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Citation de mandarine43


Extrait de l'introduction de Piero Toffano

Ceci n'est pas un conte sentimental
Lorsqu'il écrit "Un cœur simple" (entre avril et août 1876), Flaubert se trouve dans un état de prostration ex­trême et traverse l'un des pires moments de sa vie : un an plus tôt, avait éclaté au grand jour la désastreuse si­tuation financière d'Ernest Commanville, mari de sa nièce Caroline qu'il chérissait, auquel l'écrivain avait confié, tant par paresse que par désintérêt, l'entière gestion de son patrimoine. Afin d'éviter à Commanville une faillite humiliante, Flaubert est contraint de vendre les propriétés héritées de ses parents. Et, après une existence à l'abri de tout embarras d'argent, voici qu'il risque de passer ses dernières années dans un état proche de l'indigence. Même la maison de Croisset, où il vit et travaille depuis 1846, se trouve menacée.
Si l'on considère que, pour Flaubert, c'est là le dernier d'une série de récents traumatismes, sur les plans privé et public (en 1869, la mort de Bouilhet, son plus fidèle ami ; la mort de sa mère en 1872 ; la défaite de la France suivie de l'occupation militaire de Rouen par 1 armée prussienne, et la Commune de Paris en 1870 et 1871), on comprend aisément qu'il soit arrivé à douter de pouvoir écrire encore : «Pour faire de l'art, il faut avoir un insouci des choses matérielles, qui va me manquer désormais ! Mon cerveau est surchargé par des préoccupations basses. Je me sens déchu ! enfin, votre ami est un homme fini» (lettre à Léonie Brainne du 2 octobre 1875). Pour se rassurer, il abandonne le pénible travail d'écriture de Bouvard et Pécuchet et il se met à écrire «un petit conte pour voir», dit-il, «si je suis encore capable de faire une phrase» (lettre à Edmond Laporte datée du même jour). Le récit qu'il avait alors commencé, La légende de saint Julien l'Hospitalier, est un projet assez rapide à réaliser. Flaubert y avait songé en diverses occasions au cours des années précédentes. Il avait déjà lu et recueilli pour l'essentiel les matériaux nécessaires. Aussi, La légende de saint Julien achevée, entreprend-il un deuxième conte, Un cœur simple, qui n'exige pas non plus une longue préparation, puisqu'il se situe dans une Normandie provinciale que Flaubert connaît fort bien, chargée pour lui de nombreux souvenirs liés à son enfance et à son adolescence, ainsi qu'à des membres de sa famille maternelle. De nouveau lancé, il pourra désormais affronter et mener à bien la rédaction d'Hérodias, le dernier des Trois contes, qui nécessitait en revanche de nombreuses recherches, à la Bibliothèque Nationale de Paris, sur la Judée au temps de Jésus.
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