Partout, sous la boue lugubre qui cachait des cadavres, poussèrent les premières fleurs du printemps: perce-neige, muguet, violette…
(p. 255)
Les trains ne circulaient plus. Tout était arrêté par la neige. La Gare du Nord avait été transformée par les miséreux qui étaient venus s'y abriter en une vraie cour des miracles. Sandora y passa l'hiver avec les loqueteux. Elle avait beaucoup maigri. Les prunelles de ses yeux s'étaient agrandies et avait pris une curieuse couleur blanchâtre, alors que son visage était devenu bleu. Sa poitrine était toujours gonflée et la toux la secouait impitoyablement. Une loqueteuse lui dit qu'elle souffrait de la fièvre rouge et essaya à plusieurs reprises de la soigner avec de la bouillie de farine de maïs chaude étalée sur la poitrine. C'est ainsi que Sandora réussit à tenir debout jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil commencent à faire fondre la neige.
Chanson
De moins en moins je plonge dans mon corps d’enfant,
que je tiens sous l’oreiller, endormi…
De plus en plus, je laisse tomber mon bras inutile,
les doigts à tâtons dans un conte de fées.
Et de plus en plus les heures me tirent la langue
en faisant crier un coucou de bois
qui annonce une nouvelle superstition
montée sur un cheval lui-même sur des échasses…
De moins en moins, au-dessus de moi,
flottent ces sourcils glacés, vers le sud,
qui par la pensée maintenaient de ma vie
dans les fils de la paresse…
Descends avec lenteur
de mon visage, comme un cerf-volant avec ses traînes,
et reste un moment accroché
entre les fils électriques…
(Adaptation libre d’Alain Bosquet du poème Cântec, p. 30)
Eu sunt puişor canar
ira ra,ha, ira ra,
prins în gratii
ca-ntr-un zar
de crud os,
din picior de tânăr scos.
Fă-mi loc, fă-mi loc,
zice gheara,
în inimă
eu să-ţi joc.
[...]
Ira ra, ha, ira ra!
mi-ar fi plăcut
să trăiesc,
dar zice gheara:
fă-mi loc, ăa-mi loc,
în inimă
eu să-ţi joc!