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Citation de HippolyteCherCoeur


Au bas de la rue, dans la lumière brillante qui se déversait du Loew's Orpheum, un petit orchestre de l'Armée du Salut jouait America The Beautiful, et les passants jetaient de la monnaie sur une couverture étalée devant lui - une pluie continuelle de pièces étincelant dans l'air du soir. Partout les gens souriaient, riaient, s'envoyaient des tapes dans le dos. Claude remarqua un vieil homme assis sur un pare-choc de voiture, les joues ruisselantes de larmes. Un chien échappé courait dans la foule, trainant sa laisse derrière lui. Du temps à autre, il se dressait sur ses pattes arrières.
Étourdi par l'excitation générale, Claude roula son bras autour d'un réverbère et continua à regarder, tourna la tête à droite et à gauche pour ne rien rater du spectacle. Un drapeau américain avait été déployé à la fenêtre du second étage d'une salle de billard.
Un homme, avec une barbe grise qui lui arrivait au milieu de la poitrine, était juché sur une caisse devant une épicerie et hurlait des mots que Claude ne comprenait pas, en agitant les bras de façon saccadée comme s'ils étaient mus par des ficelles. Des Klaxons retentissaient sur la chaussée. Sous la terre, le métro grondait.
Claude comprit que tous ces inconnus étaient entrainés dans quelque chose de commun, qu'une force invisible avait balayé toutes leurs différences. Ils ne faisaient qu'un, ils étaient unis. Et tandis qu'il se cramponnait encore plus fort au réverbère, il sentit ses propres larmes couler, parce qu'il était absolument seul, entièrement à part, et qu'il savait que rien en lui ne pourrait jamais changer cela.

P 23 24 (Edition Gallimard)
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