L'univers lui-même sembla s'ouvrir au)dessous elle, dans un éclatement de flammes, de bruit et d'écarlate, au-delà de la souffrance, au-delà de tout... puis, il n'y eut plus rien.
Sans les hommes, le village semblait ratatiné et irréel. Comme on se fatiguait de vivre avec des femmes et des enfants ! Mi serait si heureuse quand la guerre prendrait fin et que les jeunes gens reviendraient...
Elle rougit et se mit à rire de la hardiesse de ces pensées, peu convenables pour une jeune fille.
Quelle misère ! Quelle mélasse ! Et maintenant ? songeait Harry amèrement. Cette fille et ces trois gosses dont l'un était blessé et l'autre ne songeait qu'à lui faire sauter la cervelle - il en était responsable. C'était comme dans un livre sauf que rien de pareil n'était jamais arrivé dans un livre.
Harry soupira. Il imaginait très bien les réflexions es gars de sa compagnie s'ils le voyaient en ce moment. Ils déclareraient qu'il tait fou, complètement fou. Oui. Peut-être que c'était vrai. Il y avait des choses pires que d'être cinglé.
Il se mit à patauger, en essayant d'éviter le bruit. Quel pays ! Entre la boue, la puanteur, les moustiques et les sangsues... quel endroit insensé pour faire la guerre !
- Pour moi, ils sont tous pareils, marmonna Ton. Avec leurs longs nez et leurs yeux ronds. Comme de grands poissons pâles. Hung Ba les appelait des diables étrangers !
... un endroit si tranquille, cela n'était pas naturel... il n'y avait pas d'endroit tranquille au Vietnam.