Gerald Steinacher

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L'écrivain autrichien Martin Pollack explique de façon concise l'intérêt qu'il y a à méditer un passé historique reconstruit avec précision : "Nous ne pouvons aller au-devant des fantômes du passé sans transparence. Toute tentative visant à les évacuer, à les faire disparaître en gardant le silence, en fermant les yeux ou en se bouchant les oreilles est inévitablement vouée à l'échec."

Le changement dans la conception du monde survenu en seulement deux générations constitue peut être l'enseignement le plus frappant du livre.

En 1946, il s'installa à Tel Aviv où il ouvrit une joaillerie. Malgré son passé de collaborateur SS, on le laissa tranquille. Même Golda Meir, le futur premier ministre israélien, soutint que "du fait de ses mérites", il faillait qu'il pût rester en Israël. (p268)

Il semble être mort en 1964 dans des circonstances inhabituelles: les restes de l'ancien SS-Hauptsturmführer furent retrouvés dans un marécage infesté de crocodiles.

Je connais une petite auberge à Merano, dans le Tyrol italien, écrivait Simon Wiesenthal à ce sujet, et un autre endroit près du col de Résia, entre l'Autriche et l'Italie, où il est arrivé que des nazis et des Juifs passent la nuit, les premiers ignorant la présence des seconds. Les Juifs étaient logés à l'étage où on leur disait de rester immobiles, et les Nazis au rez-de-chaussée, avec pour recommandation de ne pas sortir.

(p.385)
Une société qui peut affronter les épisodes sombres de son histoire est capable d'en tirer les leçons, et ainsi de se ménager un avenir meilleur.

On ne serait ignorer le rôle des Alliés occidentaux, et particulièrement celui des services de renseignements américains dans l'assistance apportée aux réfugiés entachés d'un passé nazi et le recyclage des agents SS au début de la guerre froide.

Pendant la guerre, non seulement le Comité international de la Croix-Rouge se montra incapable de dénoncer l'Holocauste, mais en Hongrie il fit la preuve que l'on pouvait trouver des moyens d'éviter des crimes.

Pour ceux qui franchissait illégalement la frontière, le Haut-Adige représentait la première halte en Italie. Les réfugiés germanophones en particulier y trouvaient généralement un accueil chaleureux.

Le prêtre Philipp Haüser, nazi convaincu et confident d'Hitler, fut l'un des invités d'honneur du congrès de Nuremberg. Il reçut une médaille d'argent des mains mêmes du Führer.