode du Bal des Ardents en 1393 - dont certains rendent son frère responsable – il fera 43 rechutes en 30 ans, alternant les phases de violence parfois meurtrière à l'abattement et à la prostration la plus totale.



Mais dans ses intervalles de lucidité, il travaille énormément et efficacement, c'est un bel homme robuste, jamais malade, aimant les femmes, adroit aux armes, joueur d'échec, bienveillant et miséricordieux (il pardonnera à son cousin assassin de son frère) et désirant plus que tout la paix. Un secret le mine cependant : une sourde rivalité à l'encontre de son frère cadet, Louis, né en 1372.



Le règne de Charles VI est particulièrement calamiteux. Il se déroule intégralement pendant la guerre de Cent ans (1337 – 1453). La France fait face à de multiples et simultanées catastrophes : la guerre contre l'Angleterre dont les rois successifs revendiquent la couronne de France et qui occupent la Guyenne, les révoltes récurrentes contre l'impôt (les Maillotins, les Cabochiens …), l'oligarchie du patriciat urbain, les percepteurs et les Juifs, les ravages des bandes de Routiers qui dévastent les campagnes, le grand schisme de l'Eglise tiraillée entre deux papes (l'un à Avignon soutenu par le roi de France, l'autre à Rome), la pénurie de monnaie qui ralentit les affaires.



La thèse de l'auteure, qui fait toujours référence sur cette période, souligne la naissance du concept moderne d'Etat centralisé, seul capable de décider, répartir, lever l'impôt. Point d'argent, point d'armée.



Mais c'est une époque terrible. Tout le monde s'oppose : les Princes qui ne rêvent que de revenir aux antiques coutumes chevaleresques (en particulier le plus nanti de tous, le duc de Bourgogne), et les conseillers du roi – les Marmousets – sorte de technocrates avant la lettre. Les deux factions vont tour à tour prendre le dessus et exterminer les soutiens des vaincus à leur retour au pouvoir.



Le facteur déclenchant est l'assassinat en 1407 de Louis d'Orléans, le jeune frère de Charles accusé de vouloir prendre sa place, à l'initiative de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne – qui la voulait aussi et qui avoue son crime !



C'est le début de la guerre civile opposant les Armagnacs (dont Louis d'Orléans, précurseur des princes de la Renaissance, était le chef) et les Bourguignons. le cycle sera bouclé en 1419 par le meurtre de Jean sans Peur, fils de Philippe le hardi, sur le pont de Montereau.



Après la défaite D Azincourt (1415), la France sera écrasée par l'Angleterre et passera sous la coupe d'Henri V après le honteux traité de Troyes. A la mort de Charles VI, elle souffrira à son tour d'un schisme puisque deux rois se la disputent : le roi d'Angleterre et de France et le dauphin devenu Charles VII, installé à Bourges, en attente de son sacre sous la protection de Jeanne d'Arc …



L'avantage d'une biographie, c'est qu'elle ne se démode pas.

Celle-ci fait toujours référence et je me suis passionnée à la lecture de cette épopée sanglante, qui compte bien des points communs avec les travers de nos contemporains : révoltes urbaines contre l'impôt et massacres, heurts de légitimités, réforme de l'Etat (ordonnances successives de 1401, 1405, 1408, 1409, 1410), de l'Eglise, de la Justice, naissance de la politique monétaire, lutte sans merci des partis irréconciliables.



Le royaume se meurt en proie à la guerre anglaise et à la guerre civile … Quelle tristesse ! Mais la France s'est relevée, une fois encore.



Et surtout, cette biographie – très alertement écrite - remet certaines pendules à l'heure, en particulier sur le rôle d'Ysabeau de Bavière et l'incapacité totale de Charles VI, très aimé de son peuple tout au long de sa vie de souffrances, images fortement négatives largement véhiculées par Michelet et ses successeurs.



Mais entre nous, cette histoire ferait un sacré scénario de série en costumes, comme une suite des "Rois Maudits" de Maurice Druon.




Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Christine de Pizan

Christine de Pisan ( vers 1365-1430 ) vit dans les siècles troublés du Moyen Age : le 14ème et le 15ème siècle connaissent la guerre de Cent Ans, la Grande Peste et les famines. D'origine italienne, elle est venue en France pour accompagner son père Thomas physicien du roi c'est à dire médecin. Grâce à lui et à ses propres talents, elle peut accéder à la cour de Charles V le Sage et Charles VI le roi fou. Veuve très jeune avec trois enfants à élever, ses qualités d'écriture et de réflexion lui permettent de mener une vie indépendante.

Femme instruite, Christine ne cesse tout au long de sa vie d'approfondir sa culture. Dans ses premiers livres, elle nous parle d'elle même. Elle nous confie sa solitude. « Seulette suis et seulette veuil être. Seulette m'a mon doux ami laissée. » Elle écrit des ballades, des poèmes d'amour. Elle côtoie l'élite parisienne des humanistes. Elle est la première femme à porter un regard sur soi . Mais ses préoccupations s'élargissent. Les problèmes politiques de l'époque : guerre contre les anglais, guerre civile, ambitions des princes alimentent ses réflexions politiques comme dans le Le noble état de la chevalerie. Trois livres pour un futur roi : Le livre des fais, le Livre de Policie et le Livre de la Paix esquissent la figure du roi parée des trois vertus royales : noblesse, chevalerie, sagesse. Le roi doit être lié à son peuple par l'amour : amour du roi pour son peuple et amour du peuple pour son roi. Elle s'interroge aussi sur la légitimité du roi, la question de l'impôt, les rôle des conseillers du roi , ces « hauts fonctionnaires « dont la place dans la société est de plus en plus importante. Mais, l'oeuvre de Christine de Pisan , et c'est pourquoi elle m'intéresse, c'est la défense et la valorisation de la femme. Le rôle de la femme dans la société doit être reconnu. Ses idées, elles les exposent dans son livre peut être le plus célèbre la Cité des Dames. Peut-on dire que Christine est la première féministe comme les mouvements féministes le soutiennent aujourd'hui ? Christine ne cherche pas à renverser l'ordre établi. Elle n'encourage pas les femmes à la révolte. Elle insiste sur les qualités des femmes qui doivent être l'humilité, la soumission, la patience, la sagesse, la discrétion...Mais, aussi, elles les encourage à chercher avec énergie une place reconnue dans la société. Dans la Cité des Dames, pour la première fois, une femme ose dire je c'est à dire parler en son nom propre, réfléchir sur sa condition de femme.

F.Autrand nous donne une biographie très vivante de Christine de Pisan. Elle fait le portrait d’une intellectuelle entourée de livres, penchée sur son écritoire, réalisant une œuvre de science politique et morale. Une femme qui par son érudition, son écriture, sa volonté a réussi à briser sa condition de femme. Une femme qui n’a jamais cessé de croire en l’espérance et en la liberté de l’homme. Ce livre, c’est aussi la description de cette époque passionnante que sont les 14ème et 15ème siècles. Périodes de guerres, de misère, de malheur mais aussi période d’une brillante culture. La richesse de la cour des ducs de Bourgogne, les Livres d’Heures du duc de Berry en sont des témoignages.

Première intellectuelle ? Première féministe ? On se prend à rêver à la position qu’occuperait Christine dans la société d’aujourd’hui.

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Histoire de la diplomatie française. Tome 1 :..

Quatre des plus renommés écrivains de la question, ont mis en commun leurs plumes pour nous donner ce premier volume de l’histoire diplomatique française. Les arcanes, les secrets des traités, des accords et des désaccords, de la stratégie du pays. Que cela soit un royaume, une république ou un empire, la diplomatie française a toujours été dévouée à l’idée qu’elle se fait de son devoir.
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Charles VI

Par exception, merci de consulter cette fiche à l'adresse ci-dessous :





http://notabene.forumactif.com/histoire-biographies-documents-f10/charles-vi-francoise-autrand-t3888.htm
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Le temps des chevaliers

Un billet un peu particulier. Il se fait que je n'ai jamais trouvé la quatrième de couverture de ce livre qui semble être un numéro spécial du Magazine Historia. Le numéro 55 pour être précis. Il s'agit en fait d'un recueil d'articles précédemment publiés dans le magazine en lui-même. Un rassemblement de textes traitant de la chevalerie pour un total de 17 articles partagés en 5 parties. La première présente la chevalerie en tant que tel, de sa naissance à ce qu'il est devenu ainsi que de l'influence de la religion sur son idéal. La deuxième partie parle des tournois de chevalerie, de ce qu'ils ont été au départ, des combats de masse, pour finir au beaux tournois tels qu'on se les imaginent tous. La troisième partie aborde les rites et enjeux de la guerre où l'on y parle du faux fait que le Moyen-Âge était un moment fortement guerrier. Sans oublier la grande bataille d'Azincourt où la France, avec sa belle chevalerie pleine de baux cavaliers lourds et orgueilleux c'est faites dézinguée par les manants d'archers de la couronne anglaise. La quatrième partie parle de ce qui se passe en marge de la guerre : le jeux des rançons, l'utilité des hérauts, mais également la lutte des classes qui se passe en marge de cette chevalerie et le rôle de Christine de Pisan, femme professeur de guerre. La cinquième et dernière partie s'attaque au mythes chevaleresques. Ce qui nous fait rêver encore, nous grands enfants que nous sommes et qui, comme moi, lisent encore de la fantasy pour y retrouver ces belles images. On y parlera forcément de chansons de geste, de prouesse et de courtoisie. Mais on y parle également de la naissance de l'héraldique ainsi que de l'histoire de Boucicaut, grand guerrier et stratège français, qui après une bien belle carrière la terminera mal à Azincourt.



Au final, un chouette petit bouquin rapidement lu. Quelques articles qui se lisent bien évidemment comme un magazine, le graphisme en moins. Le tout en à peine 230 pages. Malheureusement, vu qu'il m'a été difficile de trouvé des infos sur ce livre, même sur le site de l'éditeur Taillandier, je suppose qu'il est malheureusement indisponible. A moins d'avoir comme moi une sympathique bibliothèque sous le bras! A lire donc si vous mettez la main dessus.

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