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Citation de PATissot


Une heure s'était écoulée depuis que les hommes étaients sortis de la mairie pour rendre leur verdict.
Dehors, tout était calme. Le soleil commençait à décliner et une légère fraîcheur gagnait la pièce qu'Ebrahim et Hassan venaient de quitter.
Dans la chambre voisine, les pleureuses avaient repris leurs jérémiades, entrecoupées de versets du Coran.
Zahra se pencha vers la condamnée et lui murmura :
" Ma douce Soraya, jusqu'au bout, je serai à tes côtés, et jusqu'au bout, je te donnerai mon estime et mon affection. Mais que puis-je d'autre ? C'est la loi des hommes, c'est la loi que font les hommes et ils disent que c'est la loi de Dieu. Ils t'ont reconnue coupable alors que tu ne l'es pas. Ils t'ont condamnée alors que tu es innocente mais personne ne peut le prouver, ni toi, ni moi, ni les braves femmes qui sont à côté. "
Soraya comprit soudain combien le silence qu'elle s'était imposé depuis des mois avait joué contre elle. Lui venait tout d'un coup le désir violent de s'expliquer, de se justifier, de hurler son innocence. Mais elle savait qu'il était trop tard et que personne, parmi ceux qui l'avaient condamnée, ne voudraient la croire. Pourtant elle avait encore peine à imaginer que cette grossière machination pût la mener à la mort.
À Zahra qui était à ses côtés Soraya pouvait tout dire.
" Tante Zahra, je n'ai pas peur de la mort. Je suis déjà morte depuis longtemps, depuis que ma mère est morte, depuis que Ghorban-Ali m'a humiliée, frappée, délaissée pour d'autres femmes. . . "
Un sanglot interrompit sa phrase. Elle se laissa tomber sur le sol, presque évanouie. Zahra s'agenouiila près d'elle, lui prit la tête entre ses bras et lui baisa le front :
" Mon enfant. . . mon petit enfant. . . pleure, pleure sans honte. Il n'y a personne pour te voir, ni t'entendre ici. . . Laisse-toi aller, pleure. . . "
À côté, le choeur des femmes reprit de plus belle :
" Ô Dieu tout-puissant. . . Ô Mahomet. . . Ô Dieu bien-aimé. . . Ô Prophète miséricordieux. . . "
" Tante Zahra, je ne veux pas vous quitter, je ne veux pas quitter mes enfants, ma petite Khojasteh n'a pas encore sept ans. . . je ne veux pas quitter cette vie et pourtant je n'ai pas peur car je sais que je vais retrouver ma chère maman qui me manque tellement. Tante Zahra, prenez soin de mes enfants, surtout de la petite, elle est si fragile. . . "
Les sanglots de Soraya reprirent, entrecoupés de paroles hoquetées :
" Tante Zahra, promettez-moi que vous lui direz un jour, quand elle sera grande, qui j'étais et ce qu'on a fait de moi, afin qu'elle n'ait jamais honte de sa mère. Promettez-le-moi. . . "
La vieille dame, émue à son tour, répondit :
" Ma chère enfant, tes enfants, surtout les derniers, vivront auprès de moi et ne manqueront jamais de rien. Tes enfants seront les miens et jamais personne ne pourra me les retirer. Dieu est mon témoin : mon toit sera leur toit. "
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