Une fois de plus, dans sa folie meurtrière, l'homme a joué à l'apprenti sorcier.
L'esprit de conquête, le besoin d'espace et la défense des droits commerciaux avaient allumé la guerre.
Et la première bombe protonienne, larguée par l'aviateur américain Stim Whit, est tombée sur les territoires occidentaux.
L'explosion, provoquant un immense dégagement d'énergie, a entraîné un réchauffement de l'atmosphère et la fonte des glaces polaires.
Le niveau de la mer a monté.
Et la face du monde en est changée.
L'homme se retrouve coincé comme un rat entre la montée des eaux et des territoires qu'il a lui-même rendus impropres à la vie.
La seule solution serait peut-être de faire basculer la terre ?
Par une nouvelle explosion ?
Le professeur Evens est persuadé que le temps alors s'arrêterait ...
"
Et le temps s'arrêtera" n'est pas un roman de science-fiction comme les autres.
Il occupe une place bien spéciale dans le genre.
D'abord par le flou qui plane au dessus du nom de ses deux auteurs :
Gregoire Brainin et
Henri Keller.
Qui sont-ils vraiment ?
L'un est-il le poète renommé et l'autre un anarchiste oublié ?
Ces deux noms ne sont-ils que deux pseudonymes ?
Ce qui est sûr c'est qu'une dédicace signée
Grégoire Brainin sur la page de garde de mon exemplaire présente ce roman comme "un rêve de poète" ...
Le récit, au rythme des explosions protonienne, est mené tambour battant.
Il est le support d'une pensée philosophique et scientifique loufoque.
C'est un livre farfelu, un peu fou, qui ne manque pourtant pas d'un certain charme.
C'est un livre profondément pacifiste et froncièrement pessimiste.
C'est aussi un violent pamphlet contre l'arme nucléaire.
Il est riche en péripéties originales, inattendues et totalement invraisemblables.
Tout au long de son récit, il oscille entre le roman populaire et la fable métaphysique fumeuse.
Les deux auteurs,
Grégoire Brainin et
Henri Keller, ne manquent pourtant d'ambition puisque l'épilogue de leur roman n'est rien de moins que la réécriture en quelques lignes de l'histoire de la genèse.
Mais le lecteur que je suis, gros-Jean comme devant, ne saura peut-être jamais s'il s'agit là d'un trait d'esprit ou d'une poussée de mysticisme ubuesque.
Le livre, édité dans une collection éphémère et oubliée, est en tout cas une curiosité ...