La SS louait les déportés "entre 4 et 6 Reichsmarks (RM) par jour. Il a été calculé qu'un déporté coûtait 0,60 RM en nourriture et 0,10 RM en amortissement de vêtements, ce qui, pour une durée moyenne de vie de neuf mois, rapportait 1 431 RM. Si on multiplie par le nombre de déportés, on mesure l'immensité des bénéfices engrangés. Cette main-d'oeuvre était rentable pour l'Etat qui touchait un impôt de 0,30 RM par jour et par détenu. Elle était rentable également pour les industries privées qui amassèrent d'énormes profits". Les déportés remplacent ainsi les salariés.
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La résistance du camp favorise le développement de l'expression artistique, en tant qu'élément de soutien moral, individuel et collectif.[...] Au sein de cette jungle humaine d'êtres affamés et en souffrance où il faut éviter SS, bandits, et déjouer les faux résistants et mouchards, elle assure elle-même le ravitaillement en crayons et papiers... pour les dessinateurs, et parfois en métal pour Pierre (Provost). Certaines médailles, commandées par la résistance, ont été décernées nominalement au camp, en "reconnaissance d'actions de solidarité".
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La Ballade des Tordus :
De tous les coins de France, ils sont venus :
Paysans, métallos, apothicaires,
Le bouseux donnant le bras au notaire,
Le crève-la-faim aux côtés des repus.
En arrivant, ils furent tous tondus,
Astiqués, brillants tels des luminaires ;
Puis de guenilles, ils furent vêtus,
Attendant d'être habillés d'un suaire.
J. Pigé, 26.01.1945, BFAL, groupe Provost.
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