Il a fondé cet Ordre et il en a commencé l'organisation, mais, dans la construction de son Temple, il a érigé les étages supérieurs avant que la base ne fût consolidée. Il a créé et muni d'instructions fragmentaires les grades inférieurs et moyens qui devaient former la pépinière où seraient choisis les élus de la classe suprême, dite des Réau-Croix. Il a mis quelques-uns de ceux-ci sur la voie des grandes opérations théurgiques et leurs travaux évocatoires ont eu des résultats, mais d'un genre élémentaire. Puis, l'Ordre a sombré avant d'avoir été pleinement constitué et la grande oeuvre : l'évocation du Christ, n'a pas même été entreprise.
En premier lieu, se pose la question de la portée de l'activité initiatrice de Martines : son Ordre des Elus Coens, actuellement sombré dans un oubli presque absolu, a-t-il existé en vain ? La réponse du lecteur dépendra de sa propre attitude devant le Mystère. Mais si l'on a la volonté d'envisager les choses d'une façon objective et impartiale, il apparaît hors de doute que cet Ordre mérite le respect et la considération de tout esprit jugeant sainement.
La figure de Martines passe dans l'histoire de l'occulte comme la vision rapide d'une lueur aperçue dans une glace. L'abbé Fournié, Jean-Baptiste Willermoz, -Claude de Saint-Martin, trois de ses disciples directs, qui ont mené quelque temps vie commune avec lui, ont réfléchi dans leurs oeuvres la prestigieuse impression que la volonté, la passion, la puissance de cet homme ont laissée dans leur âme.