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Citations de George Arion (59)


Ce dernier était assis dans un immense fauteuil, duquel il ne se leva pas, et il fit signe à Tchervenko de venir s’asseoir sur un siège à ses côtés. C’était une astuce enfantine dont ce grand gaillard, qui buvait du matin au soir et du soir au matin, ne se déprenait jamais : il désirait que son interlocuteur ne se sentît jamais à son aise. Par un simple détail, il voulait le dominer, le tenir sous son contrôle pour bien lui faire savoir qui des deux était le maître. À peu près en toutes circonstances, il utilisait les trucs les plus grossiers et les plus démagogiques : il pinçait les fesses des secrétaires, dansait en public comme un ours éméché, faisait des plaisanteries graveleuses, éclatant toujours de rire le premier.
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La toux discrète de son chauffeur avertit le chef du KGB qu’ils venaient d’arriver à destination. Ils se trouvaient dans la cour du Kremlin et la voiture était arrêtée en bas d’un escalier monumental. Tchervenko ne supportait pas qu’on se précipitât pour lui ouvrir la portière. Il était grand, bien fait, se déplaçait avec agilité malgré ses cinquante-cinq ans – il fréquentait régulièrement les courts de tennis et se rendait souvent à la piscine. Il ouvrit lui-même la portière et s’élança dans les escaliers. Un officier de service vint à sa rencontre, le salua et le conduisit directement auprès du Président.
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À la suite de cela, la Russie se dota d’un nouveau chef tandis que le vieux renard se mit à parcourir la planète, à donner des conférences, à créer une fondation pour accumuler l’argent reçu des grands de ce monde. D’aucuns avaient fini par soupçonner cet homme, arborant une tache sur son crâne immense, d’avoir été spécialement formé par des agences occidentales dans le seul but de faire tomber leur plus grand ennemi. Bref, un robot qui aurait exécuté à la perfection le rôle qui lui avait été confié avant de se retirer avec élégance, ovationné par les uns, mais incendié par une Nomenklatura privée de ses privilèges – en particulier les hauts gradés d’une armée qui avait perdu sa raison d’être, ou encore ces milliers de braves gens à qui, pendant des décennies, on avait inoculé l’idée qu’ils appartenaient à la nation la plus formidable de la planète et qui découvraient avec stupeur qu’ils avaient toujours eu une vie médiocre, vivant dans des logements de misère, sans jamais manger à leur faim, mal fagotés et ignorant ce qui se passait réellement au-delà des frontières de l’empire.
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Ce stratagème déclencha la chute du colosse appelé URSS. Par la suite, l’homme qui avait poussé le premier domino fit encore quelques étincelles qui lui assurèrent une bonne place sur la scène de l’Histoire. Il organisa même un coup d’État contre lui. Une trouvaille géniale !
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Plusieurs têtes étaient tombées à ce moment-là et l’équipe du Président avait été entièrement renouvelée. De nombreuses personnes avaient été promues à des fonctions importantes qu’elles détenaient encore aujourd’hui.
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La silhouette de la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux se découpa soudain dans la nuit. Dire que c’était dans cet étroit couloir, entre la cathédrale et la muraille du Kremlin, dans ce véritable trou de serrure, qu’un jeune pilote allemand – prétendument égaré – avait dû atterrir. Sur la place Rouge ! En plein cœur du monde communiste ! Même un enfant n’aurait jamais avalé une histoire pareille !
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Autrefois, de grandioses parades militaires se déroulaient sur cette place, ainsi que des feux d’artifices et de grandes cérémonies au cours desquelles des milliers de femmes et d’hommes, la poitrine bombée de fierté, célébraient le bonheur d’appartenir au peuple le plus puissant du monde, glorieux constructeur de la société la plus juste qui ait jamais existé. Aujourd’hui, même si ce lieu restait inchangé, une impression d’abandon et d’insécurité en suintait.
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La limousine longeait les murailles du Kremlin. De loin en loin étaient postées des sentinelles qui frappaient des pieds et des mains dans l’espoir de se réchauffer. Seuls, les soldats qui veillaient sur le mausolée de Lénine restaient de marbre.
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En pleine nuit, un appel téléphonique avait contrarié son intention d’aller se coucher et l’avait informé qu’il était convoqué le lendemain matin à huit heures chez le maître absolu de tous les Russes. Bien que l’ordre émanât d’un homme qui l’avait aidé à de nombreuses reprises et l’avait même nommé à son poste de chef du KGB, Mikhaïl Sergheevitch Tchervenko se sentait toujours écrasé, réduit aux dimensions d’un misérable insecte, à chaque fois que les yeux bleu clair de son supérieur se posaient sur lui.
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Le spectacle de cette ville à la grandeur déchue laissait indifférent l’homme assis à l’arrière d’une limousine noire, caché par de petits rideaux accrochés aux fenêtres. Le véhicule filait tel un bolide sur la voie réservée aux voitures officielles au milieu des larges artères.
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Dans la rue, on pouvait encore voir, accrochées entre deux lampadaires, des guirlandes d’ampoules colorées, tandis que les lumières anémiques des vitrines éclairaient des Pères Dugel – avatars communistes du Père Noël –, représentés sous toutes les formes possibles, fabriqués dans des matériaux bon marché, vestiges misérables des fêtes de fin d’année célébrées par un peuple affamé et encore tenu sous le joug de la terreur. Quelques publicités brillaient ça et là, invitant à la consommation de produits aux résonances étrangères – Levi Strauss, Kent ou Johnny Walker – mais rarement accessibles au citoyen lambda. Ils faisaient cependant les délices de ces nouveaux riches qui avaient bâti leur fortune à coup de contrebande, d’escroqueries, de vols et de crimes et qui allaient dans des restaurants les poches pleines de dollars et les dépensaient sans compter, avec la frénésie de quelqu’un à qui il ne resterait qu’un jour à vivre.
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Moscou, lundi 6 janvier 1992, 5h45

Les habitants de Moscou avançaient avec peine à travers des congères que les outillages vétustes ne parvenaient pas à déblayer. Ils étaient emmitouflés dans de lourds manteaux, et les languettes de leur chapka protégeaient leurs oreilles des griffes du vent. Avant d’enfiler leurs bottes ou leurs bottines, ils avaient soigneusement enveloppé leurs pieds dans du journal. Ces cohortes d’ombres avançaient avec difficulté vers leurs lieux de travail, après un sommeil court et agité dans des logements où ils avaient dormi les uns sur les autres.
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Je me sens épuisé. Les bruits commencent à s’atténuer. Je retombe dans cette nuit protectrice. Seul, le bip-bip aigu résonne encore quelques instants dans mes tympans.
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Une autre voix se fait alors entendre dans la pièce. Apparemment celle d’un homme âgé. On y sent toute la fatigue de quelqu’un parvenu au bout de ses forces.

– Ça suffit pour aujourd’hui !

Qu’est-ce qui suffit ? J’essaie de respirer plus profondément. L’air arrive jusqu’à moi par deux tubes enfoncés dans mes narines. Je l’inspire, visiblement, grâce à un masque à oxygène. Pourquoi ? Je prends conscience que mon bras gauche est immobilisé et qu’un objet pointu y est planté. L’aiguille d’une perfusion ! Je suis donc dans un lit d’hôpital ! J’ai déjà vu cette scène dans des dizaines de films : un homme entouré de gens en blouse blanche faisant tout leur possible pour le ramener à la vie, après un mauvais coup ou un accident. Comment en suis-je arrivé là ? Pourquoi ? Que m’est-il arrivé ? Et qui sont les gens qui s’agitent autour de moi ?
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– Comment t’appelles-tu ?

Comment je m’appelle ? Mes lèvres tentent d’articuler quelque chose. En vain. Aucun son n’en sort. Une avalanche de mots se précipite pourtant dans ma mémoire.

Je sais ce que signifient les mots « herbe », « ciel », « terre » et « eau », mais il m’est impossible de prononcer quoi que ce soit. Il règne dans ma tête un chaos proche sans doute de celui des origines du monde. C’est un tourbillon étourdissant de couleurs dans lequel je me suis réveillé d’un seul coup, arraché sans ménagement par une force invisible. Des visages défilent devant moi comme sur un écran géant. Des choses que j’ai vécues ou que d’autres m’ont racontées me reviennent à l’esprit à une vitesse vertigineuse. Ma tête se met à tourner. Je sens que je suis sur le point de perdre connaissance.
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Un faible bip-bip résonne non loin de moi. Le mécanisme d’un réveil ? Une sonnerie de téléphone ?

– Ça n’aura été qu’une impression de votre part !

C’est de nouveau la première voix – une voix sévère, celle d’un homme habitué à donner des ordres. Une voix que j’ai l’impression de reconnaître. Puis, la même question revient me remettre sens dessus dessous.
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Je reviens à moi ? Mais pourquoi reviendrais-je à moi ? Et d’où reviendrais-je ? Je n’ai jamais entendu cette voix. D’après son timbre, elle appartient à quelqu’un de doux et d’affectueux.

J’ouvre doucement les yeux, mais je ne vois rien. Quelque chose les recouvre. Un bandage ? J’essaie de bouger les doigts. Ma main ne rencontre qu’un tissu mou. Je suis étendu sur un lit. J’essaie de me relever, sans succès.
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La chambre blanche

Le réveil

– Comment t’appelles-tu ?

La voix qui s’adresse à moi résonne douloureusement à mes oreilles. Je me réveille de la torpeur dans laquelle je me trouvais comme au fond d’un gouffre. J’ai l’impression d’avoir habité sur une planète totalement silencieuse et d’entendre du bruit pour la première fois. On dirait que cela fait longtemps que quelqu’un ne s’est adressé à moi et que la membrane de mes tympans, devenue fragile, menace de se déchirer.

– Il a bougé ! s’écrie quelqu’un. Il revient à lui !
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Première chose à résoudre : me débarrasser du cadavre, au moins pendant quelques jours. Où pourrais-je le mettre ? Sur le balcon commun pour le séchage du linge ? Dans l’ascenseur ? La meilleure solution serait de le mettre à la cave. C’est l’endroit le plus frais et le moins fréquenté de l’immeuble ! Mais comment le transporter ? Tant pis, il me faut prendre le risque. J’attends que minuit sonne, attrape Valentin sous un bras et le traîne comme s’il était ivre mort. Je rentre si bien dans mon rôle que je lui fais même des reproches attendris sur le fait d’avoir encore à son âge un tel penchant pour ce genre de débauche.
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Je me propose de commencer en remettant un peu d’ordre. Comme le disait mon grand-père : « Maison ordonnée stimule la pensée. »
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