IX
Fermeté des caractères
Extrait 2
Les fruits que nous donnons dans la famille
sont renommés dans tout l’univers. Pensez : le
bigarreau ! Nous faisons le bigarreau blanc.
Et vous, monsieur mon voisin ?
— Moi, répondit le voisin d’un ton revêche,
moi, c’est la poire.
— Vraiment, la poire ! C’est très intéressant.
Vous n’avez pas de noyau, paraît-il ?
— Dieu merci, non ! Mais des pépins et
plus que je n’en voudrais. De la poire, j’en
donne, au besoin, à condition bien entendu,
qu’on ne me tourmente pas. S’ils me laissent
tranquille, ici, je ferai peut-être une ou deux
poires. S’ils me taillent, s’ils me tripotent, alors,
bernique. Je suis décidé fermement à n'en pas
ficher une secousse.
— Vous dites ?
— Une secousse.
— Ah ! Oui ? C’est très intéressant. Et
vous, le petit, là-bas ?
— Plaît-il ?
— Oui, vous ! Qu’est-ce que vous faites ?
L’arbre ainsi mis sur la sellette était un
petit pommier tout rabougri, tout chétif.
— Oh ! répondit-il à voix basse, moi, je
fais ce que je peux. …
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