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EAN : 9782070722624
203 pages
Gallimard (15/05/1991)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Gallimard, 11.5*19 cm, 203 pages.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Incroyable de voir un si beau livre avoir si peu de lecteurs sur Babelio! Que ma critique soit un appel au plus grand nombre! LISEZ BORGES & si vous êtes friand de nouvelles, voila le recueil qu'il vous faut lire! 10 pages par nouvelle , c'est réglé comme du papier à musique ( exercice de style sans doute) et une si belle écriture au service de belles histoires de femmes ( et d'hommes bien sur) .....Un faible pour "Valencia"....Allez ,hate de lire vos critiques sur Babelio!!!
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Giuseppe Antonio Borgese (1882 - 1952) est un poète, romancier, nouvelliste, dramaturge et critique italien. Antifasciste virulent opposé au marxisme, il est aussi par son mariage avec Elisabeth Mann, le gendre de l'écrivain Thomas Mann. Les Belles, un recueil de dix-huit nouvelles datant de 1927, vient d'être réédité.
Amours, passions, hommes et femmes pris dans ces liens qui depuis toujours les unissent et/ou les séparent. Une femme se suicide par jalousie tandis qu'ailleurs, pour la même raison, c'est un homme qui épie sans relâche les moindres regards de son épouse ; pour une qui profite de l'absence de son mari pour tenter de retrouver un homme qu'elle connait à peine, c'est un autre qui souffre d'une épouse tyrannique. le temps passe plus vite qu'on ne l'imagine, un homme aujourd'hui établi croise le premier amour de sa jeunesse, ou plus étrange, un autre qui tombe amoureux des mains d'une inconnue.
De beaux portraits de femmes qui le plus souvent doivent faire avec ou contre les règles de l'époque quand famille et société corsetaient les élans du coeur. On peut trouver des points communs ou un fil rouge entre toutes ces nouvelles tournant autour des jeux de l'amour et du hasard, mais le plus évident et le plus frappant, c'est l'écriture de Borgese. Une langue magnifique, toute de mélancolie, de pudeur pour évoquer des sentiments forts bien que délicatement dits, la lecture se poursuit comme dans un nuage et c'est très beau.
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C'est un ami libraire qui m'a offert ce recueil il y a quinze ans. Intérieurement, j'avais un peu fait la grimace, parce que je n'aime pas les nouvelles. Quelle erreur! Ce sont des portraits de femme magnifiques, écrits dans une langue admirable, à la fois sobre et voluptueuse.
J'ignore pourquoi Giuseppe Borgese est si peu connu aujourd'hui. Son parcours est pourtant admirable. Critique, essayiste, romancier et nouvelliste, c'est un des rares professeurs d'université à avoir refusé de prêter serment de fidélité au régime fasciste. Il en a subi les conséquences en s'exilant aux Etats-Unis jusqu'à la fin de la guerre.
Lisez les citations et vous comprendrez pourquoi j'ai été immédiatement conquise, et pourquoi je ne cesse d'offrir ce livre depuis.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Septembre est déjà avancé. Hier soir, de ma fenêtre, j'ai vu de bonne heure la poussière de diamant des Pléiades ; et même de jour, le ciel a je ne sais quelle moiteur, quelle morbidesse de ciel étoilé...
Les herbes ,à peine coupées, pâlissent. Elles gisent, revêtues de nuances exsangues, sur le vert dense qui dure encore ; crêtes pâles d'une mer intense. Et elles exhalent dans l'air un encens, auquel, déjà débordant de félicité, je résiste à grand peine.
Particulièrement incroyables à voir sont les colchiques, les vieillottes ; chacune pour soi, et elles sortent de terre sans leur vêtement de feuilles, fleurs nues ; mais, dans certaines clairières, innombrables ; mauves constellations dans un ciel d'autres mondes. Tantôt elles semblent des églantines ainsi tombées des haies ; tantôt ce sont des améthystes. Si l'on cligne des yeux, on dirait parfois qu'elles courent, courent sur des pieds mignons de Cendrillons. Quand la faux les atteint, elle tombent en avant : onze mille vierges massacrées.
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Vers la tombée du jour, au milieu de la grand'rue l'odeur putride de la marée se heurte au parfum de fleur d'oranger, ténu, acidulé, semblable presque à celui du muguet ; la brise marine se dissout dans la poussière du sirocco arrivant des Terres Rouges - rouges exactement comme la toison du lion - où les vignes donnent un vin de feu.
Alors les femmes du peuple se montrent aux portes des bassi, au niveau de la rue ; elles ouvrent les yeux comme si elles s'éveillaient. Elles soulèvent les rideaux de leurs paupières sur leurs yeux dolents et indolents, emplis d'une obscurité où tremble une flamme jaune, de rêves aussi indéchiffrables que ceux des animaux ; si quelqu'un les appelle de l'intérieur elles répondent, en ployant le cou, d'une voix qui se souvient des complaintes funèbres. Plus haut les balcons éclosent ; les dames font leur apparition ; elles se saluent et discutent d'un balcon à l'autre, monotones, intarissables. Mais lorsqu'elles s'accoudent à la balustrade elles tiennent leur corps en retrait ; si elles s'assoient, avant toute chose elles ordonnent leur robe sur leurs bottines par crainte de ceux qui, passant dans la rue, pourraient lever les yeux. Celles qui se trouvent aux balcons pourvus de balustrades arrondies doivent y veiller particulièrement ; on ne voit jamais l'une d'elles poser par distraction un pied sur les ferronneries.
C'est à cette heure que vivent les femmes de Megara, entre le déclin du jour et le soir, comme les liserons qui s'épanouissent au crépuscule.
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Elle était florissante et saine, d'une beauté qu'on eût dite pétrie par le Créateur dans un moment de hâtive gaieté. Il n'était pas une ligne de son visage qu'on pût considérer comme achevée et parfaite ; ses cheveux sombres, foisonnants, et gonflés au sommet, lui donnaient une allure peuple qu'elle exagérait avec une écharpe jetée sur les épaules ; et son corps lui aussi, haut et plein, quoique bien cambré sur des chevilles nerveuses, était trop prometteur. Ses joues étaient trop amples, son menton trop énergique, sauf quand venait les parfaire un sourire ; et son teint mat de brune besoin de passion ou d'alacrité pour briller. Je ne l'ai pas vue souvent sourire ; mais, si elle ne souriait pas, elle avait fréquemment une expression de curieuse taquinerie, de puéril caprice, d'une grâce égale au sourire. Et ses dents, ses yeux resplendissaient ; son regard était si électrique et si fort, qu'il semblait captiver les yeux même dont il émanait !
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Une imagination inquiète, ce soir-là sur l'Alcione, avait gravé un roman dans son esprit, comme une ombre monstrueuse sur un mur. Cette même imagination freinée par la prudence, guidée par l'espoir, pouvait le conduire à une vérité insignifiante. Le regard de Vittorio, la fixité de sa femme étaient indubitables...
Lorsque l'âme se trouve prise dans de tels lacs on voudrait que toute chose fût traduite en paroles ; en paroles qui peuvent être brutales, meurtrières, mais qui ont du moins un sens précis. Les regards des yeux sont au contraire comme la musique, qui émeut les coeurs, mais qu'on ne peut traduire en mots précis.
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"A Mégara onmet encore des oeillets au balcon, et les femmes portent des robes longues ; c'est pour cette raison que la simple vision d'une cheville fait littéralement trembler les jeunes gens. Mais ceci arrive rarement, car elles sont prudentes et surveillées ; et elles se surveillent elles-mêmes; et s'il pleut, elles préfèrent rentrer à la maison avec l'ourlet de leur robe maculé de boue que d'avoir les bas mordus par des regards chauds comme des baisers."

"Je ne crois pas avoir jamais vu femme aussi belle. On ne voyait rien d'elle, que son visage. Les femmes d'alors n'étaient pas comme celles d'aujourd'hui, qui ressemblent à des fruits nus au milieu du feuillage."

"Et son visage était incomparable : nez droit, lèvres pures, des yeux dont je ne saurais plus dire s'ils étaient d'un bleu paisible, ou gris comme la cendre couvrant un feu caché."
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