Sur la plaine, les brumes du soir sortent de terre. D’abord de minces filaments translucides, puis des écharpes d’une soie légère, puis des voiles pesants.
Se plier aux caprices de la nature, supporter ses sautes d’humeurs, lui rendre ses largesses et rire de ses excès, tel est le crédo du pèlerin solitaire. Main dans la main avec le temps qu’il fait, il avance à son rythme, ne quittant pas son but des yeux. Que tombe la pluie ou tonne l’orage, la route luit telle une page blanche.
Le chasse-humanité passe à grande vitesse dans le vacarme des chaînes qui enserrent les roues, faire place pour que circule sans encombre sur la grande route les forces vives et productrices. Il rejette sur les bas-côtés les corps abîmés, les inadaptés, les réfractaires, les contestataires.
La noirceur du monde, des gens, des dirigeants, et ça me confortait dans l’idée que décidément la liberté n’était qu’un concept philosophique qui ne trouverait jamais sa place dans cette humanité.
Herbe folle, je fleuris quand et où je veux dans cette humanité calibrée, encadrée, structurée et vide de sens.
Pour vivre en Russie il est impératif d’accéder à cet état d’esprit, trouver la vie instinctive, ne se préoccuper que de la jouissance au présent […] La Russie ne supporte pas les contemplatif
L’humanité des villes s’invente un modèle unique, l’originalité et la spécificité s’estompent et s’efface devant un code mondialement reconnu et qui s’impose inexorablement.
Nous sommes tous des prisonniers, emmurés dans nos existences.
Dès l’instant où tu nais, tu meurs à la liberté.