Giulia Sissa

Dans "L'Illiade" d'Homère les Dieux interviennent dans le conflit qui oppose les Grecs aux Troyens, allant même jusqu'à user de ruse afin de favoriser leur camp. Les Dieux Grecs étaient donc impliqués dans le quotidien des hommes. Chaque cité avaient ses autels et ses sanctuaires où se tenaient des sacrifices et des fêtes. Athéna était devenue la protectrice d'Athènes. Les Dieux étaient si présents dans la société des hommes que l'impiété pouvait être punie de mort.

Spécialiste de la pensée grecque , Giulia SISSA mobilise la philosophie antique et médiévale pour comprendre un problème contemporain , celui de la drogue qui engendre une accoutumance parfois mortelle . Pour ce faire , elle cite les auteurs grecs les plus emblématiques : Sophocle ( Oedipe-Roi ) , Homère ( l'Illiade ) , etc...

Réciproquement , elle se sert des témoignages d'écrivains modernes et contemporains qui ont puisé dans la drogue une bonne part de leur inspiration ( Baudelaire , Thomas de Quincey , ...) , aboutissant ainsi à une histoire de la jouissance .

Là encore un ouvrage remarquable à conseiller à tout étudiant en droit qui a choisi un cours de droit romain.

L'auteur était un grand spécialiste de l'Antiquité, professeur agrégé il enseignait à Nanterre U, fin des années 70 début 80.

Les étudiants ne boudaient pas ses cours, bien que peu nombreux à avoir choisi cette UV, on dit UE maintenant...

Je crois.

"Le sexe nous intéresse toujours" , "L'amour nous intéresse toujours" car il est érotique, sensuel et tendre, affirme Giulia Sissa (professeur, d'origine italienne, "de théorie politique et de civilisations de l'Antiquité à l'UCLA en Californie, chercheuse au CNRS", écrivaine qui a déjà publié Le plaisir et le Mal, Philosophie de la drogue et L'Âme est un corps de femme) tout en faisant référence à la "culture érotique des Anciens.

L'Homo sapiens ne le représentait-il pas à travers les peintures rupestres?

Qu'en est-il aujourd'hui où l'amour se nimbe de liberté sexuelle,de conseils psychanalytiques?

Il faut repenser la sexualité en tant "qu'expérience esthétique", il faut être à la fois "égoïste" et "altruiste" pour jouir et faire jouir l'autre.

Retours sur la Grèce antique où Eros était roi, sur la mythologie où "les hommes et les dieux masculins étaient dominés part la passion", sur l'Odyssée où Pénélope la fidèle est une "femme irrésolue", sur "la poésie lyrique" qui argumente et espère un possible rapprochement, sur les Romains dont l'histoire politique est "largement concernée par le sexe".

"Le désir cherche le désir de l'autre", il passe par la parole, le désir est différent du plaisir,il joue un rôle primordial en littérature,son origine "se déplace sur le sujet qui l'éprouve" et il est engendré par les sens selon les Platoniciens, il s'associe au déplaisir.

"Le plaisir grec est douceur", il nait parfois entre hommes mais il est sujet à controverses,il se soucie ou non de l'autre.

Le corps différe selon les sexes, érection masculine, sensualité féminine, pédérastie; le corps "est désirant", les relations sont différentes, il est "un objet qui se constitue en modèle", un point fort de "la culture érotique "des Anciens...

L'amour s'apprend, il peut être cruel, "l'art doit gouverner l'amour", "l'art d'aimer" n'est en rien un "badinage hédoniste et superficiel", l'amour rend parfois aveugle, "l'amour est une illusion d'optique cultivée", il est "un jeu théâtral" selon Ovide, les causes en sont multiples,il a pris un autre tournant avec l'arrivée du christianisme...

Emaillé de nombreuses références philosophiques,Platon,Michel de Foucault, Socrate,Ovide.. d'anecdotes issues du passé (les aventures d'Ulysse, Phèdre et le banquet, l'intrigue des Thesmophories, l'histoire d'Oreste, le récit d'Achille caché sur l'île de Scyros..) cet essai Sexe et sensualité, la culture érotique des anciens est un ouvrage intéressant,richement documenté facile d'accés qui fait un tour d'horizon complet du désir,de la sensualité,du plaisir,de l'amour et du corps désirant, "voyage à Cythère avec un bon guide amoureux".

Un ouvrage alerte, écrit à la première personne et sans la moindre lourdeur académique.
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La jalousie n'a pas toujours été cette passion nuisible qu'il est de bon ton de déconsidérer. C'est ce que rappelle Giulia Sissa dans un essai passionnant et résolument à contre-courant des modes actuelles.
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L'enjeu, selon Giulia Sissa, est clair: si nous apprenons à transformer le sexe en sensualité, alors disparaîtra ce qui nous paralyse, c'est-à-dire la peur d'apprendre à aimer vraiment. Or, si nous voulons que l'amour dure un peu plus de trois ans, si l'on veut aimer dans le temps, il faut apprendre à faire de l'amour un art et non une simple émotion.
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