Grégoire Brainin dit Moineau, poète, théâtre portable
Ils n'avaient plus quà regagner la terre.
Mais comment allaient-ils la retrouver ? ...
L'homme vit dans l'insouciance.
Il ne songe pas à sa fin.
Pour proche qu'elle soit, elle lui donne le temps de commettre les pires excès ...
Mais les hommes sauront-ils jamais tirer d'utiles leçons de l'expérience ?
Quatre guerres en quatre générations n'avaient pas suffi à calmer leur ardeur belliqueuse.
Ils ne reconnaissaient qu'à la guerre le pouvoir de régler les conflits.
Ils étaient restés aveugles et fanatiques ...
Il me regarda de ses grands yeux étonnés. L'ennemi, un frère ? Bien sûr, il ne pouvait pas comprendre. Il était bien trop jeune pour admirer la beauté de ce précepte : " Aimez-vous les unes les autres." Comment pouvait-il savoir que, quel que soit l'endroit ou l'on est né, quelle que soit l'enveloppe qui nous recouvre, nous avons tous un coeur qui bat de la même façon, des êtres chers que nous aimons, et, pour nous permettre de jouir de tout cela, la paix est bien plus efficace que la guerre. La paix conserve notre bonheur ; la guerre le détruit.
- Toi, Schneider, tu le sais, que j'ai tué au moins deux cents types. Des innocents. Pourquoi ? A cause de l'alcool ! Et pour ces conneries de médailles !... Oui, je les ai achetées... avec le sang des autres, avec le sang de deux cents types tués à coup de grenades, trois jours avant la fin de cette sale guerre. A cause de moi !
Et je gueulai plus fort encore :
- A cause de vous ! Je suis désormais un assassin !
- Non, interrompit quelqu'un, t'es un héros, David !
- Aujourd'hui, ces deux mots se valent.
Si le bon Dieu faisait un inventaire, que trouverait-il sur la terre ?
Des milliardaires, des mercenaires, des juges, des avocats.
Les uns pour faire vivre les autres, n'est ce pas ?
Ceux qui font la guerre et ceux qui ne la font pas
Mais qui la font faire, puisque ce ne sont pas eux qui meurent là-bas !
Ainsi, le monde poursuit sa ronde vagabonde. Alors, ne vous étonnez pas si, de votre illogisme.
Le bon Dieu ne s'en occupe pas !...
On ne laboure pas les champs avec le sang des hommes.