Les sculptures de Giacometti sont des fantômes pris dans le plâtre. […] Ces hommes sans attributs ni costumes, ces femmes dénuées de tout artifice ont un pouvoir étonnant sur la prose de Jean Genet. Intimidé par ces statues qui font d’un atelier un temple, son style un peu chochotte est pour une fois débarrassé de ses habituelles joliesses et du parler trop fleuri de ses truands à l’eau de rose. Impossible, avoue-t-il lui-même, de dire de « gentilles conneries » devant ces momies debout, enveloppées dans la poussière du temps. (p. 99-100)