En ce début du XXIe siècle, deux milliards de personnes vivent encore dans des zones de forte endémie palustre (OMS, 2009 b). Au cours de l’année 2010, 216 millions de cas de paludisme ont été recensés dans le monde, parmi lesquels 81 % déclarés sur le seul continent africain. Au cours de cette même année, cette parasitose a provoqué le décès de 655 000 personnes, dont plus des trois quarts étaient des enfants de moins de cinq ans (OMS, 2011).
À mesure que la science explore les profondeurs de la vie, elle en découvre ses mécanismes les plus intimes. Propulsé par son appétit insatiable de vouloir tout découvrir, Homo sapiens s’est construit son propre monde. Le point ténébreux de cette histoire est que la psychologie humaine fonctionne sur deux plans très éloignés l’un de l’autre. L’aptitude de l’homme à découvrir, inventer, construire ou imaginer paraît sans limite or cette aptitude se heurte à des instincts primaires qui font que ces mêmes hommes s’étripent et s’égorgent au nom d’une religion ou d’une économie de marché. L’homme tue l’homme mais a-t-on déjà vu dans la nature un lion tuer un autre lion ?
De tout temps, les marécages ont été perçus comme des endroits malsains, avec leurs eaux mortes et putrides où prolifèrent les maladies. Le terme « malaria » est issu de l’italien mala aria, « mauvais air ». Le paludisme, synonyme de malaria, est composé à partir de la racine latine paludis, qui signifie « marais ». Ressort ainsi à travers ces deux termes l’idée que les fièvres sont générées puis véhiculées par cet « air mauvais » qui vient des marécages.
. Comme l’ont démontré à maintes reprises les expériences du passé, il ne suffit pas de traiter de vastes milieux pour éliminer les moustiques. Il est temps désormais que les scientifiques dirigent efficacement leurs recherches vers l’élaboration de nouvelles stratégies de lutte. Mal utilisés, les insecticides font plus de mal que de bien : ils déciment les abeilles et les prédateurs, tuent un grand nombre de poissons, de reptiles et de petits mammifères.
Comment est-il possible qu’à notre époque, où les efforts de l’homme pour l’éliminer n’ont jamais été aussi importants, ce petit insecte arrive encore à tenir le haut de l’affiche ? À dire vrai, le moustique est une bien étrange créature qui profite du monde des hommes pour assurer sa survie. La planète tout entière subit un appauvrissement de sa biodiversité, tandis qu’au contraire les espèces les plus nuisibles pour l’homme prolifèrent dans les villes et les campagnes. Deux facettes d’une crise majeure et fort préoccupante, dont l’humanité est directement responsable
L’installation des hommes dans les milieux naturels rompt souvent, en quelques années seulement, l’équilibre que la nature a mis des milliers d’années à façonner.
Les savants avaient présumé que les précipitations associées à des températures inhabituelles pour la saison s’étaient combinées pour favoriser la prolifération des moustiques. Les quantités d’insecticides déversées avaient sélectionné des insectes résistant qui pouvaient sucer le sang et transmettre la maladie sans souffrir de la chimie des hommes. Etant moi-même un spécialiste de ces bestioles, je plaignais surtout les morts car je les savais sacrifiés par la stupidité des hommes. Comme quoi le ridicule ne tue pas mais la connerie atteint parfois la dose létale.