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Citation de santorin


Vers la tombée du jour, au milieu de la grand'rue l'odeur putride de la marée se heurte au parfum de fleur d'oranger, ténu, acidulé, semblable presque à celui du muguet ; la brise marine se dissout dans la poussière du sirocco arrivant des Terres Rouges - rouges exactement comme la toison du lion - où les vignes donnent un vin de feu.
Alors les femmes du peuple se montrent aux portes des bassi, au niveau de la rue ; elles ouvrent les yeux comme si elles s'éveillaient. Elles soulèvent les rideaux de leurs paupières sur leurs yeux dolents et indolents, emplis d'une obscurité où tremble une flamme jaune, de rêves aussi indéchiffrables que ceux des animaux ; si quelqu'un les appelle de l'intérieur elles répondent, en ployant le cou, d'une voix qui se souvient des complaintes funèbres. Plus haut les balcons éclosent ; les dames font leur apparition ; elles se saluent et discutent d'un balcon à l'autre, monotones, intarissables. Mais lorsqu'elles s'accoudent à la balustrade elles tiennent leur corps en retrait ; si elles s'assoient, avant toute chose elles ordonnent leur robe sur leurs bottines par crainte de ceux qui, passant dans la rue, pourraient lever les yeux. Celles qui se trouvent aux balcons pourvus de balustrades arrondies doivent y veiller particulièrement ; on ne voit jamais l'une d'elles poser par distraction un pied sur les ferronneries.
C'est à cette heure que vivent les femmes de Megara, entre le déclin du jour et le soir, comme les liserons qui s'épanouissent au crépuscule.
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