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Citations de G. Dargenty (19)


Dès l'abord, on ne prit pas Corot au sérieux comme peintre; on l'aimait pour sa bonhomie, son humeur [toujours sereine, ses chansons qu'il lançait à pleine voix, une belle voix de ténor, s'il vous plaît, qu'il maniait fort agréablement, et pour laquelle il avait un tantinet de fierté ; souvent aussi on le raillait, Aligny tout le premier, et si Corot supportait gaiement la raillerie, il se trouvait désarmé pour y répondre.
C'est qu'il était alors tout entier à la nature; le reste, les hommes ne lui étaient rien. Il s'en allait tout seul, dès l'aube, sa boîte de couleurs sous le bras, un couplet sentimental aux lèvres, il s'en allait cherchant les coins déserts où, parmi des ruines, la végétation fût luxuriante et féconde. Une fois le coin trouvé, il s'installait ; les ruines exigeaient de lui un dessin précis, un dessin architectural, et il les dessinait avec une sûreté d'architecte ; puis la nature sollicitait le peintre, et dans l'étude achevée on découvrait toute la mélancolie des civilisations disparues baignées d'ombre et de parfum sous le baiser de lierres grimpants, au milieu des buissons fleuris, où la bise qui passe met ses mystérieux frissonnements.
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Il y a bien des façons, pour un artiste, de saisir et de rendre la beauté féminine, depuis les proportions et le cadre de l'épopée, jusqu'à ceux de l'élégie et même de l'épigramme. Fragonard est au premier rang des virtuoses qui ont splendidement traité, varié, ce thème éternel. Il a su, dans cet exercice triomphant de son pinceau, unir, suivant les données d'une formule complexe, la langueur amoureuse et la séduction lascive, sans omettre, quelquefois, une pointe d'insinuante licence, le parfum capiteux, un peu trouble, de la tentation et du désir.
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Pour Watteau c'était une bonne aubaine. Venir à Paris, pouvoir y peindre, pouvoir y vivre !
Dargenville nous apprend, hélas ! que son bonheur ne fut pas de longue durée, car « son maître étant retourné à son pays le laissa en cette ville». Le maître parti, les travaux achevés, voici le pauvre peintre seul, abandonné à lui-même, sans pain, sans gîte, sans relations; le voici timide, mélancolique, taciturne et sévère, perdu dans une foule bruyante, grouillante, indifférente, superficielle et railleuse.
Ce fut un dur moment, et j'imagine que sa pauvre âme dut broyer bien du noir.
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On sait peu de chose des occupations de Boucher pendant ce séjour. Du Rozoir, toujours amer, mais d'ailleurs très mal informé, affirme qu'il ne « comprit rien aux chefs-d'œuvre des grands maîtres italiens », que « Raphaël lui semblait fade, Carrache sombre, Michel-Ange bossu ». Mariette reconnaît simplement qu'il « fit le voyage d'Italie plutôt pour satisfaire sa curiosité que pour en tirer profit. Aussi n'y séjourna-t-il pas longtemps. »
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Les choses allaient tant bien que mal : le jeune homme se soutenait à force de volonté et d'énergie au milieu d'un labeur persévérant et implacable. Mais la Révolution grondait et le troublait profondément, lui le doux et tendre artiste dont l'esprit nourri d'idéal grec cherchait dans la solitude de sa «petite chambre au quatrième étage du logis familial les formes, les groupements, les symboles nobles et purs sous lesquels son maître lui avait représenté le vague et divin rayon que les Dieux laissent tomber sur le front des peintres.
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En 1785, entrait à l'atelier de David un beau garçon de quatorze ans. Ce jeune homme, ou plutôt cet enfant bien pris dans sa petite taille, portait sur des épaules un peu tombantes une tète irréprochablement conformée, sous les proéminences frontales de laquelle deux yeux noirs bien fendus, caressants et veloutés, un peu timides, mais non pas irrésolus, flamboyaient d'intelligence. Le nez droit donnait à la physionomie une véritable noblesse, que la fermeté de la bouche aux lèvres un peu minces et l'arc des sourcils finement estompés accentuaient encore.
A l'allure de cet écolier, à sa démarche, à sa façon de prendre place, il était aisé de se rendre compte du terrible mélange de crainte et de bonheur auquel il était en proie, et du respect dont le pénétraient la majesté du lieu autant que la gloire du maître qui venait de consentir à le compter au nombre des humbles desservants d'un culte dont il était le grand-prêtre.
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Il trouvait plus d'agrément à dessiner qu'à peindre, je l'ai vu souvent se dépiter contre lui-même de ce qu'il ne pouvait point rendre en peinture, l'esprit et la vérité qu'il savait donner à son crayon.
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Mais Watteau avait vingt ans, il était poète, c'est-à-dire amoureux de tout ce qui est beau; et Paris fourmillait de belles femmes, de riches costumes, de riants aspects, de lointains vagues de carrefours animés de gaies perspectives, d'arbres touffus, de tout ce qu'il fallait enfin pour entretenir le monde de ses rêves, de ce monde que MM. de Concourt appellent si joliment « une Arcadie sourieuse, un Décaméron sentimental».
Il conservait, en outre, tout frais encore, le souvenir de la rude domination paternelle, que son « génie libre et volontaire » avait si impatiemment supportée, et dont il n'était affranchi qu'à peine.
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Vive tout ce qui est bon! Vive la paix, la douce paix; vive l'amour qui fait rire et ne tire que des larmes de joie, l'amour sans poisons ni poignards, l'amour tranquille, au carquois chargé de flèches parfumées, l'amour bon des bêtes, des gens et des dieux, l'amour du grand Pan qui fait que tout ce qui respire s'entr'aime et que le bonheur devient la règle de l'univers !
Voilà ce que pensait la France quand Watteau se mit à peindre; son génie est de l'avoir deviné, sa gloire est de l'avoir traduit.
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Delacroix sacrifia tout à son art. Il il eut d'autre préoccupation que lui. Son existence même lui fut offerte sans marchandage. «Pour avoir la tête plus lucide, dit M. Piesener, pour être plus propre au travail, il avait fini par supprimer le déjeuner et ne mangeait qu'une fois par jour. Les médecins l'avaient prévenu qu'il se tuerait. Il prétendait sentir mieux qu'eux ce qui lui convenait; s'il déjeunait il ne pouvait travailler et il ne pouvait se résoudre à cesser le travail.»
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C'est Delacroix lui-même qui va nous conter sa vie. Cette vie ainsi envisagée sera d'un grand enseignement surtout pour les artistes d'aujourd'hui, dont la majeure partie a perdu non seulement les traditions du grand art mais avec elles aussi la foi et les hautes vertus qui permettent de conserver, l'œil fixé sur le but, une impassibilité sereine, une attitude ferme et une marche droite au milieu des dégoûts, des chagrins, des impatiences, des désenchantements, et surtout des succès et des adulations qui, les uns comme les autres, sont les compagnons obligés d'une carrière artistique.
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Ce livre n'est ni une œuvre critique. ni une simple biographie; c'est un résume de la vie,des mœurs, des tendances, des impressions, des joies, des déboires, des efforts et des sentiments généraux du plus grand peintre de notre époque, d'un moderne, d'un admirable poète, d'un homme de génie enfin, homme dont la personnalité rayonnante illumine la première partie de ce siècle.
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Audran n'eut pas plutôt mis à l'essai le talent du Jeune homme qu'il sentit de quel précieux concours il lui serait. Aussi ne négligea-t-il rien pour se l'attacher, " Il lui rendit, dit Gersaint, la vie plus douce à proportion du bénéfice que ses ouvrages lui occasionnaient. "
Pour la première fois Watteau jouit chez ce brave homme d'un peu de bien être.
L'existence paraît lui avoir été facile, peut-être agréable pendant tout le temps qu'il habita le Luxembourg.
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Ce n'est du reste pas à ses compositions peintes, mais à ses lithographies et à ses caricatures que Decamps dut d'abord sa popularité. La caricature était en grande vogue à la fin de la Restauration et pendant les années qui suivirent immédiatement la révolution de 1830. Ce genre, qui relève de l'art, puisqu'il en emploie les moyens, est une arme plus encore qu'autre chose. Decamps mania d'emblée cette arme terrible avec une vigueur et une adresse qu'on n'a pas oubliées. Collaborateur du journal la Caricature, il se distingua entre Grandville et Charlet. Les caricatures de Decamps portent la marque du maître et n'affaiblissent pas son œuvre.
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Troyon, dit-il, a fait paraître dans ce grand paysage le sentiment large et fort d'un peintre qui connaît les animaux dans leur coloration, leur structure, leur caractère, en même temps qu'une préoccupation curieuse et presque dramatique de l'effet lumineux. Il a compris et exprimé, mieux qu'on ne l'avait fait encore, ces grandes plaines verdoyantes où les vaches disparaissent, cachées jusqu'au poitrail par les hautes herbes; les fraîches saveurs de la terre humectée par la pluie récente; ces lourds nuages chargés de grêle, et la vague inquiétude des bêtes craintives, et les angoisses de la nature entre deux orages. Qu'était-ce que ce tableau, sinon un grand spectacle, puissant, agité, plein d'émotion et de vie?
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Les artistes concurrents sont en loge : Prud'hon achève son tableau, quand il entend dans la cellule voisine des gémissements ; c'est un camarade incapable de terminer son œuvre, qui se désole et qui se plaint. Prud'hon fait sauter une partie de la cloison, prend les pinceaux abandonnés par son rival; il fait si bien que le prix échoit à celui-ci; mais le vainqueur déclare aussitôt à quelle aide il a dû son rang; c'est Prud'hon qui prendra sa place, c'est Prud'hon, porté en triomphe par ses camarades, qui partira pour Rome.
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Une seconde question préliminaire plus importante est celle de savoir si Philippe et Jean-Baptiste de Champaigne appartiennent à l'école flamande ou à l'école française. Tous deux sont nés à Bruxelles et ont appris de maîtres flamands les premiers éléments de leur art; mais tous deux ont quitté leur pays natal de fort bonne heure ; tous deux ont vécu en France, ont épousé des Françaises et sont morts à Paris.
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La peinture a cela de commun avec la poésie, et il semble qu'on ne s'en soit pas encore avisé, que toutes deux elles doivent être bene moratoe, il faut qu'elles aient des mœurs. Boucher ne s'en doute pas, il est toujours vicieux et n'attache jamais. Greuze est toujours honnête et la foule se presse autour de ses tableaux.
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Ainsi donc, qu'on se le dise dans les ateliers! trois francs la semaine et une soupe de charité, voilà ce que touchait Watteau. Voilà comment on payait son talent ; voilà le taux auquel on cotait son temps : trois francs par semaine ! pour peindre à jet continu saint Nicolas toujours, et parfois une Vieille d lunettes !
Eh ! je sais bien que Watteau ne fut pas le premier et ne sera pas le dernier homme de génie obligé, pour gagner son pain, de prostituer son intelligence et sa main..
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