Billet rédigé dans le cadre de Masse Critique. Merci aux Editions « Le Verger » et à Babelio.
Paru dans la collection « Les enquêtes rhénanes » « L’avalanche » est un polar dont l’action se situe dans les Vosges.
Le corps d’un homme est retrouvé après avoir été emporté par une avalanche. C’est un skieur expérimenté et prudent, et sa mort suscite des interrogations chez son vieil ami, amoureux des cimes et de son chat. Celui-ci va se mettre à enquêter auprès de l’entourage du défunt, en particulier de sa veuve, pour résoudre le mystère.
Voilà, en quelques mots simples, l’objet du roman de Grégoire Gauchet.
Si vous êtes un lecteur aguerri de polars, passez votre chemin : l’intrigue est on ne peut plus classique, pour ne pas dire simpliste. Moi qui ne suis qu’une lectrice occasionnelle de romans policiers, j’ai résolu l’enquête au bout de trente pages environ. Il faut bien le dire, le scénario a dû être utilisé une centaine de fois dans la littérature, le cinéma ou les téléfilms.
Lorsque ce cas de figure survient, que vous ne pouvez plus espérer être tenu en haleine par l’intrigue, il ne vous reste que la solution de vous raccrocher au style pour avoir envie d’aller jusqu’au bout sans sauter des pages. Ce roman n’en comptant à peine plus de cent, et par respect pour le challenge de Masse Critique, j’ai lu l’ouvrage dans sa totalité. Malheureusement, le style n’a la plupart du temps aucun relief, si je peux me permettre d’utiliser cette image pour évoquer une intrigue montagnarde.
Les chapitres s’enchainent avec mollesse, n’offrant que peu d’intérêt. La faiblesse principale tient dans la psychologie des personnages, pour le moins sommaire. Chacun possède une ou deux caractéristiques qui seront exploitées tout au long du récit. Pas de place pour le gris, chacun est blanc ou noir, gentil ou méchant. Ils parlent une langue attendue, proprette, académique, même lorsqu’ils sont en colère. Tout repose sur ce qui est censé être un méga coup de théâtre final, mais le hic est qu’on le devine très vite.
Le style est bourré de formules qui frisent le cliché. Exemple, dans la bouche du héros misogyne :
« Les femmes sont toutes les mêmes, des créatures du diable », ou « des créatures faibles », axiome qui va être exprimé à foison tout au long du récit. Le regard se « plante » dans les yeux de l’autre, une fille a l’air « incroyablement frêle » ou « incroyablement romantique », les lieux communs se succèdent avec une langueur monotone. Aucun personnage n’est franchement sympathique ou antipathique, ou, ce qui aurait été davantage intéressant, complexe, étrange, dérangeant. On ne peut pas dire que c’est mal écrit, ou bâclé, mais cela m’a semblé très convenu.
Pourtant, et heureusement, certaines sont pages sont très réussies. Lorsque l’auteur décrit le décor qu’à l’évidence il aime passionnément, à savoir les paysages de montagne, les variations de couleurs de la neige, du ciel, nous raconte les arbres, les animaux, le bonheur que l’on peut éprouver à se promener seul dans une nature fascinante parce que belle et dangereuse, il trouve enfin un style convaincant qui emporte notre adhésion. Il sait choisir des mots percutants lorsque l’avalanche se déclenche, nous fait entendre les craquements, les déchirures, nous effraie par la violence qui s’exprime avec fracas. Enfin sa petite musique personnelle se met à résonner, sans clichés ou formules usées. Le vocabulaire est précis, technique, éloquent.
Le livre aurait été tout autre s’il avait pu trouver la même maîtrise dans le déroulement de l’intrigue policière. Ici, c’est presque comme si nous nous trouvions en présence de deux œuvres distinctes : une banale énigme policière peu palpitante et l’expression d’une passion pour une région captivante.
Je pense donc que Grégoire Gauchet possède un certain talent mais devrait se montrer plus rigoureux dans l’élaboration de ses intrigues policières. Ayant fait un tour sur son site web, j’ai noté qu’il avait déjà publié quatre polars et un livre sur le ski en montagne. N’ayant pas lu d’autres polars de sa plume, je ne les commenterai pas, mais nul doute que le second vaut le détour pour les amoureux de ce sport.
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