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Bibliographie de Frédéric Preney-Declercq   (6)Voir plus

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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
- Je…je veux te sauver, Augustine, marmonna-t-il en s’approchant d’elle, près de la grille où elle avait reculé. Tu es en danger. C’est un miracle que tu sois là. Nous sommes en train de tout désinstaller, de percer les tonneaux, de retirer les mèches, de mouiller la poudre. Tu…tu me remercieras plus tard…
Il s’avança et voulut lui prendre la main. Elle fit un geste vif que le jeune homme ne comprit pas. Il lui fallut une seconde pour déchiffrer d’où surgissait cette effroyable douleur qui lui traversait le corps. Avec trouble, il vit le couteau ensanglanté qu’elle tenait dans sa main.
- Qui trahit un jour La Renarde le regretta l’heure venue, lui souffla-t-elle avec un regard cruel qui l’effraya.
Une ultime seconde : il sut qu’il mourait. Une ultime fraction de seconde durant laquelle la terreur de l’après noya la peur du maintenant dans son esprit qui s’obscurcissait. La bouche entrouverte, le scharwachter tomba tout d’un bloc sur le sol.
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"Je réfléchissais tout haut, monsieur Dumoulin, rétorqua l'inspecteur Chenard, un sourire au coin des lèvres. Il se confirme chaque jour que le foyer de conspirateurs du Bazar français n’était qu’un repère d’individus
douteux, voleurs et menteurs, un échantillon de ces militaires à la demi-solde qui passent leurs temps à boire, à jurer, à raconter inlassablement leurs mêmes prouesses ennuyeuses, à marauder à outrance, à se quereller avec l’honnête bourgeois ou encore à rechercher par les rues, femmes et pains quotidiens dans un langage coutumier aux cantinières. (Il se tut, semblant méditer quelques secondes.) Or, je vous observe, monsieur Dumoulin, reprit-il avec sympathie. Vous avez de l’éducation ; vous étiez un notable de Grenoble ; vous êtes aujourd’hui un honnête rentier vivant à Paris ; et donc je ne vous imagine guère côtoyer cette lie de notre société. En conséquence, je pense que vous n’avez vraiment plus rien à faire à Sainte-Pélagie. »
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- Que me racontez-vous, monsieur l’officier ? demanda l’inspecteur Chenard, le visage rubicond, tant il sentait la rage monter en lui, serrant et desserrant le pommeau de sa lourde canne qu’il tenait plantée devant lui.
- Une chose simple, monsieur ; je croyais que je savais lire une p’tain de carte, eh bien j’avais foutrement tort, répondit l’autre sans ciller, se tenant droit devant le policier, avec une main qui retenait son cheval par la bride et un poing ferme, posé sur sa taille. Pourtant je suis parvenu à Moscou où j’ai chié dans le palais de leur tsar et je suis revenu de cet enfer blanc sans me perdre une seule fois avec quelques cosaques à mon tableau de chasse. Vieillirais-je ? Peut-être, bien que je me sente toujours bon pied bon œil. En tout cas, je constate que nous nous sommes bien trompés de direction ; sans rien comprendre, nous avons rejoint le bourg de Mercière ; nous pensions avoir tissé un filet au bon endroit et pouvoir ramasser quelques jean-foutre égarés. Or ils ont pu filer tranquillement de Compiègne, la sale piétaille !
- Et tu crois que je vais avaler tes artifices, misérable menteur ?
- Qui vous permet, monsieur, de donner du « tu » à un capitaine de gendarmerie ?
- À un capitaine de gendarmerie ? Plutôt à un traître au Roi, un régicide, qui a sciemment désobéi et volontairement laissé échapper des rebelles au gouvernement, rugit Chenard, prêt à exploser. Vous aviez l’ordre de vous emparer du chemin de Pierrefond et d’appréhender toute personne tentant de le traverser. Votre détachement était une pièce importante du piège mis en place. Tous nos efforts ont été mis à bas par ta misérable traîtrise et ton peu de reconnaissance envers ton Roi qui t’a offert une nouvelle chance de servir ton pays alors qu’il aurait dû donner l’ordre de te foutre à la demi-solde, espèce de buonapartiste refoulé.
- Je t’emmerde, connard !
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- Monsieur, sans doute avez-vous côtoyé la gloire et donc la masse qui vous a regardé en jouir. Or, il y a toujours le revers de la médaille.
- La gloire ? Jamais ! Idée ridicule ! Depuis mon enfance, je suis au service de la liberté. Comment ne l’a-t-on pas encore compris ? N’ai-je donc pas été assez clair ? J’ai toujours aimé le peuple…un peuple qui m’a parfois menacé. Ah ! Si vous saviez. J’ai souffert pour mon roi qui m’a trompé, j’ai souffert pour ce peuple que je voulais servir quoi qu’il arrive. Parfois la vie est bien injuste. Sans que je ne l’aie voulu, je me suis élevé haut en effet, mais pour aboutir injustement à cette cave, cette pourriture, ce dénuement…
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Bien-sûr, murmura le lieutenant-colonel Caron, croisant le regard du capitaine Duclos, se disant qu'il prisait le personnage, se répétant qu'il ne pouvait rêver meilleur équipier, que son esprit positif était un formidable atout à ses côtés et qu'il avait raison, qu'il ne fallait jamais se faire du mauvais sang pour des vétilles, que la date du 2 juillet était bonne, et les deux hommes se sourirent instinctivement, comme des gens qui se comprennent, enfin ce fut ce que le chef de la rébellion ressentit en son fors intérieur.
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- Attendez, dit Jean-Baptiste en s’emparant de sa main la plus proche.
Et d’un mouvement vif, ses lèvres accrochèrent celles de son ancienne maîtresse, geste imprévu qui l’étonna lui-même. Froide, la figure impassible, la Comtesse resta droite sur son siège, mais referma la portière du fiacre qu’elle avait entrouverte. Hésitant, l’officier recula légèrement. Les yeux des amants s’affrontèrent une seconde, durs et luisants. Un second baiser fut osé, faisant frémir la jeune femme. L’homme le perçut. Ses pupilles brillèrent d'une façon nouvelle, enthousiastes. Sentant le vent en poupe, son troisième baiser fut plus appuyé et trouva cette fois-ci sa compagne quelque peu disposée à le lui rendre. Plus pressant, le dernier fut cette fois entièrement partagé. Annoncé par un gémissement, la dame avait glissé sa langue entre les lèvres de l’officier, lui abandonnant en toute liberté. Elle semblait libérer une envie par trop comprimée, lorsqu’elle recula d’un coup sur son siège, exprimant une irascibilité presque inattendue, après ce sentiment de victoire.
« Non, petit monsieur, ce serait trop facile, dit-elle d’un ton glacial, blessant.
- Madame, chuchota Jean-Baptiste, l’air suppliant, s’approchant d’elle avec câlinerie, l’esprit baignant encore dans l’atmosphère sensuelle.
- Sortez de ma voiture ! s’écria-t-elle agressive, rompant le charme.
- Madame ?
- Je vous l’ai déjà dit, monsieur ; pour me conquérir, il vous faudrait beaucoup de talent, trop sans aucun doute.
- Soit ! fit l’homme en se redressant, empourpré de colère et vexé. Tant pis pour vous !
- Tant pis pour moi ? Monsieur, quel langage de butor ! chuchota la Comtesse, jouant l’effarouchée, triomphante. Cette vantardise sent la ruelle à plein nez, pensez donc aux ouïes de mon cocher ! Vous me feriez presque honte ! »
Feignant de ne pas avoir entendu, Jean-Baptiste ouvrit sans ménagement la porte du côté où il était installé, puis, après un dernier regard, sombre et dédaigneux, s’élança au dehors pour disparaître dans la nuit alentour, noire et profonde.
« Mon Dieu, mon amour, chuchota la dame, après quelques secondes d’hébétude, que j’aurais aimé t’accueillir en moi ; j’en suis malade. Mais tu m’as fait trop de mal… trop de mal. »
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Mal à l’aise, Jean-Baptiste se redressa sur le dossier de sa chaise. Je sens qu’il se raille de moi, se dit-il tourmenté. Ce bâtard me réserve une fâcheuse surprise ; je le sens ! Il ne quittait plus des yeux le policier qui s’était mis une nouvelle fois à feuilleter un dossier posé devant lui. Les minutes lui semblèrent atrocement longues et éprouvantes.
« Je vais donc vous faire reconduire à votre cellule », annonça soudain l’agent royal en continuant à lire.
À l’écoute de la nouvelle, le détenu jubila intérieurement et ses muscles se détendirent. L’épreuve pourrait-elle se conclure si vite ? se dit-il avec un mélange d’humour et de raillerie. Il quittait sa chaise lorsque Chenard, relevant son visage avec des yeux de loup, reprit la parole.
« Et si vous me mentiez, monsieur Dumoulin ? demanda-t-il dans un murmure.
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Aujourd'hui je pense qu'un ou deux ans derrière ces grilles monastiques, le temps de faire ''une bonne première communion '' te conviendra. On t'y enseignera bien sûr de la religion, de la dévotion même, certes, mais point trop n'en faut. Il s'agit surtout de t'instruire, d'apprendre à lire et écrire, de parfaire tes connaissance et aussi te préparer à une destinée d'épouse fidèle et de mère dévouée, de t'apprendre à craindre Dieu, les lois et aussi de respecter ton futur mari.
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-Alors que vous les hommes, dit la dame d'un ton de dérision, quoique l'on y perçut comme une note de gravité, une peur intérieure, vous vous usez comme une roche, régulièrement, mais imperceptiblement. Nous, les femmes, pauvres hères, nous vieillissons en une nuit, subitement, malgré nos efforts, pour nous retrouver comme une fleur gelée par un soir d'hiver, fanée, sans sève, bien souvent pour notre malheur...
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Il s'agit d'un combat entre l 'ancien monde qui est revenu et le nouveau issu de la Révolution, entre ceux qui possèdent et ceux qui n'ont rien.
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