Vous n’avez probablement jamais entendu parler de M. Homma. Pourtant, dans la galerie des grands financiers, des Rothschild à Warren Buffett, il mériterait bien d’avoir son portrait. Issu d’une riche famille de négociants et propriétaires terriens vivant au milieu des rizières, il est naturellement appelé à s’intéresser au commerce du riz, alors en pleine expansion. Pendant longtemps, le Japon a connu une multitude de marchés où l’on achetait et vendait le riz « physique » ; puis, certains seigneurs locaux, rencontrant quelques problèmes dans la gestion de leur domaine, ont été amenés à hypothéquer les récoltes futures ; alors, à Osaka, déjà le plus important marché au comptant, s’ouvrit un marché à terme où l’on échangeait des coupons représentatifs de quantités de riz devant être livrées à des dates déterminées. Le marché du « riz papier » était né. M. Homma, qui s’y intéressait beaucoup, et avec succès, réunit dans deux ouvrages les principales réflexions que lui inspirait sa longue expérience. Il développa notamment une thèse d’une grande modernité sur le rôle majeur joué par la psychologie des opérateurs dans le processus de formation des prix. Ce fut lui aussi, et surtout, qui inventa les fameuses bougies japonaises (ou chandeliers) destinées à représenter graphiquement l’évolution des cours en Bourse. Selon la légende, il réalisa un jour 100 opérations financières qui furent toutes gagnantes ! Et, toujours selon la légende, M. Homma était devenu l’homme le plus riche du Japon.